Davina naît à Édimbourg, en Écosse, le 12 mars 1998. Un jour pluvieux, une petite maison, une famille aimante et tranquille – du moins en apparence. Sa mère perd les eaux, vers 9h du matin. Décide que, finalement, accoucher à l’hôpital est une meilleure idée que de le faire à domicile. L’ambiance est fébrile, c’est leur premier enfant – et ce sera d’ailleurs le seul, vu la façon dont va se passer l’accouchement. Son père installe sa mère sur la banquette arrière, précautionneusement. Il s’installe à la place du conducteur, hésite à démarrer. Il a oublié quelque chose. Il ressort de la voiture, sort son téléphone portable (vous savez, l’un de ces vieux Nokia dont l’écran est en noir et blanc, qui ferait figure d’antiquité aujourd’hui mais était très récent à l’époque), et appelle son alpha. Car oui, il faut le préciser, M. Fraser est un loup-garou. Sa femme est un druide. Et l’alpha en question, Elliot Marcus Kane, est à la fois leur meilleur ami, leur protecteur, et le futur parrain de l’enfant – autant de raisons qu’il soit présent lors de sa naissance. Ils conviennent de se retrouver à l’hôpital, et le couple part. Quand ils reviendront, dans la même voiture, ils seront trois. La sensation est étrange, enivrante et en même temps pleine de responsabilité, mais ils n’ont pas vraiment le temps d’y réfléchir. La maternité est proche et, déjà, une infirmière vient pour aider à sortir Mme Fraser de la voiture. Elliot les rejoint sur le parking et, très vite, on les transfère dans une chambre d’accouchement.
Le travail dure sept heures, et nécessite l’intervention de deux sages-femmes et d’un médecin. Quand, finalement, l’enfant sort, il est bien silencieux. Les sages-femmes l’examinent, et soudain il crie, à vous percer les tympans. C’est une petite fille, et ses parents choisissent de l’appeler Davina, la bien-aimée, et Saoirse, la libre. Ils la prennent dans leurs bras, Elliot la prend dans ses bras, puis on laisse la mère et la fille se reposer.

Davina grandit, heureuse, dans la petite maison d’Édimbourg. Ses parents sont aimants, sa vie est simple, Elliot est très souvent présent. Au départ, ce sont les trois seules personnes qu’elle connaît, puis elle arrive en âge d’aller à l’école, va à la maternelle, s’ouvre un peu sur le monde. Elle est éveillée, débrouillarde et n’a pas la langue dans sa poche ; elle se taille vite une place de choix dans sa classe. Elle déteste faire la sieste, adore les bonbons, se fait des amis… même si ses parents préfèrent qu’elle ne les invite pas trop souvent chez eux, la maison est trop petite pour une dizaine d’enfants.

Puis vient l’école primaire, le calcul, la lecture, pour laquelle elle se passionne. Des mondes entiers semblent être cachés au milieu de ces pages blanches et noires, et elle s’y abreuve d’Histoire, d’histoires, chaque fois que sa mère est trop occupée pour lui raconter ce qu’à cette époque, elle prend encore pour des contes. Elliot commence à lui apprendre le piano et la peinture – même si pour le moment, peindre sur les murs semble l’intéresser bien plus que les toiles. Elle voudrait entrer dans un club de kayak, mais son père préfère attendre avant de la lâcher dans une rivière sans qu’il puisse la surveiller. Un brin surprotecteur ? Peut-être, mais sans la rendre malheureuse : il achète un kayak et l’emmène lui-même faire de grandes balades sur l’eau. Le seul caprice qu’il lui refuse, c’est celui d’avoir un chien. Apparemment, il serait allergique aux poils…

Vers ses treize ans, les questions commencent à fuser. Pourquoi ne retrouve-t-elle les histoires de sa mère dans aucun livre ? Pourquoi les yeux de son père changent-ils de couleur lorsqu’il la croit en danger ? Pourquoi ne peut-elle pas rentrer seule à pied de l’école comme ses camarades ? Qu’est-ce qui inquiète tant Elliot et ses parents depuis quelques temps ? Pourquoi ont-ils soudainement déménagé à l’autre bout d’Édimbourg ? Elle confie ses questionnements et ses doutes à son parrain, qui lui prête une oreille attentive sans pour autant y répondre.

Et puis, un beau jour, Elliot part. Déménage, et ne revient pas. Ses parents lui racontent qu’il a eu des propositions d’expositions dans des galeries plus prestigieuses, qu’il a dû partir pour le travail. Davina le ressent tout de même comme un abandon, avec l’intuition persistante que ses parents ne lui disent pas la vérité. Alors un soir, trois semaines après le départ d’Elliot, elle fait une fugue – enfin, pas vraiment une fugue, dans le sens où elle compte tout de même revenir après, plutôt une escapade. Elle se lève au milieu de la nuit, rassemble des affaires, et part en catimini. Elle marche jusqu’à la gare, et prend le premier train du matin, pour Southampton, pour rejoindre Elliot.

Le train fait escale à Londres, et sur le quai de King’s Cross, ses parents l’attendent. De pied ferme, très inquiets, et aussi très soulagés de la retrouver. Sur le trajet du retour, dans la voiture, ils lui expliquent toutes les grandes lignes de ce qu’ils lui avaient caché jusque-là. Ils lui disent la vérité sur les créatures surnaturelles, sur les loup-garous et les druides, avouent qu’ils en sont, qu’elle aussi peut-être, qu’Elliot est un ours-garou, que s’il est parti c’est pour attirer les chasseurs loin d’eux. Qu’il faut qu’elle soit prudente, que tout cela est à la fois très réel et très dangereux.

Et l’avertissement passe, pendant un temps. Davina aide sa mère à récolter ses herbes, sans toutefois montrer un grand intérêt pour leur utilisation. Par accident, à quinze ans, elle voit son père se transformer. Les bizarreries du surnaturel entrent dans son quotidien jusqu’à devenir des choses banales, normales, qu’il faut juste tenir secrètes. À vrai dire, elle est fière d’être au courant, que ses parents lui aient fait assez confiance pour lui dire.
Un seul sujet reste problématique, les chasseurs. N’ayant jamais vu de quoi ils sont capables, elle trouve la réaction de ses parents exagérée, paranoïaque. Ce besoin de se cacher au point de se terrer, de toujours vérifier ses arrières, d’être prudente en toute circonstance… Cela lui pèse sur les nerfs et elle n’en voit pas l’intérêt, alors régulièrement elle contourne les règles, s’oppose à ses parents, sans se rendre compte du danger qu’elle attire sur eux.

Alors, quand une meute de loups prend le contrôle du monde surnaturel à Édimbourg et que Davina passe son bac, presque avec facilité, et annonce qu’elle veut faire des études d’Histoire, ses parents sautent sur l’occasion. Ils décident de l’envoyer chez Elliot à Beacon Hills, argumentant qu’elle pourrait aller dans une université américaine et qu’elle y serait à l’abri du danger. Davina le prend très mal, elle le voit comme un manque de confiance et de considération. À dix-huit ans, enfin majeure, elle aurait pensé que ses parents la verraient enfin comme une adulte, peut-être même qu’ils la laisseraient s’impliquer dans le monde surnaturel et arrêteraient de la surprotéger, et c’est tout le contraire. Elle leur en veut, de se débarrasser d’elle à l’autre bout du monde, de la chasser de chez elle pour l’envoyer… Chez qui d’ailleurs ? Un parrain qu’elle n’a pas vu depuis ses treize ans ? Un parfait étranger oui…