Pour une fois que Sean ne travaillait pas un samedi et que nous pouvions sortir tous les deux, j’étais en retard. Il fallait dire que le rédacteur en chef du journal pour lequel je travaillais ne m’avait pas lâché de la semaine. J’avais un article à lui rendre le vendredi qui devait paraître en bonne place. Mais à vouloir me booster, il m’avait mis la pression et il avait obtenu l’effet inverse que celui désiré. Je lui avais rendu l’article en retard et il n’avait pu paraître qu’aujourd’hui. Ce n’était pas par manque d’inspiration, de travail ou d’investissement mais simplement car me répéter toutes les dix minutes qu’il faut que cela soit fini pour vendredi ne m’aide pas à le finir à temps, bien au contraire. C’était justement ce que j’avais passé la matinée à expliquer à mon abruti de supérieur qui avait menacé de retenir une semaine de travail sur mon salaire du mois. Comme si c’était ma faute s’il engageait des imbéciles pour diriger son journal !

Enfin bref, il était quatorze heures bien passées lorsque je franchis enfin les portes du centre commercial de Beacon Hills, un peu essoufflée, en boitillant. Ma douleur à la jambe était revenue dans ma précipitation et je grimaçai en montant les quelques marches de l’entrée. Sean était toujours là à m’attendre. J’étais toujours aussi étonnée de sa patience comme de celle de Winslow. Ils étaient sans doute les deux personnes les plus proches de moi en dehors de ma famille et je les connaissais tous les deux depuis plusieurs années maintenant mais il m’arrivait quand même d’oublier leur anniversaire ou d’arriver en retard à (chacun de) nos rendez-vous.

Il finit par te voir et il avança dans ta direction. Tu le saluas d’un sourire avant de t’excuser,. A ta façon. « Firenze est un abruti. C’est à cause de lui et de son foutu article sur la pollution lumineuse à Beacon Hills qui m’ont mise en retard. » Bon, assez parlé de moi. Tu n’étais pas non plus une amie ignorante envers ceux qui t’accordaient de leur temps. « Alors, comment ça se fait que tu ais eu ton samedi ? On aurait presque pu aller au cinéma. Mais je dois acheter un truc pour mon appareil photo donc ce n’est pas si mal qu’on soit venus ici. » Heureusement que je m’étais promise de le laisser s’exprimer avant d’arriver. C’était tout simplement plus fort que moi. Je fis une pause, attendant toutes ses réponses avant de penser à poursuivre. Et pourtant, il y avait déjà tant de questions à tourner dans ma tête. Comment s’était passée sa semaine ? Est-ce qu’il avait entendu des choses au bar qui pourraient m’intéresser ? Rien que des questions sur lui en somme.