Cora & Isaac

Les rayons de la lune peinaient à traverser les nuages, plongeant la ville dans un manteau obscur dont seuls les quelques lampadaires offraient une maigre lueur, suffisant pour éclairer quelques parcelles bétonnées. Les rues, sombres, étaient baignées dans un silence profond et chacun de mes pas qui touchait le sol résonnait et brisait le silence installé par le couvre-feu. Cela faisait près de trois années que je n'étais pas venue et il y avait encore eu de nombreux changements, comme ces règles installées par le shérif afin de protéger les populations humaines face à ces problèmes qui survenaient la nuit. Je n’étais de retour que depuis très peu de temps, mais cela ne m’empêchait pas de connaître ce qu’il se passait en ville, surtout avec toutes les rumeurs qui allaient bon train. Et si j’étais revenue ici, c’était pour renouer avec mes anciens contacts, avec ceux avec qui j’avais combattu trois années auparavant. Il ne m’était pas difficile de savoir où ils habitaient, me souvenant des endroits que j’avais visité à l’époque mais j’avais, pendant près d’une journée, cherchait la maison d’une personne bien spécifique. Une personne que je tenais à revoir, au fond de moi. Isaac, celui qui m’avait rejoins dans mon escale dans les états d’Amérique du Sud mais qui avait fini par partir pour l’Europe, pour des raisons que j’avais comprise. Mais son départ m’avait véritablement attristée. Je ne m’attachais que très peu, mais avec lui, ça n’avait pas été dur. Nous avions pu vivre quelques aventures, presque dignes d’une vie normale, hors du surnaturel. Aujourd’hui encore, ces souvenirs ne cessaient de se rappeler à moi sans aucune raison particulière. Mon pas était rapide, afin de ne pas m’attarder dans chaque rue et je ne peinais pas à trouver mon chemin, même si cela faisait un certain temps que je n’étais pas venue.

Je savais qu’il était partie en Europe avec Chris Argent, un chasseur de la famille de ceux qui avaient mis le feu à ma demeure familiale, brûlant une partie de ma famille. Le frère de celle qui était responsable de tout cela et désormais, il me semblait qu’il vivait avec lui de ce que j’avais compris. Nous avions déjà parlé de certaines choses, mais je ne connaissais pas la nature de sa relation avec cet homme, pas en détail. Je ne savais même pas si en cet instant, il était présent chez lui ou si ce serait sur le chasseur que j’allais tomber. Mais je prenais le risque, ne voulant pas attendre plus longtemps pour ces retrouvailles car j’avais horreur de cela. Attendre. Patienter. Lentement, les nuages avançaient dans le ciel nocturne et quelques rayons se frayaient un chemin, offrant un magnifique spectacle et laissant entrevoir la lune, qui était loin d’être pleine. Il y avait tout autant de chances que je tombe sur l’un, comme sur l’autre. Et j’espérais l’un plus que l’autre. Au travers de la rue dans laquelle je m’étais enfouie, les maisons se succédaient sans cesse jusqu’à ce que je ne m’arrête face au bon numéro. J’aurais pu plonger mon regard vers les fenêtres pour y déceler un quelconque mouvement, pour voir qui se trouvait à l’intérieur mais d’un pas vif, je m’étais mis en route vers la porte et m’étais stoppée net devant. Presque instantanée, j’avais frappé quelques coups sur la porte. Un bref mouvement du regard vers une fenêtre avoisinante et après cela, n’aimant pas restée plantée ainsi, je pris la liberté de poser la main sur la clanche de fer afin d’ouvrir et lentement, poser un pas dans la pièce. La porte n’était pas fermée à clés, mais dans le salon, il n’y avait nulle âme qui vive. Seule une petite lumière était allumée, ainsi que la télé vers laquelle je m’avançais après fermée l’entrée. Isaac ? J’avais prononcé son prénom d’une voix forte, afin d’être entendue si jamais il se trouvait à l’étage supérieur. C’est moi, Cora. Je m’avançais légèrement dans la maison, regardant les alentours, la décoration, les photos qui pouvaient se trouver. Faisant au final, un peu comme chez moi bien que je n’avais plus réellement de chez moi à proprement parlé. En entendant des bruits de pas descendre les escaliers, je me retournais. Intérieurement, je priais pour que cela soit Isaac et non quelqu’un d’autre. Peut-être aurais-je dû attendre dehors. J'aurais pu.

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