Je n’ai pas peur. Je suis une Argent, je n’ai pas peur. C’est ce que je m’oblige à penser tandis que je fais le pied de grue devant l’hôpital. Il fait nuit noire, mais ce n’est pas la Pleine Lune. Le silence règne en maître, mais je n’ai pas peur. Si je suis là ce soir, c’est prouvé à Thomas qu’il a tort, que je ne suis pas une pauvre petite chose sans défense, que je sais me battre et me défendre. J’essaye d’oublié qu’il m’a rappelé que le fait de savoir me défendre n’avait pas empêché l’inévitable à Oak creek. Je n’ai pas peur. Je suis-là aussi pour montrer à mes amis que leur Allison est toujours là, qu’elle n’a pas changer. Alors oui, après ce qui m’est arrivé, faire cavalier seule, ce n’est pas la meilleure chose à faire, mais je ne risque rien, du moins, j’essaye de m’en convaincre. Il y a deux jours, j’ai surpris une conversation que mon père avait. Bon, d’accord, je l’avoue, je l‘ai un peu espionné, mais cette conversation m’a surprise et pas qu’un peut. Il était question de cadavre volés à la morgue. J’ai aussitôt songé à Theo et à ses chimères, sauf que Theo a disparu. Je n’ai pas participé à ses évènements, j’étais trop occupé à me battre avec mes souvenirs, avec mes démons intérieurs. Mais je suis à peu près au courant de ce qui s’est passé. Alors, j’ai mené mon enquête et j’ai vite compris que les corps avaient été retrouvés, les viscères en moins. Je sais, c’est dégueulasse. Après quelques recherches, j’ai commencé à soupçonner un ou plusieurs wendigos. Je sais bien qu’ils préfèrent la chair fraîche, mais pourquoi pas ? Je ne connais pas d’autres créatures mangeuse de chair humaine. Après, tout est possible dans cette ville, même l’impossible. Les créatures y sont attirées comme des humains à cause du Nemeton. Enfin voilà, pourquoi je fais le pied de grue devant l’hôpital, tapis dans l’ombre. J’espère trouver une preuve de ce que j’avance et arranger les choses. Toujours ce besoin de prouver que je suis moi, Allison Argent, une puissante chasseuse et que j’ai hérité les qualités de mes aïeux. Je n’ai pas peur, j’essaye de m’en convaincre, mais je suis bien forcé de constater que je suis terrifiée.

L’avertissement de Thomas résonnait encore en ma mémoire, c’est pourquoi j’étais pétrifiée et je n’aimais pas ça. Je n’avais pas peur habituellement, alors pourquoi avais-je ce sentiment ? Je n’allais pas me battre, je voulais simplement vérifier si mes suppositions étaient justes. Ensuite, j’aviserais. J’en parlerais sans doute à mon père, il saurait quoi faire. Pourtant, à mesure que les minutes passaient, telles des heures, mon sentiment de panique grandissait. Il atteignit son apogée lorsqu’une voit me demanda ce que je faisais ici. Cette voix, il y a peu de temps, j’avais eu le déplaisir de l’entendre alors que, m’étant perdue dans les bois, je m’étais retrouver devant les ruines de l’ancienne maison des Hale. Cora. La sœur de Derek. J’avais attaqué son frère, bien des années auparavant, car il était responsable du suicide de ma mère, sauf que je ne me rappelais pas de tout ça. Derek avait dépassé ce stade, il était devenu ami avec mon père et de ce fait, je le voyais souvent, ce que Cora avait du mal à comprendre. Je ne lui en voulais pas, mais je n’étais pas rassurée en sa présence, et je dois dire que si elle n’avait pas confiance en moi, je n’avais pas confiance en elle. Nous avions un caractère buté toutes les deux et les choses pouvaient durés longtemps avant que l’une de nous baisse sa garde. Une chose est certaine, ça ne serait pas moi. J’avais autre chose à faire que de prouver que ce que je disais était vrai. Si elle ne croyait pas à ma moi et à ma résurrection, libre à elle. Je devais retrouver la mémoire, le reste attendrait. Je me redressais, j’avais des fourmis dans les pieds à force de rester immobile. « Je veux surprendre le voleur ! » dis-je, même si j’avais pensé très fort à lui répondre, la même chose que toi, probablement. Car, que ferait-elle ici sinon ? Le pire, c’est que ce wendigo ou peu importe ce que c’était, ne pourrait pas quitter la ville, à cause de la barrière surnaturelle. Barrière que moi, simple mortelle, ne pouvait pas voir. Je me demandais à quoi elle pouvait ressembler.