V iolet était, en temps normal, quelqu’un de relativement organisé. Son appartement était rangé, le ménage fait, pas de poils de chien recouvrant le canapé ou de fringues dans tous les recoins. Elle n’était pas maniaque, mais elle était ordonnée… Sauf quand elle était dans la cuisine. Violet était une piètre cuisinière lorsqu’il était question de préparer un repas mais la pâtisserie ça, c’était son truc. Le problème, c’est qu’elle en collait partout et se retrouvait envahie par le désespoir lorsque venait le moment de ranger. Mais elle n’en était pas encore là. Pour le moment, la musique résonnant à fond depuis le salon, elle était occupée à remplir un à un des moules à muffin sous les yeux gourmands de Kit, son chiot, qui ne semblait pas décidé à quitter la cuisine. C’est pas pour les petits chiens je t’ai déjà dit, lui rappela-t-elle, visiblement amusée, avant de se remettre à chantonner. Elle en avait encore fait pour un régiment mais peu importait. Elle trouverait bien quelqu’un à qui en donner, à commencer par Alejandra et surtout la petite Alycia qui, quand elle n’essayait pas de lui voler son chien, se révélait être une vraie gourmande. Et puis, Violet elle-même était une gourmande, elle arriverait bien à faire diminuer son stock elle-même.

Une fois sa première fournée dans le four, Violet eu tout loisir de remarquer l’ampleur des dégâts qu’elle avait laissé derrière elle et c’est avec un soupire découragé qu’elle entreprit de commencer son rangement, reprenant ses fredonnement là où elle les avait laissés. Elle commença par ranger tous les ingrédients bien à leurs places respectives dans les divers placards de sa petite cuisine avant de bazarder toute la vaisselle dans l’évier. Elle allait avoir du boulot avec tout cela. Elle était tellement motivée qu’au lieu de s’y mettre, elle entreprit d’attaquer le restant de pâte qui traînait dans un saladier à la petite cuillère. Partageuse, elle en fit profiter Kit, lui collant un peu de pate sur la truffe avant d’éclater de rire. Les derniers jours avaient été assez compliqués. Elle était encore un peu à côté de ses pompes à cause du rituel qu’ils avaient réalisé au Nemeton mais elle n’était pas pour autant pressée d’aller se coucher et de retrouver le sommeil agité qui était le sien ces jours-ci. Alors elle s’était mise à faire des gâteaux, sans prendre en compte l’heure qu’il était ou le temps que cela lui prendrait.

Violet en était à racler le fond du saladier de l’index, beaucoup plus efficace que la cuillère à café, lorsqu’elle entendit Kit aboyer une fois avant de filer en trottinant. Fronçant les sourcils, elle se releva et parti à sa suite. Pour qu’il abandonne la perspective de mettre son nez dans la pâte à gâteau, c’est qu’ils devaient avoir de la visite.

Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir, après avoir déverrouillé et ouvert la porte, de découvrir son voisin, Jordan Parrish, sur le palier… En uniforme. Elle s’arrêta brusquement de chantonner, le dévisageant des pieds à la tête. Découvrir un officier de police derrière sa porte n’était jamais très rassurant et elle qui n’était quasiment pas sortie ces derniers jours en arrivait à se demander quelle bêtise elle avait pu faire. Bonsoir, pourrais-tu baisser le son s’il te plait ? lui demanda-t-il avec un sourire. La… Oh ! s’exclama Violet. Un peu à l’ouest dernièrement, elle n’avait pas réalisé l’heure qu’il était, ni même pensé que sa musique pouvait gêner les voisins. Elle n’avait pas non plus fait attention au fait qu’elle avait réussi, allez savoir comment, à se coller de la farine sur le visage – en partie parce qu’elle s’en moquait, après tout elle n’attendait personne.

Je suis désolée, j’avais pas fait attention. Je suis un peu dure de la feuille, s’excusa-t-elle. Elle sorti son téléphone de sa poche et coupa la musique diffusée par son enceinte sans fil, rétablissant le calme dans son appartement. Violet n’était pourtant pas une voisine chiante, en règle générale. Elle n’organisait pas de soirées trop arrosées, ne laissait pas de poubelles puantes sur le palier et tâchait de se montrer agréable avec ses voisins lorsqu’elle les croisait. Elle avait des défauts mais elle n’était pas une voisine insupportable. J’espère que les voisins ne t’ont pas fait déplacer pour ça. J’avais vraiment pas vu l’heure, j’étais dans la cuisine. Au cas où tu ne l’aurais pas deviné. Son tablier était quand même un indice assez révélateur de ses activités.