Dublin - 03 octobre 2016
Une goutte. Deux gouttes. Tu remus légèrement la tête avant d’ouvrir un oeil. Une nouvelle goutte s’échoue sur toi, te coupant soudainement la vue et te faisant te relever en sursaut. Tu es assise par terre, ton regard parcourt les alentours et tu ne comprends pas. La chaleur de ta chambre, là où tu te souviens t’être endormie, est maintenant remplacée par l’humidité d’une forêt. Tu bouges doucement ta main qui repose sur le sol terreux, tu la regardes et fronces doucement les sourcils. Que fais-tu ici ? Il n’y a pas de forêt vers chez toi c’est insensé. La lune est haute dans le ciel, un hurlement vient accompagner le bruit du vent dans les arbres. Tu sursautes et regarde partout autour de toi. Dans cette forêt, tu es loin d’être rassurée, tu n’aimes pa ce que tu ressens, de l'inquiétude principalement, tu ne comprends pas. A l’aide de tes mains déjà salis par le sol boueux, tu te redresses dans l’espoir de tenir sur tes jambes et de trouver une sortie. Tu dois rentrer chez toi, ta mère s’inquiéterait bien trop si elle t’appelait et que tu n’étais pas là pour lui répondre. Un souffle s’échappe d’entre tes lèvres, tu essayes de te calmer afin de penser de nouveau normalement.Tu as besoin de tout ton esprit afin de te sortir de là. Un pas après l’autre, tu avances, sursautant par moment alors que tu marches seulement sur une branche reposant sur le sol. Tu frottes doucement tes bras de tes mains afin de te réchauffer. Tu sens qu’il fait froid, le fin filet de fumée s’échappant de tes lèvres te le prouve.
La peur est de plus en plus présente, tu finis par te retourner en sursautant, sentant une présence non loin. Quelqu’un te suit. Quelque chose en a après toi. Tu essayes de te convaincre que tout ceci n’est qu’un rêve, qu’en réalité tu es dans ton lit mais ce n’est pas suffisant pour faire taire cette angoisse naissante. Tu inspires et expires plus lourdement, la faute à cette course que tu viens d’entamer. Tu n’as plus le temps d’attendre sagement de sortir de cette forêt, tu dois le faire au plus vite. Tu cours alors de plus en plus vite, le froid meurtrit tes pieds et tu réalises alors que tu ne portes pas de chaussures. Sur toi, tu n’as qu’une chemise de nuit. Cette situation est de plus en plus insupportable, tu veux comprendre, tu en as besoin. Au détour d’un arbre, tu finis cependant par t’arrêter, le souffle cours, la peur inscrite sur les traits de ton visage. Quelqu’un se tient debout au milieu du chemin. Tu n’arrives pas à savoir qui c’est, tu ne le veux pas vraiment aussi. Un pas après l’autre, tu as l’impression que tes pieds avancent tout seuls, sans que tu ne le veuilles vraiment. Tu penches légèrement la tête, intriguée par cette femme devant toi. Il n’y a pas de doutes à avoir, il s’agit bien d’une femme, la longue robe blanche qu’elle porte en témoigne, ses cheveux longs aussi. Ta curiosité naturelle finit par l’emporter, tu as besoin de connaître la vérité.
« Qui êtes-vous ? »
Tu continues de regarder cette femme qui te tourne toujours le dos. Le froissement de sa robe se fait alors entendre, elle se tourne vers toi et tu as un mouvement de recule. Ses traits, ses yeux… tout te semble familier, tu la connais. Très bien même. Ta défunte grand-mère se trouve devant toi, un sourire franc barrant son visage. Dans son regard une lueur de malice, de mystère, brille alors que tu tentes toujours de comprendre ce que tout ceci veux dire. Elle tend alors sa main vers toi et effleure ton visage. L’interrogation peut se lire dans tes yeux, comment peux-tu sentir ce touché alors qu’elle n’est plus là ? C’est flou, incompréhensible.
« Le médaillon te donnera les réponses. La médaille, le courage. Les mots, la compréhension. »Ses mots n’avaient aucun sens. Ton regard est vissé sur elle, tu espères que cela te permette de comprendre ce qu’elle te souffle. Mais il n’en est rien, tu restes sans bouger, le regard perdu. Tu la vois disparaître, alors que tu as envie de la rattraper et de lui demander plus d’explication. Mais c’est trop tard. Tu te laisses tomber sur le sol, tes yeux fixant toujours là où elle se trouvait plus tôt. Ton regard se baisse finalement sur le sol et tout devient flou. Flou et tu te réveilles.
Ta chambre. Tu te redresses rapidement et tu te trouves dans ton lit. Un coup d’oeil à tes mains, te fait penser que quelque chose ne va pas. Elles sont pleines de terre. Tu clignes plusieurs fois des yeux pour adapter ta vue à l’obscurité. Tu finis par ôter les couverture de tes jambes et t’asseoir sur le rebord du lit. Tu savais très bien que tu ne serais pas capable de te rendormir. Tu soupires longuement avant d’appuyer ta main sur le matelas pour te soutenir mais un froissement de papier t'empêche de te lever. Tu allumes la lumière et regarde de plus prêt de quoi il s’agit. Une boule de papier froissée. Tu ne te souviens pas t’être endormie avec du papier à la main. Tes doigts s’approchent, s’emparent de la boulette de papier pour la déplier lentement. Une fine écriture orne le papier blanc. Une écriture, fluide que tu reconnaîtrais entre mille. Celle de ta grand-mère.
Ma petite fille,
Il y a dans ce monde bien des secrets que tu ignores encore et il serait peut-être mieux que tu n’en saches jamais rien. Si ça ne tenait qu’à moi, tu ne lirais pas ces mots mais il en va de ta protection, de ta santé. Je refuse qu’il t’arrive quoique ce soit. Tu n’es pas sans savoir que de nombreuses légendes circulent dans les familles irlandaises, notre famille ne faisant pas exception. Mais je ne suis pas native d’Irlande. Je viens de bien plus loin. Beacon Hill. Tu ne connais sans doutes pas et je ne peux t’en vouloir. Mais si tu veux comprendre il te faut y aller. Le voyage sera long, Tu auras du mal à trouver mais je sais que tu es assez forte pour réussir. Je compte sur toi et je ne serais jamais bien loin.
Ta grand-mère.Cette lettre ne t’avait en rien aidé. Bien au contraire, le flou était de plus en plus présent en toi. Des tonnes de questions se bousculaient dans ton esprit. La principale restant : comment avais-tu obtenu ce papier, cette lettre ? Tu roulais les mots de ta grand mère en boule et jettais le papier quelque part dans ta chambre. Te recoucher était sans doutes la meilleure chose à faire.
Beacon Hill - 20 novembre 2016
Il ne t’avait pas fallu bien longtemps pour faire des recherches. Ton naturel curieux avait pris le dessus et dès le lendemain de ce rêve des plus étranges, tu t’étais renseignée sur cette ville, Beacon Hill. Tu étais très intriguée et après de nombreuses recherches,tu avais découvert que ta grand-mère y avait une maison là-bas. Une maison désormais vide qui était maintenant à ton nom. C’était précipité pour toi, mais tu avais besoin de comprendre ce qui t’arrivait. Pourquoi tu faisais ce genre de rêve. Pourquoi, alors que tu étais au lycée en train de donner des cours tu avais des genres de flash et des maux de tête atroce. Pour une raison que tu ignores, tu étais certaines que tout avait un lien.
Tu avais donné ta démission au lycée où tu exerçais. Tu avais fait tes valises et malgré le refus catégorique de ta mère que tu partes, tu avais choisis de faire ce que tu voulais. Tu avais pris l’avion, direction les Etats-Unis, cette ville que tu ne connaissais pas, dont tu n’avais jamais entendu parlé avant de faire ce rêve qui te semblait plus que réel. Lorsque tu étais arrivée, tu t'étais arrêtée au milieu de la route. Tu avais attendu, observé. Quelque chose était étrange ici. C'était comme si la ville ne voulait pas de toi et en même temps, t'attirait irrémédiablement. Tu inspirais longuement avant de te lancer. Une sensation étrange te submergea, sensation que tu laissais de côté pour avancer.
Tu t’étais installée dans la maison de ta grand-mère. Tu étais la nouvelle professeur de science au lycée de Beacon Hill et tu sentais que cette ville respirait la différence. Certains élèves, habitants avaient des comportements étranges. A leur contact, tes maux de tête s’était accentué, tu avais de plus en plus de flash et ça t’effrayait. Tu savais que tu cherchais un médaillon. Mais pour le moment tout ce que tu avais trouvé, c’était des rats dans le grenier.