Minuit approchait et Shawn était encore de service nocturne. Ce qui n’était à l’origine qu’une forme de bizutage censé le former, le jeune homme n’ayant rejoint le bureau du shérif que très récemment, était devenu une routine. Il faut croire que c’était le sort réservé aux adjoints qui mélangeaient malencontreusement de la paperasse administrative. Quelle idée aussi d’avoir autant papier à remplir pour la moindre petite action ? Shawn avait l’impression d’être fliqué et pourtant le flic c’était lui !

Cependant, ce service nocturne avait pris une tournure intéressante quand des activités suspectes avaient été signalées au centre-ville, une histoire de trafic de drogues apparemment. Shawn ne doutait pas que les journalistes s’empareraient de l’info si jamais elle s’avérait vraie tant elle paraissait incongrue : Beacon Hills faisait partie de ces villes où le meurtre et les disparitions étaient si fréquentes que les délits mineures avaient eu tendance à diminuer drastiquement avec le temps. Question de karma sans doute.

Dans tous les cas, les collègues de Shawn ne prenaient pas trop l’information au sérieux, certains étaient visiblement encore plus tir au flanc que le jeune homme. L’alliance café-donuts-fauteuil avait d’étranges effets sur le zèle des forces de l’ordre, à moins que ce ne fût la crainte de mourir en agonisant dans une ruelle sombre. Il n’y avait que trop rarement de demi-mesure dans une ville telle que Beacon Hills, et quelque part, cela plaisait à Shawn. Le jeune homme sorti donc dans la nuit pour faire un check-in …

Par habitude, il jeta un œil au ciel et observa sans surprise le croissant lunaire émettant sa faible lueur. Sa condition de Werebear le forçait à connaitre le calendrier lunaire par cœur, les pleines lunes hivernales étant particulièrement difficile. Tout en conduisant il esquissa l’ébauche d’un sourire, il y avait quelque chose de pathétique dans l’influence qu’exerçait sur lui cette sphère pourtant à des centaines de milliers de kilomètres de lui …

Quelques minutes plus tard, Shawn était enfin au centre-ville. Les lieux étaient silencieux, et seul le grésillement de la radio troublait la quiétude du lieu. Il se décida cependant à sortir de sa voiture pour vérifier les ruelles alentour avant de faire un check-in au poste.

Le silence environnant avait quelque chose d’oppressant bien qu’il ne fut guère étonnant au vu des circonstances. Au bout de quelques minutes, l’adjoint se rendit à l’évidence : l’appel était une intox.
Il se dirigea alors de nouveau vers la voiture, la redémarra, saisit la radio pour informer le poste, et dans le même instant s’aperçu qu’il avait crevé.

« Merde. »