Une nuit paisible... ou presque
Aaaaah~ ! Ce boulot est parfois tellement pénible. Parfois rester des heures entières debout à ne rien faire, parfois courir à droite à gauche pour les médecins, parfois faire des heures supplémentaires pour les patients. Quoi, vous avez cru que j'allais dire pour l'argent ? Là vous rêvez, j'ai d'autres préoccupations que l'argent. M'occuper principalement des soins des patients, leur donner à heure fixe, les surveiller et parfois rester en leur compagnie pour en savoir plus sur ce qui ne va pas. Comme ce soir justement. J'ai dû chercher à travers tout l'hôpital et durant des heures un jeune gosse atteint d'hépatite chronique, ce sale con me donne des sueurs froides à chaque fois qu'il se casse de sa chambre pour aller "faire un tour". Il sait qu'il doit se reposer mais il s'en fout de faire un malaise n'importe où sous prétexte qu'il s'ennuie. J'ai également dû radoter à un vieux atteint d'Alzheimer que j'étais infirmier et pas son fils comme il le croyait.
Parfois j'en perd la boule, je me croirais presque dans un asile, à surveiller des fous... ou à en devenir fou par leur faute. Mais bref, passons, ce boulot a ses bons cotés comme ses mauvais, n'en parlons plus. Quoiqu'il en soit, je pouvais enfin soupirer de soulagement lorsque l'on m'a donné la permission d'enfin rentrer chez moi pour me reposer. À cette annonce bénéfique, je n'ai pas perdu de temps et je suis vite parti prendre une douche avant qu'un autre patient séjournant ici ne me donne encore du boulot. Après ma douche, j'ai furtivement atteint les vestiaires afin de me rhabiller et pour finir, j'ai quitté les soins intensifs par la porte des urgences comme tout autre patient satisfait avant de monter dans ce véhicule de location. La voiture a un coté assez classe je dois l'admettre. Si elle n'est que location, on dirait un peu une voiture de luxe et surtout à l'intérieur ! Sièges en cuir chauffants et réglables dans toute position, climatisation, boite de vitesse automatique, chauffage et la cerise sur le tableau de bord ne peut être que le GPS inclus à l'intérieur du lecteur CD. C'est le paradis cette caisse en fait ! Peut-être devrais-je demander à Père qu'il soit mon garant pour un crédit et en profiter pour acheter ce bijoux ? On ne s'accommode que trop vite au confort !
Bref, je démarrais la voiture, je montais le volume du son, je changeais de CD pour en mettre un qui me rendrait vite nostalgique : AZN Pride de Miyavi que j'ai connu il y a huit ans. La chanson m'enchantant, j'ouvrais ma vitre, j'attachais ma ceinture mais je ne quittais pas encore le parking. Le fait est que j'avais eu envie de fumer toute la journée, je n'ose même plus penser à cette frustration que j'ai subi de n'avoir eu aucune pause de la journée. Avec ça, c'est mon pote le cantonnier qui doit se faire du soucis de ne pas m'avoir vu de la journée et de ne pas avoir ramassé le moindre de mes mégots. J'adore plaisanter avec ce mec toute la journée lors de mes pauses, il me dit souvent que je suis con mais je l'aime bien, j'adore son humour et son rire.
Bref, allumant ma cigarette, je la fumais en écoutant la seconde chanson plus criarde que la précédente. Son rythme entraînant un geste automatique de ma main vers la boite de vitesse, j'actionnais la mise en route automatique de la voiture et je n'avais plus qu'à tenir le volant et surveiller le frein en cas de danger. Car oui, la voiture roule toute seule à partir du moment où l'on enlève le point mort. Mais je m'égare... je quittais enfin le parking pour rentrer à la maison. L'est quelle heure ?! Dirigeant un court instant mes yeux sur le cadran lumineux à coté de moi, j'haussais de surprise mes sourcils. Vindiou ! Déjà 3h ?! Vite rentrons !
Une demi heure plus tard, j'arrivais devant la maison. Ce beau manoir de vacances est devenu notre habitat principal depuis qu'on ne peut plus quitter la ville. Je garais le véhicule sur l'allée en marche arrière et j'en sortais vite après avoir coupé le contact. Ma seconde cigarette allumée durant le chemin, finissait sa course dans l'herbe du terrain voisin tandis que je baillais au corneille. Vite mon lit m'appelle ! Même si je n'ai plus la force de marcher et que je dors pratiquement debout, je n'ai qu'une hâte, c'est d'aller me poser sous ma couette. «
Courage mon vieux. Plus qu'une dernière étape, l'escalier... » Me parlais-je en claquant mes joueurs de mes mains plates.
J'aurai bien voulu dormir dans le canapé aussi mais non, il vaut mieux pas. Sachant que l'père adore se lever aux aurores et prendre son petit déj' dans le canapé qu'il y ait quelqu'un ou pas. Je me souviens d'une fois où il m'a littéralement écrasé le bras en s'asseyant sur moi... Mauvais souvenir on va pas ressasser ça à l'heure de se coucher ! Tout le monde doit déjà être dans les bras de Morphée, soyons silencieux. Je montais l'escalier en perdant volontairement toutes mes affaires une à une. Une chaussure, une deuxième, mon manteau, ma chemise... et mon pantalon pour finir. Bien entendu, je ne laissais rien traîner et j'embarquais tout dans la foulée. Enfin j'entrais dans ma chambre et en allumant la lumière, l'ampoule grilla soudainement. Génial ! J'ai été aveuglé pendant une bonne dizaine de secondes. Tant pis, je changerai ça demain. Je posais mes affaires dans un coin sur le bureau et m'affalais ENFIN dans ce lit, me laissant tomber de tout mon poids et à poil dans mon paradis sur terre.
«
Ite ! Sur quoi j'ai... » Sur quoi je me suis cogné au juste ? C'était pointu et dur... Qu'est-ce qu'il y a dans mon lit au juste ?! Et sur quoi j'ai posé la main ? C'est moelleux ça en revanche. Continuant de palper ce truc trop "moelleux" en tentant de deviner ce que ça pouvait être, je devenais suspicieux et je me redressais doucement avant de lever une main et d'allumer une flamme dedans afin de m'éclairer. Oh putain c'est Sao ! C'est le nib... de Sao que je palpais... Omg ! «
MAIS Q-QU-QU'EST-CE QUE TU... BRanles dans mon lit, toi ?! » Tentais-je de ne pas trop gueuler, surtout ce genre de chose. Même si le choc fut rude et évidemment affiché sur mon visage, je me retrouvais sans défense et à poil face à elle. Pour finir, je me reculais légèrement d'elle, en me cachant la troisième jambe. J'aurai bien voulu lui piquer la couette pour me recouvrir mais je préférais ne pas la laisser à découvert. La question commençait à se poser. Est-ce elle ou moi qui est en tord ? Me serais-je gouré de chambre ou bien elle ?!