Je n'étais pas forcément enthousiaste lorsque Michaël nous a dit qu'il voulait quitter Phoenix pour venir ici. Ca avait tout l'air d'un mauvais plan. Typiquement le genre de projet qui allait nous attirer des ennuis. Mais je n'ai pas refusé, j'ai suivi le mouvement. Principalement parce que le reste de la meute l'a suivi, dont Eden et Mira. Mais maintenant que nous sommes là, je dois avouer ne pas beaucoup aimer ce que je découvrir de la ville. Il se passe beaucoup trop de choses qui attirent l'attention sur nous, les créatures surnaturelles. Définitivement, plus j'en apprends sur la ville et les événements qui s'y sont déroulés et qui s'y déroulent encore, plus je sens qui va forcément s'attirer des ennuis. Je ne sais pas encore comment, mais cela ne saurait tarder. Déjà un peu moins de 24 h et déjà des tonnes de mauvais préssentiments. Et quand je sors de la douche, je me rends compte qu'Eden n'est plus là. Bien que j'ai confiance en elle, la laisser aller se promener seule dans les rues de la ville ne me plaît pas spécialement.

Je prends quand même le temps de me sécher et de m'habiller, avant de finalement descendre. Michaël est déjà dans le hall, il lit quelques journaux qu'il a réussi à dénicher en ville. Il me regarde et je lui signale simplement que je vais faire un tour en ville pour faire quelques courses. Il me donne quelques conseils, que je n'écoute que d'une oreille. Je ne suis pas la plus impulsive de la meute et même si j'ai encore parfois du mal à contrôler mes pulsions quand elles surviennent face à des événements importants, je peux me contrôler. J'ai conscience de ne pas être à l'abri, de représenter un danger. Mais dans la peur immense de ma mère, j'ai appris beaucoup de choses pour me contrôler et rester discrète, éviter les accidents. Mais le stress des villes américaines et leur ambiance sont différentes de ce que j'ai connu dans l'enfance. Il m'a fallu apprendre de nouvelles choses, de nouvelles méthodes de contrôle. Malgré tout, c'est encore difficile parfois. Je sors de la maison et je vais jusqu'en ville, je repère surtout. Je passerais à l'épicerie quand je prendrais le chemin du retour pour ne pas porter les sacs inutilement. Je m'arrête pour prendre un café au starbucks avant de reprendre ma route. Et en passant devant le centre commercial, je repère l'odeur d'Eden. Je remonte la piste en regardant autour de moi avec une certaine curiosité. Et finalement, je la repère. Je laisse quelques dollars pour récupérer des jetons au guichet pour ne pas m'attirer les foudres du guichetier puis je la rejoins. En la rue jusqu'à la salle d'arcade, je l'ai entendue jurer. Enfin, commencer à jurer. Je m'approche d'elle et m'accoude à sa borne : « Le jeu fait de la résistance ? ». Je la regarde un instant avant de regarder autour de nous. Je ne crois pas être déjà rentrée dans un endroit pareil. C'est assez encombré, ce qui rend les déplacements difficiles et très bruyant. Je n'apprécie pas tellement l'endroit. Mais je peux comprendre qu'elle y soit bien. Je la regarde à nouveau et demande : « Bien dormi ? ».

Je sais bien qu'elle n'a pas besoin de me voir pour savoir que je suis là. L'odeur et la démarche. Avec le temps, on a appris à se reconnaître sans avoir besoin de se voir, rien qu'à nos bruits de pas. Enfin, moi en tout cas, je n'ai pas besoin de cela. Lorsqu'elle me dit que le jeu est nul, je n'ai aucun mal à reconnaître la mauvaise foi de mon amie qui n'apprécie pas de perdre. Cela me fait sourire amusée, parce que dans le fond, je trouve ça mignon. Mais quand elle grogne, je perds le sourire. Cette fois ce n'est plus mignon, c'est juste dangereux. D'ailleurs, je lui dis : « Eden... Soit plus prudente s'il te plaît... ». On ne connait pas cette ville, on ne sait pas qui pourrait nous vouloir du mal, surtout avec tous ces événements qui se produisent ici. C'est surement rabat joie, mais j'ai déjà eu affaire à des chasseurs et je n'ai pas envie de recommencer.

Cela n'entame pas ma bonne humeur cependant, et ne me met pas particulièrement en colère contre elle. Je l'aime beaucoup trop comme ça. Je souris un peu en l'entendant me dire qu'elle n'a pas dormi cette nuit à cause de la ville. Je la regarde un moment avant de répondre puisqu'elle m'a retourné la question : « Comme un loir ! » mais je prends la précaution de demander : « Tu es sûre qu'il n'y a que la ville ? ». Laisser Eden se balader dans une ville nouvelle avec des préoccupations supplémentaires serait une mauvaise idée. Elle peut encore avoir du mal à se contrôler, pas par manque de volonté mais par pure impulsivité. Je crois que c'est quelque chose qui ne changera jamais.

Je la laisse changer de borne, regardant autour de nous. Il est visiblement beaucoup trop tôt pour les gamers. La salle est vide, il n'y a que le guichetier. D'ailleurs je rejoins Eden et lui tend mes jetons parce que je ne m'en servirais pas, clairement avant de dire : « Mais je dois avouer que je ne suis pas très à l'aise ici. On n'aurait peut-être pas dû venir ». Je ne peux pas aller à l'encontre des ordres de Michaël, mais je n'apprécie pas tellement la ville. J'ai comme l'impression qu'on va s'attirer des ennuis ici. Je ne sais pas bien pourquoi mais je sens que c'est mauvais pour nous d'être là. Peut-être que les habitants de la ville me montreront que j'ai tort de m'inquiéter et que je peux profité de mon séjour pour en découvrir plus sur l'histoire de la ville, qui sait. On ne sait jamais, je préfère me laisser surprendre. Mais je reste quand même méfiante. Puis je réponds : « Un peu oui. Je suis curieuse de savoir pourquoi on est là, pas toi ? ».

Il est trop tôt pour que la salle d’arcade soit peuplée, ce qui nous laisse le champ libre pour y faire ce que l’on veut. Pas besoin d’attendre, pas besoin de se mêler aux odeurs des adolescents attardés. Je souris un peu en regardant Eden. Je suis heureuse de ne plus avoir de secret pour elle. De ne plus avoir à lui cacher ma condition de créature surnaturelle. Et je suis vraiment contente que sa mutation se soit bien passée. Même si elle a encore quelques petits soucis de contrôle, je sais qu’elle réussira à s’en sortir et à surmonter ces difficultés de gestions émotionnelles. Je serais là pour l’aider. Enfin, on apprendra ensemble, puisque j’apprends encore des tas de choses de la violence de mon espèce. Eden finit par me répondre que c’est la ville en partie et le fait qu’elle s’ennuie. Je peux comprendre ça. Alors je lui dis : « On pourrait trouver des choses à faire ? Je suis sure qu'il y a des bars sympas dans le coin ! ». J’aime bien les bars, l’ambiance qu’on y trouve, les cocktails et les cacahuètes grillées. Les fléchettes ou les flipper des vieux bars à l’ancienne. Cependant j’ajoute : « En plus de la salle d'arcade bien sûr... ». Je souris un peu moqueuse, mais je comprends ce qu’elle peut trouver ici.

Mais cette ville, je ne suis pas encore sure de l’aimer. C’est trop récent. Et j'aimais bien Phoenix. On y était bien, on avait nos habitudes, nos repères. On savait comment s'amuser sans prendre de risques. Et j’ai eu suffisamment de mal à m’y habituer. Passer des villages mexicains aux grandes villes américaines, c’est un pas énorme. Les choses sont différentes ici. Et je ne sais pas pour combien de temps nous resterons. Michaël nous a dit vouloir venir ici pour vérifier que les évènements de Beacon Hills ne s'étendent pas jusqu'à chez nous. Mais c'est étrange. Il a surement une autre raison et quand nous comprendrons, je ne suis pas sure que cela nous plaira beaucoup. D’ailleurs, elle confirme mes pensées et mes inquiétudes. Je souris un peu tristement avant de lui dire : « Je suis d'accord ». Mon regard s’assombrit légèrement, avant de retrouver leur confiance et leur éclairage naturel. On s’en sortira. Peu importe ce qui se passera dans cette ville, on l’affrontera ensemble, comme toujours. Je reprends la paroles pour dire : « L'ambiance est étrange ici. Je n'aime pas tellement ça, j'ai l'impression d'être passée à la loupe dès que je fais un pas » je la regarde simplement puis je lui dis : « C'est pour ça qu'on doit être plus prudentes que d'habitude, tant qu'on ne sait pas ce quit ». Je pose ma main sur son épaule, l’embrasse sur la joue avant de la contourner pour faire le tour de la salle regardant les jeux qui sont présents. Je ne suis pas sure de pouvoir trouver un jeu qui me plaise mais j’aimerais pouvoir trouver une borne où on pourrait jouer à deux. Jusqu’à tomber sur une borne de jeu munie de deux pistolets, je regarde le jeu un instant, puis je me tourne vers Eden et propose : « Et si on tuait quelques zombies ? ».

Et me voilà à proposer des virées en bar. Alors que je sais qu'Eden peut avoir du mal à se contrôler parfois. Et moi aussi d'ailleurs, même si je suis moins impulsive et émotive qu'Eden je suis plus jeune et je suis une jaguar. Autant dire que la violence est inscrite dans mes gênes. C'est un miracle que je n'ai jamais tué personne. Merci à ma mère qui m'a toujours protégée. Alors oui, je suis un peu dingue il faut croire. Mais bon, on a presque le même âge et selon certains j'ai l'âge de m'amuser sans penser aux conséquences et de laisser les aînés me protéger. Et l'alpha aussi. Mais je doute qu'il nous protégerait si on avait des problèmes. Enfin, si, mais cela pourrait aussi nous coûter la vie. Il n'est pas toujours très sympa, il faut bien le dire. Mais bon, Eden et Mira sont comme ma famille. Je les aime. Elle me répond et je souris un peu en lui disant : « Mais bien sûr qu'il le sera. Heureusement pour nous, le bon whisky est le même partout ». Je souris amusée, parce que c'est le cas. Une bonne bouteille est une bonne bouteille partout.

Puis elle reprend la parole et je souris un peu. Elle aussi, elle protège les siens. On se ressemble un peu, d'une certaine façon. Et c'est surement pour ça qu'on s'entend si bien. Je souris et je lui dis : « Je sais. J'ai confiance en toi, et tu le sais ». Je souris et je lui dis : « Mais évitons de tout brûler, je ne suis pas trop feu de joie ». Je ris un peu. Il y a surement des tas de gens innocents ici et j'aimerais éviter qu'on entre dans leur vie à coups de griffes. Voilà, c'est un peu comme ça que je nous vois. Nous devons traverser le monde sans nous faire remarquer et le protéger plutôt que le détruire. On nous a offert des capacités hors normes, il nous faut les utiliser correctement.

Lorsqu'elle perd, cette fois, elle soupire. Et je souris en l'embrassant sur la joue avant d'aller explorer un peu la salle d'arcade jusqu'à lui proposer un jeu. Elle s'approche avec un sourire malicieux en me provoquant un peu et je lui dis : « Tu veux rire ? Je serais une super héroïne ! ». Je ne joue jamais mais j'ai d'excellents réflexes et je comprends vite. Alors j'ai toutes les chances de survivre à une apocalypse ! Et de pouvoir y passer un peu de hargne par la même occasion. Une fois qu'Eden est là, je glisse un jeton pour lancer le jeu, effectue les réglages au besoin puis j'attrape une arme. C'est partie pour une petite chasse au zombie. Et rapidement, quand l'écran est envahi de créatures aussi ignobles qu'hilarantes, je commence à tirer, ayant l'oeil vif et un tir relativement précis pour une inexpérimentée des jeux vidéos : « Ahahah ! Dans les dents sales petites raclures de macabés ! ».

Visiblement, mes paroles ne sont pas tombées dans l'oreille d'une sourde. Et j'apprécie qu'Eden me réponde cela. C'est une bonne chose de l'entendre le dire, même si je sais que cela ne sera pas forcément encore le cas si d'aventure j'avais des ennuis. A moi de ne pas m'en attirer alors, n'est-ce pas ? Je souris et je lui réponds : « Un peu que ça me ferait plaisir oui... ». Je souris un peu amusée. Bien sûr que oui. Je n'ai pas envie d'attirer l'attention sur nous ou sur cette ville plus que de raison. Plus vite nous aurons compris ce qui se trame ici, plus vite nous en serons partis. Et en attendant, je préfèrerais que nous restions civilisés et tranquilles, autant que possibles.

Nous voilà en train de jouer. Deux filles luttant contre une apocalypse de zombies. Je ne joue pas souvent, alors il me faut toute mon attention pour réussir à les toucher. Je ne les touche pas tous dans la tête, mais ce que je ne touche pas dans la tête, je les touche ce qui les ralentit. Alors pour le moment, je ne suis pas en danger. A fond dans le jeu, je me permets même une remarque et l'instant d'après Eden poussa une exclamation de joie face à un joli tire ce qui me tire un léger rire. Je redouble d'effort pour ne pas avoir l'air d'une grosse débutante totalement nulle mais ça me demande vraiment beaucoup d'efforts. Et lorsqu'elle s'adresse à moi, je lui dis sur un ton très sérieux : « Je suis une fille pleine de surprise, qu'est-ce que tu crois ? » mais je ne peux m'empêcher de rire à la suite de mes propres paroles avant de rajouter : « Nan mais je n'ai jamais été aussi concentrée de toute ma vie ! ». D'ailleurs, à parler ainsi je manque de me faire mordre et je tire, touchant le zombie. Je pousse un soupir de soulagement et redresse un peu mon arme pour recommencer à jouer : « Tu vois ? Je le cache bien mais ça ne va pas durer longtemps ». Je ris à nouveau.

Elle me répond en me taquinant et ça me fait rire. Je suis plutôt bon public et j'ai moi-même tendance à l'autodérision sur certaines choses, donc cela ne me dérange pas. Et on se connait suffisamment bien pour se le permettre. Mais avant que je n’aie eu le temps de répondre, un zombie me frôle dangereusement. Une chance, j'ai de bons réflexes, j'arrive à lui coller une balle dans la tête. J'inspire et je rive à nouveau mon regard sur le jeu, dents serrées. D'ailleurs, Eden me dit que je l'ai échappée belle et me somme de rester concentrée.

Je ris un peu et je recommence à tirer, tuant tous les zombies que j'aperçois. Il me faut parfois m'y prendre à plusieurs reprises pour réussir mais le vide est à nouveau fait autour de mon personnage. Je profite d'un moment un peu plus calme pour lui dire : « Ce n'est pas si compliqué ! Tu vises et tu tires ! Un seul bouton, un seul objectif... » ! Si elle me mettait une manette avec plus de boutons j'aurais surement plus de mal à m'en sortir, mais là, c'est plutôt simple. Je reste à nouveau silencieuse me consacrant à la partie. Heureusement pour nous, nos réflexes nous aide à nous en sortir face à cette bande de zombies affamés. D'ailleurs je ne peux m'empêcher de constater : « Je crois qu'on s'en sortirais plutôt bien si demain les zombies envahissaient la terre ! ». Pour peu que nous ne soyons pas contaminées par la maladie, bien évidemment. J'ose croire que les were-créatures que nous sommes serions protégés, mais bon. On ne sait jamais ce qui peut arriver. « En tout cas, on fait toujours une super équipe ! ». Je recommence à tirer, silencieuse à nouveau, concentrée, et appliquée à ma tâche pour aller le plus loin possible dans le jeu. Je ne joue jamais mais je suis plutôt compétitrice, alors si nous pouvions exploser les meilleurs scores, je crois que je serais plutôt fière !