On ne choisit pas de s'attacher à quelqu'un. Notre cœur le fait pour nous.

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Pourquoi fallait-il que ma sœur se comporte toujours comme une espèce d'adolescente rebelle ? Elle veut me faire payer quoi au juste ? La mort de nos parents peut-être ? Voir aussi leur déménagement ? Je ne la comprenais plus. Je ne pouvais pas lui dire que notre père m'avait menacé, si je m'étais mise en tête de proposer à ma sœur de venir vivre avec moi. Pourquoi me croirait-elle alors que le principal intéressé n'est plus là pour se défendre, face à de telles accusations ? Même moi, j'aurai des doutes si les rôles étaient inversés. Mais se qui est certain, c'est que Sidney était parvenue à grimper bien haut sur l'échelle de la mauvaise foi, des coups fourrés et de l'arrogance. J'ai même préféré quitter l'appartement pour quelques heures. Si j'étais restée en la présence de l'adolescente, dieu sait ce qu'il se serait passé.  Je peux aussi m'en douter mais je ne veux pas l'admettre. Je ne peux pas parvenir à me résoudre à la vérité. Je suis un danger pour ma petite sœur. Mais celle-ci encore mineure, je reste sa seule famille. Sans moi, la gamine finirait dans un foyer en l'attente de sa majorité. Bien qu'elle soit la reine des emmerdeuses, je suis sa grande sœur et je ne peux pas me résoudre à lui offrir un tel avenir.

Au moins, il y avait du bon dans cette histoire. Je pouvais me féliciter de ne pas l'avoir démembré ou étripé ou simplement dévoré. Sidney n'était encore au courant de rien du tout et ce n'était pas plus mal. Qui sait ce qu'elle fera le jour où elle le saura. Mais débutante dans le monde étrange du surnaturel, je suis encore loin de me contrôler à la perfection. Cette fois, je m'en suis sortie grâce à mon point d'encrage. Penser à Peter m'a aidé à ne pas assassiner ma frangine. Au lieu de cela, j'ai pris la poudre d'escampette. J'ai peut-être gagné d'un côté, en me contrôlant un minimum. Mais de l'autre, je sais que j'ai perdu du terrain, puisque ma sœur verra cela comme une petite victoire pour elle. Et ça m'énerve.

J'avais ruminé tout cela pendant le petit kilomètre que je venais de parcourir. Puisque je me trouvais en plein cœur de la ville, autant perdre du temps en prenant un verre dans le premier bar que j'allais croisée. C'est ce que j'ai donc fait, ne m'éternisant pas plus d'une heure ou peut-être bien de deux. Je découvrais que Peter ne m'avait pas menti, l'alcool ne me faisait plus rien. Dommage, parce que là, je n'aurais pas été contre être légèrement pompette le temps de rentrer chez moi. Déçue à cette idée, alors que je n'ai jamais été une grande fêtarde pourtant, je repartais après avoir laissé un billet sur le comptoir, à côté de mon verre à présent vide.

Dehors, je regardais toutes ces personnes qui se hâtaient pour faire la fête. Ils n'imaginaient sûrement pas la chance qu'ils avaient de pouvoir ignorer ce qui les entoure réellement. Je remarquais ensuite qu'à vol d'oiseau, je n'étais pas bien loin de chez moi. Quitte à avoir des « supers pouvoirs » de loup-garou, autant m'en servir. Mon idée était de prendre par la ruelle à côté, pour ensuite passer par les toits. Et je la pris cette ruelle. Ce n'était pas l'idée du siècle. Un homme sortit de je ne sais où. L'odeur qu'il dégageait, laissait plus que sous-entendre qu'il avait bu une bouteille de trop, si ce n'est plus. De premier abord, je faisais mine de ne pas faire attention à lui. Mais une fois cet être répugnant près de moi, un haut le cœur me prenait presque. S'il se rapprochait à ce point ce n'était pas pour parler de la pluie et du beau temps, ni même pour discuter des étoiles qu'on ne voit pas du tout de là où nous étions. Je le repoussais une première fois, quand il tentait de poser ses grosses mains dégoûtantes sur moi. Et bien sûr, bien des hommes appellent salope, justement la femme qui ne veut pas agir en tant que telle. Il tenta de se montrer bien plus agressif et cette fois, je perdis patience, l'attrapant par un bras, je le balançais dans le mur. Mais perdant aussi le contrôle, je sentais une envie de meurtre qui grandissait en moi. N'étant plus vraiment moi-même, un grognement m'échappa. Je pouvais alors deviner que mes yeux avaient changé de couleur, que mes crocs étaient apparents, quant à mes griffes, je les voyais parfaitement au bout de mes doigts.