Me voilà en retard. C’est hilarant, je passe ma journée à harceler Lydia pour qu’elle accepte de sortir et voilà que j’oublie presque qu’elle a fini par accepter. C’est une honte, j’ai vraiment mis du temps à la convaincre. À force de rester le nez dans ses livres elle va finir par devenir une encyclopédie ambulante ! Puis, elle doit vraiment se trouver un mec. Je ne suis sans doute pas bien placée pour le dire, après tout, je suis moi-même célibataire. Mais c’est différent. Lydia est plus le genre de fille à avoir une relation sérieuse, là où je préfère m’en tenir au bonjour c’était cool mais maintenant je dégage. Puis, elle mérite d’avoir un type qui s’occupe d’elle. Non pas qu’elle ira trouver l’amour en boîte de nuit, cependant rien n’empêche l’une ou l’autre rencontre. C’est bien ma manie de me mêler de la vie des autres. Quoiqu’il en soit, le taxi s’arrête devant la demeure des Martin et je paye le chauffeur qui commence à me connaître. M’acheter une moto où quelque chose du genre ne m’intéresse pas, je n’en ai pas les moyens pour l’instant, ce même si je possède une carte de banque au solde illimité. Têtue comme je le suis, je refuse que mes parents sachent que j’ai besoin de leur argent pour vivre. Alors je me débrouille, tant que je peux. Cependant, alors que j’attends à la porte après avoir sonné, je me rends compte que j’aurais sans doute dû passer au motel avant de venir. Habillée d’une veste noire, d’un pantalon de la même couleur avec des trous et de mes bottes à talons aiguilles, j’avais le look d’une gothique. Effet sans doute recherché, mais ce n’est pas le shirt à longues manches noir que je portais sous ma veste en cuir qui me permettrait de draguer ce soir. Quand la mère de Lydia vint ouvrir la porte, je lui fais mon sourire le plus poli et la salue, lui demandant au passage si tout va bien. Une question de respect, mais surtout pour éviter de paraître être la pire des fréquentations possible. Lien de sang ou non, je n’ai pas de doutes concernant les parents de Lydia, qui doivent s’approcher des miens à ce niveau. C’est dans la famille d’agir ainsi, mes propres parents n’avaient jamais hésité à éloigner les gens ‘non-fréquentable’ qui me tournaient autour. C’est ainsi que j’avais perdu mon premier ami, car sa famille avait fait faillite et il était hors de question qu’une Malone ne traine avec le fils d’une famille pauvre.

Nous ne parlons pas bien longtemps avant que je ne monte les marches pour rejoindre la chambre de Lydia à l’étage. Je ne suis pas venue souvent, mais suffisamment pour me comporter comme si je venais quotidiennement. D’ailleurs, ma première préoccupation n’est pas ma cousine mais son dressing. Hors de question que je sorte vêtue comme une gothique dont le maître mot est pudeur et innocence. Alors que je parcours déjà les robes de Lydia, le son de sa voix me rappelle un peu à l’ordre. " Bonjour à toi aussi Aya, je serais presque jalouse de mes robes à cet instant" Concentrée sur ma tâche, car Aya Catherine Malone ne sort pas de son trou en ressemblant à une fille fleur bleue, j’en avais complètement oublié ma propre cousine. L’art de la concentration, si si. Voyant une robe qui me plaît, d’un bleu assez foncé à mon goût mais pas suffisamment pour ressembler à du noir, je sors du dressing, un sourire presque gêné aux lèvres. Presque. « C’est de ton dressing tout entier que tu peux être jalouse, on a peut-être pas le même style vestimentaire mais j’adore chaque pièce qui s’y trouve. » Un compliment sincère, rare venant de ma part. Les compliments ont l’air de m’écorcher les lèvres quand il s’agit de mode, et du goût des autres la concernant. Et pas seulement quand il s’agit de mode, à bien y penser. Je m’approche de Lydia et lui fait la bise,  habitude qui me vient après avoir longtemps fréquenté les filles à papa au lycée privé.  C’est ainsi que je vois ce à quoi Lydia s’occupe les neurones  -les études, peu pour moi-. « Vous étudiez les créatures mythologiques ? » dis-je sur un ton moqueur, c’est sûr que ça change des sujets ennuyeux mais ça reste inutile quand on est de simples humains ignorants.

Je me rends compte que je devrais sans doute faire les boutiques, car même si j’ai de quoi m’habiller pour sortir en boîte c’est loin de ressembler au dressing de Lydia, ou au dressing que j’avais à Manhattan. Mes pensées s’attardent quelques instants sur ce que j’aime appeler mon ancienne vie. Mes parents n’auront sans doute pas touché à ma chambre. D’ailleurs, ils doivent attendre que je revienne la queue entre les jambes. Ha. " Ouah dis donc un compliment de Miss Malone quelle chance j'ai. Mais je ne te conseille pas cette robe j'en ai une spéciale pour toi." Je ne peux m’empêcher un petit rire, c’est vrai que les compliments semblent m’écorcher les lèvres. J’arque un sourcil quand Lydia se lève pour se diriger vers son armoire, posant alors la robe que je tiens en main sur son lit. " Cadeau de ta cousine adorée " dit-elle en sortant une housse où doit se trouver une robe de son armoire. Je ne peux m’empêcher de sourire en prenant la housse et en l’ouvrant délicatement. Les étoiles aux yeux quand je vois la robe qui s’y trouve, elle est tout simplement magnifique et bien plus mon style que celle que j’avais choisi du dressing. L’habitude n’y est pas, on ne m’offre généralement pas de cadeaux, inutile quand on sait se payer ce qu’on veut. Et surtout quand on n’a pas forcément beaucoup d’amis, mon mauvais caractère avait tendance à repousser les moins courageux loin, très loin de moi. Lydia partit dans son dressing alors que je sors la robe de la housse qui l’entoure, m’observant dans le miroir en la tenant devant moi.  « Tu es la meilleure cousine au monde! » lui dis-je, émerveillée par ce présent. C’est sans doute plus le fait qu’elle m’offre un cadeau que la robe qui m’émue. Je lui demande cependant une question sur ses cours, à laquelle elle me répond. " Tu ne sais pas à quel point c'est intéressant, j'apprends plein de choses qui pourrait nous être utile contre les dreads doctors et leurs chimères." Inconsciemment, je reste figé sur place à la mention des Dread Doctors. Je ne les avais jamais vraiment vus, si ce n’est dans une vision très floue qui m’avait poussé à rester entouré de nombreux humains dans l’espoir de ne pas les voir débarquer. En règle générale, je n’ai pas peur de grand-chose, au contraire même, je fonce tête baissé car j’ai confiance en moi, trop parfois. Les Dread Doctors étaient trop louche à mon goût, il y avait quelque chose que je n’arrivais pas à nommer et qui me disait de courir loin, très loin d’ici à la simple pensée de ces scientifiques fous. J'ai du mal à passer sur la partie des chimères par contre. " Pour faire court, oui j'étudie les créatures mythiques à mon cours de mythologie" reprit Lydia, ne voulant sans doute pas me souler avec ses cours. Sa voix me tire de mes pensées, mes inquiétudes se dissipant quand je me concentre d’avantage sur la tenue que je tiens en main. Une soirée en boîte, voilà, je vais me concentrer sur ça. Bien que.. « Et quoi, vous avez l’intention de les brûler vifs ?  C'est pas une mauvaise idée mais tu sais, suffit d'un bidon d'essence et d'une allumette pour ça. » lui dis-je en faisant allusion au fait que ces recherches semble être concentré sur les créatures mythologiques lié au feu. La mauvaise tendance à bien observer m’avait fait lire deux trois lignes de ses livres.

" Allez enfile ta robe que je vois si je suis si douée que ça pour choisir des fringues glamour et sexy. Car tu devrais essayer de te trouver un beau mâle ce soir non? " Mon regard croise le sien, si elle croit pouvoir me faire oublier ma mission du soir elle se trompe. « Tu sais très bien que tu es douée Lydia, croit pas une seconde que tu vas pouvoir rester dans ton coin, toi aussi tu dois te trouver un beau gosse, on part à la chasse. » Lui dis-je sur un ton enthousiaste en me dirigeant vers sa salle de bain. Chercher un type avec qui passer la nuit ne me parlait pas d’avantage pour l’instant, je voulais m’amuser et en étant parfois assez féministe sur les bords, je n’avais pas besoin de m’encombrer d’un beau jeune homme pour la nuit. Ma grand-mère m’avait toujours dit, un Kitsune se doit d’être avec un Kitsune. Les autres ne vivent pas aussi longtemps que nous. Soit, elle n’avait elle-même pas suivi ce conseil mais peu importe, je sais très bien qu’elle avait raison et de ce fait, je ne m’attache pas à grand monde. Puis les histoires d’un soir étaient bien pratique, mais avec des scientifiques fou et je ne sais quoi d’autre qui traine en rond, je préfère rester au milieu des foules. Une fois habillée de la robe et de mes bottes à talons aiguilles, j’enfile à nouveau ma veste mais ne referme pas cette dernière, même s’il doit faire froid ça ne me dérange pas. Quand je rejoins Lydia, je la regarde de haut en bas avant de sourire. « On va tout cartonner ce soir! » Comme c’est elle qui va sans doute conduire, je me dis que pour une fois je pourrais me saouler sans craindre de renverser quelqu’un, non pas que j’ai le véhicule pour, mais soit !