Jetant de temps à autre des coups d’œil à l'heure qu'affichait sa montre, Kaylann avançait d'une démarche légère à travers les rues de la ville, songeant à la surprise qu'elle allait faire à sa mère. Elle savait à quel point son métier était fatigant, d'autant plus qu'elle était obligée d'accumuler les heures supplémentaires afin de subvenir à leurs besoins. Elles n'avaient jamais roulé sur l'or, mais à vrai dire la jeune fille n'en avait cure tant qu'elles étaient ensemble. Sa mère avait dû l'élever seule depuis la mort de son père, et malgré tout elle s'était toujours donnée corps et âme pour elle. C'était sans doute pour cela que sa fille l'admirait depuis qu'elle était enfant, parce qu'elle était son modèle, celle à qui elle devait tout. Ainsi, elle trouvait normal de l'aider du mieux qu'elle le pouvait, par exemple en lui apportant de quoi manger alors qu'elle travaillait encore à l'hôpital où elle risquait de passer la nuit.

Par conséquent, après avoir passé deux heures à travailler sur de l'algèbre en faisant des exercices dont le contenu était aussi répétitif que monotone - un cours de mathématiques particulièrement ennuyant pour une jeune surdouée -, elle avait quitté l'université et s'était dirigé vers l'hôpital. Elle était passée devant le bistro de Beacon Hills ainsi que le centre commercial où elle avait reconnu quelques uns de ses camarades de classe puis avait acheté un plat à emporter pour sa mère pour finalement reprendre sa route jusqu'à son fameux lieu de travail.

Elle marchait donc tranquillement lorsqu'elle entendit un bruit de verre brisé qui lui fit tourner la tête. Elle vit alors une jeune femme à la chevelure blonde qui tentait désespérément de récupérer des herbes éparpillées sur le trottoir, juste à côté d'un pot qui s'était sans doute cassé en tombant. Elle avait l'air exaspérée, trouvant pourtant le moyen de raccommoder son sac abîmé pour y remettre ce qu'elle avait sans doute acheté un peu plus tôt dans la journée. Elle la vit se relever, faire quelques pas, puis il céda et tout se retrouva à nouveau par terre. Attristée par la situation de la jeune femme, Kaylann traversa la route pour la rejoindre et toussota pour attirer son attention. « Vous... vous voulez un peu d'aide ? » murmura-t-elle tout en s'approchant d'elle. Elle retira son sac à dos de ses épaules, l'air hésitante, sa gentillesse l'empêchant de tourner le dos à une inconnue qui n'arriverait sans doute pas à transporter cela toute seule. Elle pourrait toujours prendre ses cours et le plat à emporter dans ses mains le temps d'aider la jeune femme, cela ne lui coûtait rien après tout. « Je... Je peux vous prêter mon sac pour... pour porter vos achats si vous voulez, » proposa-t-elle en se balançant d'avant en arrière sur ses pieds, gênée par ce regard braqué sur elle tandis que le sien était rivé sur ses chaussures.

Si Kaylann était une personne excessivement gentille, elle était surtout une adolescente incapable de vraiment contrôler sa timidité maladive. Ainsi, elle semblait incapable de croiser le regard de son interlocutrice qui tentait pourtant de le capter tout en la remerciant. « C'est gentil merci beaucoup. » Un sourire étira pendant un instant les lèvres de la brunette qui se voyait mal laisser la pauvre femme seule alors qu'elle n'avait rien pour transporter ses achats. Et puis, elle n'avait pas l'air méchante, alors qu'avait-elle à craindre ? « Mais comment vas-tu transporter ce qu'il y a dans ton sac? Et puis comment je vais bien pouvoir te le rendre? » Elle releva doucement la tête, ne pouvant s'empêcher de regarder les bocaux qu'elle avait dans les mains plutôt que ses yeux. « Ce sont simplement des cours... » expliqua-t-elle doucement, omettant complètement le plat qu'elle avait acheté pour sa mère tant elle était anxieuse face à une inconnue. « Je... Je peux les prendre à la main, comme ça vous pourrez mettre vos achats dans le sac... Et si... si vous n'habitez pas trop loin je peux vous accompagner pour... pour récupérer mon sac ensuite. » Pas qu'elle apprécie particulièrement la marche, mais elle voulait vraiment l'aider – de toute manière elle voulait tout le temps aider tout le monde, allez savoir pourquoi elle n'était pas capable de s'aider elle-même avant. « Je te remercie beaucoup, mais je ne peux pas accepter, c'est toi qui vas être embêté après. » La jeune fille hésita un instant, appuyant la pointe de son pied sur le trottoir pour le faire pivoter doucement, tentant de calmer ses bégaiement infiniment frustrants. « Non... non, je vous assure que ça ne me dérange pas, » lui certifia-t-elle en levant pour la première fois son regard vers celui de la blonde. « Vous... vous n'allez pas pouvoir transporter ça toute seule... je peux vous aider, vraiment, ça ne me dérange pas... » Elle se mordit la lèvre inférieure, anxieuse à l'idée qu'elle refuse à nouveau son aide. Sans doute qu'elle ne voulait pas la déranger, mais elle était d'une nature si serviable qu'elle trouvait cela parfaitement normale – ce que peu d'adolescents comprenaient par ailleurs.

La brunette jouait furieusement avec ses lèvres tandis qu'elle observait les herbes étalées par terre. C'était celles que la jeune femme n'avait pas pu sauver, semblait-il, et elles l'intriguaient. Elle songea qu'elle sortait de chez l'herboriste qui n'était qu'à quelques pas, remarquant au passage qu'il était fermé, l'empêchant d'aller demander un peu d'aide, ne serait-ce qu'un autre sac, sans pour autant comprendre pourquoi elle avait besoin de tant de choses. Pas qu'elle doutait de l'efficacité des herbes médicinales, mais elle paraissait en avoir pris beaucoup pour une seule personne. « Tu habites loin où il n'y a pas quelqu'un que tu connais dans les environs pour emprunter un sac plastique par hasard? » Les paroles de l'adulte la sortirent de ses pensées, si bien que son regard se braqua automatiquement sur elle tandis que ses joues rougissaient légèrement. Maudissant cette tendance à prendre des couleurs, elle désigna d'un petit mouvement de menton la direction à prendre pour rejoindre son appartement tout en s'expliquant, en profitant pour regarder ailleurs. « Je... je n'habite pas très loin. Il doit y avoir des sacs plastiques chez moi, je... je pourrais vous en prêter un, » suggéra-t-elle, trouvant cela plus raisonnable qu'aller voir d'autres personnes pour leur demander un sac en plastique – elles auraient l'air vraiment étranges, songea-t-elle. « Mon frère et ma sœur ne risquent pas de renter de sitôt, pour tout t'avouer je n'ai pas vraiment envie d'attendre plusieurs heures sur le trottoir. » Refusant de prêter attention au pincement au cœur qu'elle ressentit lorsqu'elle lui parla d'un frère et une sœur, la jeune fille hocha doucement la tête, signe qu'elle comprenait tandis que son interlocutrice souriait gentiment. « Je m'appelle Rowan, » se présenta-t-elle alors. Elle tendit sa main et l'adolescente s'en saisit timidement, le rouge de ses joues s'accentuant à nouveau tandis qu'elles chauffaient légèrement. « Kaylann, » fit-elle à son tour, un petit sourire venant fleurir sur ses lèvres tandis qu'elle tentait de ne pas détourner le regard. La jeune femme avait l'air aussi gentille que douce, alors pourquoi ne pouvait-elle pas se comporter normalement face à elle, peinant à contrôler ses bégaiements et à masquer sa nervosité ?

« Je préfère passer chez toi, je n'habite pas la porte à coter, au moins je saurais ou ramener le sac. » « D'accord. Ce n'est pas très loin, on devrait arriver assez rapidement, » ajouta-t-elle, relevant l'espace d'un instant son regard noisette vers celui de la jeune femme, se mordillant toujours la lèvre pour contrôler ses bégaiements qu'elle calmait petit à petit. « En tout cas encore merci de ton aide. » « De rien... » Elle se retint de dire que c'était normal - même si à ses yeux ça l'était -, préférant l'écouter se présenter et faire de même par la suite, esquissant un minuscule sourire. « Enchantée Kaylann. » L'adolescente l'observa s'accroupir pour récupérer ses pots, hésitant à faire de même. Elle ne voulait pas l'embêter, ou risquer de causer encore plus de dommage à cause de son indéniable maladresse - quoiqu'elle ne l'était pas autant qu'à l'oral, mais soit. « Ça ne te dérange pas d'en prendre un ou deux? » Se retenant de pousser un soupir de soulagement, elle rejoignit bien vite la jeune femme pour ramasser deux pots, veillant à ne pas renverser les herbes qu'ils contenaient encore. Elles relevèrent, tenant à elles deux tous ses achats si l'on oubliait ceux qui avaient fini par terre et qu'elles ne pourraient récupérer, puis se mirent à marcher.

Ni l'une ni l'autre ne parlaient, à vrai dire elle était trop concentrée sur les bocaux qu'elle ne devait surtout pas laisser tomber pour penser à discuter. Un silence s'installa doucement, mais Rowan ne tarda pas à le briser en lui posant une question dont elle fut presque surprise. « Tu vis en ville depuis longtemps? » Alors qu'elle aurait voulu la regarder pour lui répondre, elle garda les yeux rivés sur le sol, sentant une boule se former dans sa gorge alors qu'elle songeait à Atlanta. De la nostalgie l'envahit bien vite alors qu'elle revoyait les visages de ses amis, de son ancien appartement, de sa ville natale. Elle inspira pour se calmer, pinçant les lèvres avant de déglutir pour être en mesure de lui répondre, n'ayant même pas remarqué qu'elle avait mis un temps fou à le faire. « Quelques mois, » fit-elle, élusive. Elle reposa son regard sur ce qu'elle tenait, peinant à chasser de son esprit tous ces souvenirs qui la plongeaient dans un état de profonde mélancolie. Elle faillit ne pas se rendre compte de l'arrêt soudain de la jeune femme, cessant à son tour d'avancer pour se tourner vers elle. Elle la vit poser les pots qu'elle tenait pour récupérer un drôle de mélange qu'elle but d'un trait, attirant la curiosité de la brunette qui était incapable de l'empêcher de luire dans ses yeux. « Un remède pour les maux de tête, merci les herbes, » s'expliqua Rowan, comme pour lui assurer que ce n'était pas un poison - sûrement parce que le liquide avait une teinte bien étrange. « Vous avez mal à la tête ? Je suis désolée... » Pas qu'elle se pense responsable, mais la jeune fille avait cette tendance très particulière à s'excuser pour tout et rien, notamment lorsqu'elle n'était en aucun cas la cause des mots d'une autre personne. Alors qu'elle se demandait ce que contenait précisément le fameux remède qu'elle venait de voir, elle rendit compte qu'elle avait complètement oublié d'utiliser son sac à dos pour l'aider, se sentant complètement idiote pendant plusieurs secondes. Elle posa à son tour ses bocaux, faisant attention à ne pas les briser, avant de le récupérer et de l'ouvrir. Elle commençait à en sortir ses affaires lorsque la voix de la jolie blonde l'interrompit, lui faisant lever la tête. « Je suis une ivian. » Kaylann fronça légèrement les sourcils, ne comprenant pas ce dont elle parlait. « Je ne sais pas ce qu'est une ivian, » admit-elle simplement, n'arrivant pas non plus à trouver la signification du sourire qui lui était adressé. Elle reporta son attention sur son sac, en sortant trieurs et cahiers afin de le vider afin d'y mettre les achats de la jeune femme. Ce serait bien plus simple ainsi, parce que transporter à la main des affaires scolaires était bien plus simple que faire de même avec des bocaux brisés. « Je sens ce que tu es réellement, j'ai un don d'empathie qui parfois me fait sentir la créature qui se cache derrière les gens. Je sens la tienne. » Un bruit sourd se fit entendre lorsque l'adolescente laissa tomber ce qu'elle tenait auparavant, stupéfaite par ce qu'elle venait d'entendre. Elle garda les yeux baissés et s'accroupit pour ramasser ses affaires, prenant une profonde inspiration pour empêcher ses tremblements de reprendre. « Je ne voix pas de quoi vous parlez, » articula-t-elle simplement en se relevant, refusant d'affronter son regard. Elle termina de vider son sac, posant en haut de la pile le plat à emporter destinée à sa mère. Elle aurait tant aimé qu'elle soit là avec elle plutôt qu'à l'hôpital en train de travailler. « Ne craint rien, je ne te ferais pas de mal, je suis pacifiste, c'est dans ma nature. » Feignant ne pas l'avoir entendue pour ne pas être contrainte de parler de ses pouvoirs, elle attrapa les deux bocaux qu'elle avait posé un peu plus tôt et les glissa consciencieusement dans son sac. « On... on devrait les mettre dedans, ce sera plus simple à transporter. » Elle le tendit à la jeune femme, évitant soigneusement son regard pour ne pas lui montrer ses craintes qui étaient pourtant perceptibles à des kilomètres à la ronde, puis récupéra ses affaires et le plat, maudissant ses mains qui tremblaient toujours légèrement.

Nier. C'était tout ce qu'elle avait trouvé à faire pour se défendre, notamment parce qu'elle n'avait jamais été très douée pour se protéger. Gamine pacifiste et parfaitement inoffensive, elle était qui plus est très peu talentueuse dans l'art du mensonge et d'une maladresse accablante. Rien de bien brillant en somme, et le fait qu'elle soit un génie n'aidait en rien puisqu'elle ne comprenait jamais rien aux relations sociales. Vraiment, Kaylann était un condensé de gentillesse et de douceur, une fillette enfermée dans un corps d'adolescente qui refusait de blesser ne serait-ce qu'une mouche, alors que pouvait-elle bien faire pour cacher ses nombreuses faiblesses ? Pas grand chose, en effet. Alors elle niait, espérant simplement que son interlocutrice n'insiste pas, parce qu'il était évident qu'elle savait et ne se laisserait pas avoir par son vulgaire mensonge. « Je suis désolée, j'ai tendance à oublier que certaines personnes ont du mal à accepter ce genre de choses. Je suis tellement habitué à ce monde-là que j'oublie que ce n'est pas le cas de tout le monde. » La jeune fille s'en voulut bien vite détestant l'idée que Rowan culpabilise par sa faute. D'ailleurs, cette dernière ne la regardait plus, comme si elle avait honte de ses paroles et s'en voulait d'avoir provoqué une telle réaction chez l'adolescente qui tenta néanmoins de lui faire comprendre que ce n'était pas un drame. « Ce... ce n'est pas grave, » ne put-elle s'empêcher de murmurer, refusant que la jeune femme s'excuse à nouveau parce qu'elle n'était pas prête à accepter la réalité. « Je n'en parlerai plus, promis. » Elle hocha doucement la tête, comme pour lui faire comprendre que c'était mieux ainsi. Elle n'aimait pas en parler, notamment parce que ce sujet faisait remonter à la surface toutes ces angoisses qu'elle tentait vainement d'enfouir au plus profond d'elle pour ne jamais les ressentir. Pour une adolescente aussi émotive et sensible que Kaylann, c'était terriblement compliqué, et elle était persuadée qu'en discuter avec Rowan ne l'aiderait en rien. Elle était très gentille, certes, néanmoins elle ne la connaissait que depuis quelques minutes et n'avait pas envie de parler de toutes ses peurs, de toutes ses inquiétudes, de toutes ses craintes, avec une inconnue. Qu'importe qu'elle se prétende ivian, elle ne savait même pas ce que cela signifiait, et n'était pas certaine de vouloir en apprendre plus. Elle avait cependant l'impression qu'elle ne lui avait pas menti, et nul doute que de multiples questions viendraient bientôt la tiraillaient, elle et sa curiosité bien trop présente. Elle se contenta pourtant de lui tendre le sac afin qu'elle y mette le reste des bocaux et le transporte, tandis qu'elle-même s'occupait de ses cours et du plat qu'elle voulait apporter à sa mère, se rendant petit à petit compte que c'était dans ce genre de situation que sa génitrice lui manquait terriblement – bien qu'en réalité elle lui manquait en permanence, parce qu'au fond Kaylann n'était qu'une petite fille craintive et constamment effrayée, et ce malgré ses dix-sept ans.

Un silence réellement pesant s'était petit à petit installé, et l'une comme l'autre ne semblait prête à le briser. Ce fut donc le téléphone de Rowan qui s'en chargea. Cette dernière décrocha, répondit à son interlocuteur puis s'éloigna de l'adolescente qui tenait toujours une petite pile de cahiers, trieurs et manuels scolaires surmonté d'un plat à emporter qui lui rappelait que cela faisait déjà quelques minutes qu'elle commençait à avoir faim. La conversation dura peu de temps, et bien vite la jeune femme revint vers elle. « Désolé, c'était mon frère, » s'expliqua-t-elle avec un léger sourire. « Heureusement que tu es venue à mon secours, Aspen et Forest ne vont pas rentrer de sitôt. » « Aspen et Forest ? » répéta la jeune fille, n'entendant même pas le soupir de la jolie blonde. Elle sembla réfléchir un instant puis tenta d'esquisser un sourire presque imperceptible. « Vous avez des prénoms originaux, » fit-elle remarquer avant d'ajouter bien vite, par peur de la vexer : « Mais je les trouve très jolis. » Elle continuèrent donc à avancer et, au bout de quelques secondes, une question franchit les lèvres de Kaylann – seule barrière entre sa terrible curiosité et son interlocutrice qui n'avait sans doute pas envie d'en être victime, quoiqu'elle n'avait jamais rien de bien méchant – qui fut incapable de l'en empêcher. « Eux aussi ce sont des ivians ? » Elle se maudit bien vite, trouvant stupide de lui demander cela alors qu'elle avait elle-même refusé de parler de sa véritable nature.

« On nous le dit assez souvent. » Souriant pour toute réponse, la jeune fille replaça une mèche de cheveux derrière son oreille sans cesser de marcher. La réponse de la jolie blonde prouvait au moins que certaines personnes étaient encore capables de donner leur avis positif sur quelque chose, c'est-à-dire de faire des compliments. Vraiment, elle avait de plus en plus l'impression que c'était rare dans ce monde, ce qui la rendait triste parce qu'elle trouvait cela naturel. Pourquoi le reste du monde - ou presque - n'était-il capable que de critiquer ? C'en était vraiment attristant.
Si certaines personnes avaient pour défaut cette mauvaise habitude qui était de dénigrer les autres, Kaylann avait quant à elle une curiosité débordante qu'elle était malheureusement incapable de contenir. Alors évidemment, lorsque son interlocutrice parla à nouveau de son frère et de sa sœur, elle ne put s'empêcher de poser une question... qu'elle regretta bien vite. Parce qu'elle trouvait absurde d'agir ainsi alors qu'elle n'avait pas voulu admettre la vérité face à Rowan. A vrai dire, elle fut presque surprise d'obtenir une réponse, ses yeux s'allumant d'une douce curiosité enfantine. « Un ivian c'est une créature qui est reliée à la nature, on a un don commun l'empathie. Nous connaissons tout des plantes, elles n'ont aucun secret pour nous. Il a nous, la famille royale, puis les autres. Ils nous pourchassent depuis plusieurs années... » Assurément, l'explication de la jeune femme ne fit qu'accroître le nombre de questions qui se baladaient dans la tête de la brunette qui pinça doucement les lèvres pour se contenir, néanmoins persuadée qu'elle n'y arriverait pas longtemps.

« Enfin bref, nous sommes des êtres pacifistes, notre race a beaucoup inspirer les histoires de fées et d'elfes. » « J'adore les elfes, » sourit-elle alors que son air se faisait pendant un instant rêveur, preuve qu'elle cherchait mentalement la dernière histoire les concernant qu'elle avait lue - parce qu'il était évident qu'elle n'en avait pas lues qu'une seule, elle qui était passionnée par la lecture, d'autant plus par celle de romans fantaisie et fantastiques. Elle se rendit alors compte que la jolie blonde ne la regardait pas, et elle la remercia presque d'un coup d’œil soulagée. Elle n'aimait pas être observée, et sans doute l'avait-elle remarqué - elle n'avait jamais été très douée pour cacher ses sentiments, c'était un fait. « Pou...Pourquoi votre famille est pourchassée ? » demanda-t-elle d'une voix douce et pleine d'une innocence indéniable. Elle n'était animée que d'une curiosité habituelle chez elle, elle avait l'impression qu'on lui expliquait le contexte d'un livre et cela la fascinait. Elle eut cependant peur que ses questions dérangent Rowan, ou même qu'elle interprète mal son intérêt pour ce qu'elle lui racontait. « Je.. je ne veux pas vous déranger, je... » Elle maudit un instant ses bégaiements idiots et se mordit la lèvre pour reprendre le contrôle. « Vous n'êtez pas obligé de répondre... C'est seulement que... ça m'intrigue... beaucoup tout ça. Vraiment beaucoup, » se justifia-t-elle timidement, ne se rendant même pas compte que sa voix se faisait soupir et son air quelque peu mélancolique. Elle avait souvent du mal à se dire que tout cela était réel et qu'elle faisait partie de ce monde surnaturel. C'était incroyable.