Vous connaissez cette impression que quelqu'un vous suit, vous savez comme dans les films ? Et bien moi j'avais cette impression toute la journée. Dès que je suis arrivé à l'université, dès que j'ai ouvert les portes d'entrée, dès que je marchais dans les couloirs, dès que j'ai échangé quelques livres et manuels dans mon casier... J'avais toujours cette impression incessante que quelqu'un me suivait, comme une ombre, et que la personne en question épiait mes moindres mouvements. Ce petit jeu du chat et la souris commençait sérieusement à m'agacer mais en même cela m'intriguait. Je ne savais pas ce que cette personne avait derrière la tête mais je comptais bien le savoir d'une façon ou d'une autre, même s'il faut que j'en vienne à être méchant comme jamais auparavant avec cette groupie de l'ombre insistante. D'ailleurs, j'avais beau vouloir savoir qui était cette personne, je n'arrivais jamais à tourner la tête au bon moment pour apercevoir qui c'était. J'avais même essayé de la prendre à son propre jeu mais rien à faire, je n'arrivais pas à la coincer assez subtilement pour pouvoir voir qui c'est. Je jetais alors l'éponge, soupirant, énervé, avant de me diriger vers la salle où se déroulerait mon premier cours de la journée. Je m'asseyais donc assez bas pour pouvoir entendre le professeur mais aussi assez haut pour ne pas qu'il me voit griffonner sur mon cahier ou jouer avec mon téléphone à un de ces jeux stupides quand on s’ennuie profondément.

Le cours se déroulait merveilleusement bien, même si je n'étais absolument pas attentif, je savais qu'il n'y avait presque pas de perturbations dans la classe. Et puis soudain, j'eus encore cette sensation de tout à l'heure. Quelqu'un ne faisait que me jeter des regards furtifs bien qu'insistants. Le problème c'est que je n'avais pas la tête assez tournée pour avoir cette personne dans mon champ de vision et donc savoir de qui il s'agit. Je décidais alors de tourner la tête vers "elle", lui lançant un regard des plus noirs tellement ça m'énervait quand "elle" me regardait. Oui "elle" car c'était une jolie blonde qui ne faisait que me regarder avec insistance depuis tout à l'heure. Je soupirais d'énervement, détournant la tête, toujours bien décidé à savoir ce qu'il lui prenait à me dévisager comme ceci. Vue comment était la nature de son regard, cela m'étonnerait fortement que ce soit une de ces filles qui cherchent à m'accoster pour avoir mon numéro. Je ne savais pas ce qu'elle avait avec moi, mais je n'étais vraiment pas content de ses agissements. J'attendrais donc la fin du cours pour voir ce qu'il se passe.

Cela devait bien faire une dizaine de minutes que j'étais en train de jouer avec mon stylo quand la sonnerie de la fin des cours retentit. Je rangea mes affaires rapidement, me dirigeant hâtivement vers la porte de sortie, lançant un regard avec un petit sourire malicieux aux coins des lèvres à cette fille blonde qui ne m'était pas sortie de la tête pendant tout le cours, avant de sortir. Je me demandais si elle allait encore me suivre ou non et donc je fis mine de partir tranquillement, ne me souciant absolument pas d'elle. En fait, je marchais doucement pour qu'elle puisse me rattraper, bien évidemment. De toute façon, si elle ne venait pas me voir, j'avais son odeur et je pouvais très bien aller la voir pour lui dire deux-trois mots au sujet de ses regards dérangeants. Je n'aime pas quand on me regarde comme ça, et encore moins qu'on ne m'explique pas la raison de ces regards. Passerais-je pour le gentil Roy, celui charmeur, ou pour le méchant Roy ? Je verrais bien ce que j'ai en face de moi, après tout.

Je déambulais dans les couloirs et entre les élèves, sachant pertinemment que la jeune fille blonde me suivait comme un chien. Je sentais son odeur si près de moi que ça en devenait presque exaspérant. Je continuais mon chemin dans l'université quand, tout à coup, elle vint se poster juste à côté de moi. Avant même que je m'en rende compte, elle me saisissait par l'épaule et me poussait littéralement vers une classe vide, dont je me pris presque la porte en pleine figure. Heureusement, celle-ci s'ouvrit à la volée sans que je me la prenne dans la tête violemment mais aussi sans que j'eus le moindre mouvement à faire. La blonde entra à son tour, refermant rapidement la porte derrière elle. Je n'aimais pas du tout ses manières de faire. Après m'avoir dévisagé avec insistance, elle se met à me kidnapper dans une salle de cours vide ? Non mais j'y crois pas, elle se prend pour qui celle-là ? Je ne me croyais pas aussi populaire que ça quand même ! Non, plus sérieusement, elle commençait sérieusement à me taper sur le système.

De plus, elle me certifia qu'elle n'était pas folle ou dégénérée mais, de mon point de vue, si, elle l'était. Je gardais quand même ce sourire malicieux au coin de mes lèvres, même s'il ne traduisait pas réellement ce que je ressentais. J'en avais vraiment marre de jouer les gentils et, étant donné que personne ne pouvait nous voir, je pourrais me lâcher un peu mais bon, je ne voulais pas tâcher ma réputation de grand dragueur invétéré qui a toujours le sourire aux lèvres alors je faisais semblant d'être "heureux" et souriant. Je la regardais donc de mes yeux ténébreux, toujours ce sourire rusé scotché sur le visage.

▬ Je ne savais pas que j'avais autant de succès ! Malheureusement pour toi, tu es, comme toutes les autres, tombée dans mes filets, rétorquais-je avec espièglerie.

Ensuite, elle m'annonça qu'elle avait un truc à me dire, un aveu, la vérité, ou quelque chose comme ça. Je pensais tout de suite à un truc comme « Oui en fait faut que je t'avoue que j'en pince pour toi » ou un truc dans le genre, surtout vue l'attitude qu'elle adoptait avec moi, sa timidité, ses roulements d'yeux, etc., ce qui me fit encore plus sourire qu'auparavant. Cependant, je ne me rendais pas compte que je me mettais complètement le doigt dans l’œil, et bien profond en plus. Enfin bref, elle se présenta à moi en m'annonçant qu'elle s'appelait Hayley Montgomery et elle fit allusion à ses jeunes années quand elle était encore toute petite. Malgré cela, je ne me souvenais pas d'elle, si jamais ce devait être le cas. Même son prénom ou son nom de famille ne me disait absolument rien. Heu...je crois bien qu'elle s'est trompé de personne car je ne l'ai jamais vu avant aujourd'hui. Finalement, je pense qu'elle pourrait se remettre en question quand elle disait qu'elle n'était pas folle, parce qu'elle l'est vraiment ! Ou sinon elle me confond avec quelqu'un d'autre, j'en sais trop rien au final. Oh et puis ça commence à me gonfler tout ça ! Elle a intérêt à très vite me dire ce qu'elle a derrière la tête sinon je vais finir par réellement devenir le pire des connards ! Je l'avoue, quand il s'agit d'aveux, j'aime quand on ne tourne pas autour du pot sinon je finis par perdre patience très vite.

▬ Je suis Roy Lostburn, enfin ça je pense que tu le sais déjà, répliquais-je avant d'ajouter avec un sourire machiavélique comme je les aime : Si tu crois que l'on s'est déjà rencontré à l'époque du bac à sable, c'est que tu te mets le doigt dans l’œil ma jolie parce que je ne te connaissais pas avant que tu ne me kidnappe pour me dire, apparemment, quelque chose d'important.

Qui était-elle réellement ? Je n'aimais pas ça, savoir qu'elle semblait me connaître alors que moi absolument pas.