Lorsque la sonnerie retentit enfin, Kaylann rangea rapidement ses affaires dans son sac qu'elle jeta sur son dos avant de sortir de la salle de classe, saluant à voix basse son professeur qui ne l'avait sans doute pas entendu. Puis elle descendit deux à deux les marches de l'escalier pour rejoindre l'entrée de l'université, semblant pressée de s'en aller. Heureusement que la plupart des enseignants ici étaient ponctuels et ne débordaient pas sur les autres heures de cours. Pas qu'elle détestait les cours, loin de là même, elle adorait apprendre de nouvelles choses, et ce d'autant plus grâce à ses nombreuses facilités et à sa curiosité omniprésente, mais elle avait passé ses deux dernières heures de cours de la journée à penser totalement à autre chose. Ainsi, elle n'avait absolument pas suivi ceux qu'avait dit son professeur de mathématiques et avait seulement noté les exercices à faire pour la prochaine séance. Soit, elle se débrouillerait, elle parvenait toujours à s'en sortir. Néanmoins, elle était bel et bien décidée à faire cesser ses rêveries. pour cela il n'y avait qu'une seule méthode : exprimer tout ce qui lui passait par la tête pour se libérer l'esprit. Alors, après avoir quitté l'établissement dans lequel elle étudiait, elle se dirigea instinctivement vers l'endroit où elle serait sans nul doute seule et en paix. Si l'université ne se situait pas excessivement loin de chez elle, on ne pouvait pas en dire autant de la forêt de Beacon Hills. La jeune fille mit donc ses écouteurs dans ses oreilles et se mit en route, son sac sur le dos.

Kaylann marcha un moment, mais grâce à la musique qu'elle écoutait les minutes semblaient s'écouler beaucoup plus vite. Elle n'avait pas pressé le pas, sans doute trop perdue dans ses songes pour y penser, parcourant la ville avec toute la discrétion dont elle était capable. Elle gardait la tête baissée, son regard rivé sur ses chaussures ou sur le trottoir tandis qu'elle ne cessait d'avancer dans le seul but de se retrouver enfin seule. Elle n'aimait pas qu'on la remarque et refusait de croiser le regard de parfaits inconnus, sans doute parce que sa timidité la ferait rougir sans aucune raison. Alors elle ne levait pas la tête, se contentant de progresser à un rythme naturel tout en réfléchissant à ce qu'elle pourrait faire. Elle ne vit pas le temps passer à vrai dire, concentrée sur la musique dans ses oreilles et sur ses pensées bien trop nombreuses à son goût. Comment aurait-elle pu suivre d'autres cours avec tout ce qu'il se passait sous sa longue chevelure brune ?

Finalement, elle atteignit la lisière de la forêt et un léger sourire étira ses lèvres tandis qu'elle s'avançait à nouveau pour être à l'abri de tout sous ses grands arbres. Elle ne parcourut que quelques mètres avant de s'asseoir dans l'herbe tout en lâchant un soupir de soulagement. Enfin. Elle posa son sac à dos à côté d'elle puis retira sa veste et l'étendit sur le sol. Elle récupéra une petite bouteille d'eau qu'elle mit à côté puis, son carnet à dessin sorti et un crayon à papier dans la main, elle s'allongea sur le ventre, les avant-bras sur son vêtement, et commença à griffonner quelques croquis qui ne ressemblaient pas à grand chose au début. Petit à petit, ses traits prenaient forme et des personnages apparaissaient sur le papier, mais jamais ils ne semblaient lui convenir. Elle déchira son premier dessin, recouvrit de furieux traits le deuxième, arracha le troisième du carnet, écrasa le quatrième dans sa main... et cela dura encore un moment, si bien qu'une dizaine d'esquisses furent ainsi jugées ratées. Elle achevait son douzième croquis lorsqu'un grognement d'agacement lui échappa. Elle pesta, furieuse de ne pas réussir à dessiner ce qui lui travaillait l'esprit depuis de longues heures, agita les jambes pour écraser ses pieds sur le sol, se glissa sur le dos un instant avant de reprendre sa position initiale. Elle prit une grande inspiration puis commença un nouveau dessin, tentant de rester calme. Au bout d'une vingtaine de secondes, son carnet vola sur quelques mètres avant de s'écraser un peu plus loin dans l'herbe. Elle était patiente, c'était un fait, mais toute patience possédait des limites, et elle détestait échouer, même pour quelque chose d'aussi idiot. Elle allait se relever lorsque de l'eau lui tomba sur le visage, mouillant ses cheveux, le haut de son tee-shirt et sa veste toujours par terre. Elle leva immédiatement les yeux et se rendit alors compte qu'il ne pleuvait malheureusement pas. Ses pouvoirs s'étaient déclenchés sans qu'elle ne le souhaite, et elle regretta presque immédiatement de s'être énervée. Elle jeta quelques coups d’œil inquiets autour d'elle, terrifiée à l'idée qu'on l'ait vue, avant de se mettre debout. Il n'y avait personne, du moins elle l'espérait, et puis la forêt n'était pas l'endroit le plus fréquenté de la ville... Si ?