- Un entraînement:
Louis a aujourd'hui dix ans, un grand jour ! Outre le nombre à deux chiffres dont le garçon disposait désormais, c'était là une avancée majeure dans son évolution au sein de la famille. Jusqu'alors, le gamin prenait des cours assisté par sa mère Maria, sœur de la matriarche des Steels. De bonnes études pratiques afin de connaître ses futurs adversaires ! Les valeurs de la famille étaient facilement encrables dans l'esprit malléable du garçon, son caractère encore candide faisait de lui une parfaite petite poupée. Les loups-garou et autres créatures dangereuses étaient depuis longtemps dans l'esprit du garçon les pires des déchets ! Il était étonnant qu'un tel enfant éprouve de si extrême ressentiment face à autrui, en effet, Louis était un être parfaitement sociable, ouvert à tous ! L'éducation des Steels avait fait de ce garçon sans haine ni préjugée une vraie machine à détester l'ennemi... En ce jour de décembre, c'était avec son oncle Slade que Louis commencerait son cours ! Une leçon bien spéciale pour l'anniversaire du neveu de la matriarche. La matinée avait commencé par une simple promenade en forêt, chose dont le jeune Steel n'appréhendait pas beaucoup... Accompagné généralement de sa troupe s'amis pour les cours de Mme Maria, il devait désormais se contenter de la mine sévère de son oncle. Il ne faisait pas bon vivre pour le garçon lorsque la solitude frappait à sa porte. Le mot était ici légèrement fort, mais notre héros avait une vision de la solitude bien plus réductrice que les autres enfants. Bien que simple humain, son approche de la solidarité était presque similaire à celle des loups ! Il n'aimait pas rester seul, bien que cela doive être un jour ou l'autre inévitable...
Ainsi se retrouvèrent-ils au fin fond des bois. Le garçon avait grand intérêt à ne pas perdre son guide, l'étendue d'arbres étant bien trop grande pour son sens de l'orientation encore réduit ! Pourtant, c'est sans aucune gêne que Slade Steel demanda à son neveu de l'attendre contre un tronc, seul face à la nature sauvage. La peur n'était pas le maître mot dans l'esprit de l'enfant, les cours de sa tante lui avaient bien appris à contenir ce genre d'émotions, mais c'était la suite des événements qui provoquaient en lui cette boule au ventre... Il semblait que son intuition ne l'est pas trompé, car au retour de l'homme, une surprise l'attendait dans ses mains. Cela faisait alors une heure que le jeune Steel avait attendu patiemment contre son arbre attribué.
« Tiens, c'est pour toi » fit Slade, tout en jetant dans les bras de Louis, un jeune louveteau, tout juste enlevé d'un terrier dans le dos de sa mère...
Le gamin sursauta, il ne s'attendait pas à ce "cadeau"...
« Pourquoi ? » Demanda-t-il de sa petite voix, exprimant une mine totalement déboussolée face à son oncle.
« J'allais oublier ! Cela va de pair avec ce présent ! » Il lui lança un long couteau, que l'enfant attrapa instinctivement, avec une habilité tout à fait encourageante.
« Mais... Mais ce n'est qu'un simple loup . »
« Quelle perspicacité mon garçon ! Tu l'utiliseras la prochaine fois, afin de repérer un réel loup-garou ! En attendant, ce sont les ordres. » Slade avait terminé sa phrase sur un ton beaucoup plus sévère qu'auparavant, il n'était plus question de jouer, et l'enfant le sentit bien... Ainsi exécuta-t-il rapidement la tache : un puissant et méthodique coup de couteau dans le petit animal... Un seul fin cri transperça les oreilles du meurtrier, suivit d'une longue et incessante coulée rouge le long de son pantalon. Louis prit une bouffée d'air, et reprit un contact visuel avec son oncle. L'enfant souriait, il avait accompli une mission, sa première, et non la dernière. Sa mère Maria dirait sûrement que c'est en ce jour que Louis trouva le réel chasseur en lui. Jusqu'alors dénué de véritable personnalité, le garçon se trouva un tempérament parfaitement adéquat aux attentes de sa famille. La tuerie venait de commencer !
Des Valeurs
Le petit Louis est assis sagement sur une chaise, devant son bureau. En parfaite contemplation face à une grande et imposante femme, le garçon écrit méticuleusement toutes les informations dont son "institutrices" lui fait part. Cette personne, c'est Maria Steel. Mère du présent enfant, elle enseigne à son fils, ainsi qu'à une poignée de gamins de la famille, les valeurs du clan. Un petit blond au premier rang lève la main : c'est Louis.
« Mais madame, et si on se fait mordre ? » Demande-t-il de sa voix naïve.
« Si tu te fais mordre . Tu mettras expressément fin à tes jours... » La réponse était simple, sèche, sur un ton inquiétant. Le jeune Steel redouta quelque peu sa mère... Elle était digne et imposante, le portrait craché de sa sœur Sharon, la matriarche. Bien évidemment, ces cours particuliers ne se faisaient pas au détriment d'une éducation traditionnelle. Aussi le garçon se rendait-il chaque jour de la semaine à l'école, tel un enfant normal. Une charmante institution bourgeoise de Paris, privée, afin de lui garantir un enseignement digne de ce nom. Louis était un garçon tout à fait sociable. Les enfants de sa classe avaient tous un avis tranché sur le cas du petit Steel : c'était une personne charmante, gentil et altruiste ! Aussi ne fut-il pas étonnent d'apercevoir le garçon converser avec chacun des élèves, une fois le cours de Maria terminé. Les discussions juvéniles de Steels pouvaient paraître perturbantes pour un citoyen extérieur au contexte familial. En effet, la mort et le meurtre faisaient partie intégrante de la famille, bien que ce dernier ne soit pas désigné comme tel... Les enfants étaient très vite imprégnés de la violence permanente du monde des chasseurs, et ce afin de leur éviter les craintes inutiles. Il était vrai que les peurs enfantines chez un Steel s'estompaient extrêmement vite. Tentez de montrer un film horrifique à un enfant du clan et observer sa réaction. Généralement, le gamin n'aura aucun mal à faire face au sang, aux monstres ou autres fantômes "ridicules". Pour le cas de Louis, son meilleur ami Dylan passa par sa phase "horreur". Une mode à l'école paraîtrait-il... Quoi qu'il en soit, le jeune Steel n'était jamais perturbé par une séance de cinéma monstrueux, ces idées de créatures imaginaires lui passant bien au-dessus de la tête... Bien évidemment, la règle la plus stricte pour notre petit héros, était de ne dévoiler aucune information détenue par la famille à ses amis d'école. Ce que le jeune garçon se tenait à faire, difficilement, il fallait le dire... De ce fait, les idées et conversations de l'enfant changer radicalement d'une école à l'autre. L'institution privée n'acceptait bien évidemment pas les évocations morbides de massacres en tous genre, dont Louis avait grande joie de raconter à ses collègues de clan. Tout jute sorti du cours de Maria, les gamins se mirent d'ailleurs rapidement en tête de commencer une partie d'Identité cachée". Un charmant jeu assez populaire chez les jeunes Steels, consistant à garder son rôle, ( distribué par des cartes) protégé de la conscience des autres joueurs. De loup-garou, chasseur à citoyen, l'enfant n'ayant pas réussi à garder son rôle caché se voyait attaché à une chaise pendant plusieurs heures. Une façon assez simple, et insidieuse, d'apprendre le camouflage social aux membres du clan, et ce, dès leur plus jeune âge ! Louis était particulièrement habile à ce jeu ! Joueur hors pair, le garçon se protégeait de toutes "accusations" par des mimics ou des réponses bien tournées. Aujourd'hui, tandis que la partie venait de commencer, Louis tira la carte du loup-garou... Il fit de grands yeux. Jamais il n'avait encore joué le rôle du loup, ainsi n'était-il pas prêt afin de contrer ses adversaires... Pas prêt à perdre, pour la première fois !
« T'es mort ! » lâcha l'une de ses camarades.
« Non j'suis pas mort !!! ». Malgré son grand désapprobation de la règle du jeu, le pauvre Louis due passer par le supplice de la chaise... Quatre heures. Quatre heures sans bouger, ligotées à la vieille chaise traditionnelle... Le jeune Steel n'avait pas apprécié du tout ! Le soir venue, il vint retrouver sa mère à la maison :
« J'voulais pas perdre ! Je voulais pas ! » « Mon grand, tu étais loup, de toute façon ! » répondit sa mère, d'un ton ironique.
« La carte du loup est beaucoup trop dure ! On ne peut rien répondre ! On est directement piégé ! Lorsque l'on tombe sur le loup-garou, on a perdu la partie en fait... » « Tu as tout à fait compris, un loup-garou a perdu dès son entrée en jeu... » « Mais je veux jouer ! Je veux pouvoir me défendre, mais c'est impossible, avec la carte du loup ! »« C'est parce qu'il n'y a rien à défendre... La prochaine fois que tu tireras la carte du loup, tu te désigneras, et accepteras la mort... »Des Convictions
Louis est dans la cour de récréation de son école. Profitant pleinement des quinze minutes de pause, avant de reprendre par une leçon de mathématiques, il se fait interpeller par Dylan, son meilleur ami...
« S'iiil te plaît Louis ! J'ai besoin de ton aide ! » Le garçon avait l'air plutôt honteux à l'idée de quémander un service à son camarade...
« Je t'écoute ! » lâcha son interlocuteur sans se poser de questions, reportant ses jeux avec l'un de ses groupes d'amis.
« Des grands... Ils n'arrêtent pas de m'embêter » Il baissa la tête... Cet avoue, bien qu'assez étrange, sans explications supplémentaires, tapa en plein dans l'ego de Louis ! Le garçon était connu pour son altruisme, aider la veuve et l'orphelin était pour lui un passe-temps.
« Pourquoi ils t'emmerdent ? » répondit le garçon avec un grand sourire.
« Parce que je suis faible... Regarde ce qu'ils m'ont fait... » Dylan dévoila ses bras. Ils étaient couverts de bleus, d'égratignures... Les marques interrompirent très vite le sourire de Louis. Ses yeux montraient désormais un garçon impliqué dans une histoire de persécution, et ne pouvaient pas rester les bras croisés ! La colère était déjà largement montée en lui... Assez pour se montrer seul, face au groupe de collégien fautif. Il n'y eut, à première vue aucune parole, seuls des regards, puis des rires aux éclats de la part des jeunes hommes... Louis n'hésita pas, ils avaient compris pourquoi il était là, et lui avait compris ce qu'ils avaient fait, les mots étaient inutiles. Ainsi frappa-t-il violemment son pied contre la figure de l'un des garçons (a priori le chef de groupe). Un coup de pied si bien placé que le pauvre collégien se fracassa le crâne contre une murette, à quelques pas de là. Ses amis, affolés, lui vinrent immédiatement en aide, tandis que Louis leur cria à quel point ils étaient pathétiques. Le garçon avait alors neuf ans... Il fallait dire que les enfants les plus âgés de sa famille lui avaient parfaitement appris à se défendre, et ce, malgré le peu de force que le gamin présentait. Il était désormais inutile de préciser à quel point le pauvre Steel eut des ennuis. Il manqua de justesse son expulsion de l'école, mais le garçon était fier, il avait protégé son ami, et désormais, aucun cas similaire ne lui fut rapporté ! Une fois de plus, l'exemplarité de Louis (uniquement d'après ses camarades de classe) fut prouvée. Personne ne sut réellement l'histoire, mais le jeune garçon était un petit héros, à l'échelle de sa petite école... Chez lui, sa mère le félicita. C'était bien une première ! Elle avait ajouté que c'était là l'esprit de la famille : se battre pour sauver l'innocent. Une idée fort belle, si l'on en oubliait les méthodes parfois extrêmes des Steels...
« Tu veux dire que ce que j'ai fait est bien ? Malgré les blessures que j'ai occasionnées ? » demanda timidement le petit.
« Il n'y a pas de limites à franchir pour la bonne cause. Tu pourrais tuer pour la bonne cause. Tu tueras pour la bonne cause. »De l'Impartialité
Ce fut à onze ans que Louis rencontra pour la première fois un réel monstre... C'était un soir. Louis préparait le dîner, comme il en avait l'habitude lorsque sa mère partait pour la journée. Il aimait particulièrement se renouveler dans ses plats, faire plaisir à Maria. N'allons pas jusqu'à dire que le garçon était un cordon bleu, mais il magnait l'art de la cuisine avec une précision étonnante. Tandis que le gamin déplumait le poulet, des cris se firent entendre au-dehors, suivi de la voix de sa mère. Lyana semblait elle aussi présente, elle était revenue quelques jours auparavant de mission dans une ville des Etats-Unis... La porte d'entrée s'ouvrit brutalement dans un bruit sourd, laissant pénétrer les deux chasseuses, extrêmement pressées et sérieuses... Leurs bras étaient encombrés par le contrôle d'un individu inconnu. Celui-ci était fou de rage, hurlant à travers la maison de sa voix rauque et déchirante.
« Louis ! Un couteau et une fiole » lança sa mère, plaquant violemment leur "invité" sur la table de la salle à manger. L'enfant n'eut pas besoin d'un second ordre, il s'exécuta immédiatement, attrapant l'arme la plus tranchante et un pot de poison préparé par Lyana. La créature était désormais allongée sur le dos, bientôt ligoté par Maria. L'homme tenta de se transformer, ses crocs devenant de plus en plus proéminents, mais Louis, sans même réfléchir, lui tranchant le doigt de son couteau ! Les cris ne furent jamais aussi puissants qu'en cette action, interrompant par ailleurs la mutation du loup...
« Bien joué » lâcha Lyana tout en attrapant les objets portés par son cousin. Elle lui avait fait un clin d’œil. Maria claqua brutalement l'homme, tout en laissant sa nièce lui injecter une mince dose de poison... Au même moment, la porte d'entrée s'ouvrit une seconde fois : c'était Hector Steel, le père de Louis.
« Que se passe-t-il ici ?! Maria ?! ». La peur ne se lisait pas dans ses yeux, seule la surprise, accompagnée d'une étincelle de courage pouvaient s'y lire.
« Dans le bois de Boulogne ! » commença la femme.
« Il s'en prenait à une jeune fille, moi et Lyana l'avons endormis afin de le ramener ici. Il s'est réveillé peu avant notre arrivée ! ». Les deux guerrières maintinrent leur contrôle sur le loup quelques instants avant de pouvoir relâcher la pression... L'homme était épuisé...
« Vous avez trimbalé ce gars dans tout Paris ?! » Questionna Hector, tout en se rapprochant de la table.
« Faire passer son coma pour une cause de l'alcool n'est pas difficile » lâcha Lyana, le sourire aux lèvres. Elle attacha une dernière corde aux jambes de l'homme avant de venir s'asseoir sur le canapé... Maria elle, n'en avait pas fini. Elle prit le visage du loup et tourna vers son regard.
« Y en a-t-il d'autre ? Donne moi des noms ! ». L'inconnu lui cracha dessus, tout en l'insultant de tous les noms. Sa voix faiblissait petit à petit... La femme se releva doucement, cet homme n'allait vraisemblablement pas bafouer son honneur aussi facilement. Après s'être lavé au lavabo, Maria attrapa un couteau de cuisine et le planta sans aucune gêne dans le tibia du prisonnier, arrachant à celui-ci un énième cri de douleur.
« Il parlera... » Fit-elle avant d'aller dans sa chambre. Visiblement fatiguée, elle donna ses dernières directives au reste de la troupe avant de se coucher :
« je n'ai pas faim, je m'occuperai de lui demain... En attendant, fermez-lui la gueule et veillez à ce qu'il ne bouge pas ! ». Louis, dans son coin, restait bouche bée face à la créature. Il se sentait petit, mais n'éprouvait aucune crainte. Il se retourna par ailleurs vers son père, prouvant à quel point la situation lui était désormais comme familière :
« J'ai pas eu le temps de préparer le dîner ! » Dit-il, coupable.
« Pas de problème. On mangera c'qu'il y a dans le frigo. » répondit Hector... La fin de soirée s'était terminée étonnamment en douceur. Le loup s'était endormi, après une dose de tranquillisant. Lyana, Louis et Hector mangèrent en quelques minutes, ils semblaient tous fatigués. Tous excepte le gamin, encore rayonnant !
« Louis, tu voudrais pas être un ange et veiller sur notre invité pendant que nous nous reposons un peu ? Je suis sûr que tu pourras le traiter à merveille ! ». Un second clin d’œil. Le garçon ne put qu'accepter, restant ainsi au chevet du loup, un livre en main... Deux heures passèrent avant que l'homme se réveille. Louis empoigna doucement son couteau, observant son prisonnier... Le loup tourna son regard vers l'enfant, il semblait souffrir.
« Un gosse... Dans toute cette violence... Vous, les chasseurs, êtes de plus dangereux psychopathes que ces pauvres loups que vous tuez... ». Son souffle était court, et ses yeux épuisés. Aucune tentative d'évasion n'était visiblement possible. Louis posa ainsi son arme :
« T'as tenté de mordre une jeune fille, c'est l'hôpital qui se fout de la charité ! ». Un mince sourire se dessina sur le visage de l'enfant, il semblait ravi de converser avec ce genre d'individu...
« Mordre ? C'est ce que cette femme prétend afin de faire passer mes actes comme cause de cette incarcération forcée... Cette fille comme tu dis, était ma petite amie... » « La mordre pour la rendre comme toi reste un crime... » répondit le gamin, sans gêne.
« Je ne tentais rien... Nous étions là-bas afin que je lui dévoile mon identité... Elisa m'avait embrassé... Elle n'avait pas eut peur de moi, jusqu'à ce que ces chasseuses me tombent dessus, m'accusant de ce qu'elles souhaitaient. ». Le loup semblait savoir qu'il ne repartirait pas de cette maison. Il se confiait étonnement à Louis, personne la plus susceptible en ce moment d'écouter ces derniers mots... L'homme se rendormit après quelques minutes de silence, laissant Louis seul dans ses pensées... Ce fut le lendemain que Maria lui répéta sa question... Le loup n'était pas disposé à répondre et seule une respiration lourde sortait de sa bouche. La chasseuse avait tout essayé, l'homme devait souffrir comme jamais, mais il semblait continuer à ne dire mot... La femme n'en pouvait plus. Elle attrapa le couteau :
« mon garçon, tu es inutile... ». Un coup dans le crâne et se fut fini... Le sang s'écoula abondamment sur le sol, mais Maria ne prit pas la peine de l'essuyer. Louis s'approcha de sa mère, il en avait assez peur...
« Il n'avait rien fait, il n'était pas passé à l'acte. » lui dit-il craintivement.
« C'était un loup avant tout... Mieux vaut prévenir que guérir. De futurs innocents seront épargnés ainsi. » lui répondit-elle dans le plus grand calme, posant sa main sur l'épaule de son fils.
« Le joueur du loup-garou ne peut se défendre, il a perdu dès son entrée en jeu »Du Courage
« Il me semble, mon cher Louis, que tu ne comprennes pas exactement la nature de ce que l'on combat... » Ce fut là les premiers mots de Maria, adressés à son fils lorsque le duo arriva enfin dans la résidence secondaire de la famille. Un chalet au milieu de la campagne, dans les Pyrénées. Un lieu plus qu'idéal afin de quitter le brouhaha de Paris, en quête de tranquillité. Une fois descendus de la voiture, ils se dirigèrent vers la large porte d'entrée en bois. La demeure semblait tout à fait charmante au premier coup d'oeil, mais à y regarder plus en profondeur, de multiples têtes de loup ornaient les murs de chaque pièce en guise de trophée. Le manoir aurait très bien pu faire office de maison des horreurs, mais Louis n'y voyait là que l'honneur de la famille, les combats qu'elle avait entrepris afin de se hisser dans les hauts rangs des clans de chasseurs. Malheureusement pour le garçon, sa mère ne l'avait pas envoyé là afin de retrouver ses origines... La femme avait un plan précis en tête. Immoral, inhumain et dangereux... Elle guidait son fils à travers les pièces, remontant bientôt le grand escalier principal afin de rejoindre les salles de l'étage. Les deux compères s'arrêtèrent finalement devant une porte de métal, un peu plus loin à travers le dédale de couloirs. La chambre qu'elle renfermait derrière ne semblait pas de bon augure. Aussi Louis prit-il immédiatement les devants en demandant ce qu'il se cachait derrière...
« Ton nouvel ami pour cette nuit mon garçon » lança sévèrement Maria.
« Qu'est-ce que ça veut dire ? » questionna le garçon, de plus en plus intrigué.
« Tu sembles aimer faire ami-ami avec n'importe qui, je te présente ici monsieur n'importe qui ! ». Elle avait ouvert brutalement la porte et poussé son fils à l'intérieur. Celui-ci, intrigué, ne tenta même pas de répliquer, avant de comprendre le stratagème... Un jeune garçon était assis sur une chaise, au centre de la pièce vide. Il semblait très fatigué, et donnait l'impression d'avoir une vingtaine d'années, bien qu'il fût tout aussi jeune que Louis.
« Je te laisse faire connaissance mon cœur ! Et attention, il paraît que la pleine lune engendre des troubles du sommeil, on se revoit demain ! ». Le jeune Steel se retourna brusquement. Il tenta de quitter la chambre au plus vite, mais il était déjà trop tard... La porte était verrouillée. Il avait parfaitement compris dans quoi sa mère l'avait empêtrée, et il était désormais seul, face à ce garçon.
« Je ne veux faire de mal à personne » commença l'inconnu d'un air paniqué. Il devait avoir été enlevé à ses parents par la famille...
« Parfait, alors tu vas rester là gentiment toute la nuit, et tout se passera bien... » répondit Louis sur un ton faussement ironique afin de masquer une peur qui fleurissait peu à peu en lui. En effet, la pièce était dépourvu de fenêtre, et il était ainsi impossible d'observer l'avancée de l'astre lunaire dans le ciel. Le jeune chasseur ne pouvait être prêt... C'était du suicide ! Il vint se poster devant son camarade d'infortune afin de lui parler les yeux dans les yeux :
« Okay mon gars, on va tous les deux passer une mauvaise nuit aujourd'hui, essaye de ne pas la rendre encore plus insupportable tu veux . ». Le garçon observa un moment son interlocuteur, le regard vide, poser sur sa chaise...
« Je n'ai jamais fait de mal à personne, je le jure ! ». Louis soupira
« Parfait... ». Il vint enfin s'asseoir à l'un des angles de la chambre, inspectant toujours d'un oeil son colocataire... Sa mère ne l'avait pas enfermé ici pour rien, et l'enfant savait pertinemment que sa nuit allait être agitée. Pourtant, il était vrai que les loup-garous restaient des êtres humains, et celui qu'il tenait en face de lui n'était qu'un gosse... Ce fut là une pensée bien réductrice, ou trop optimiste, de la part du petit Steel encore naïf, ayant jusqu'à présent coupé un doigt et égorgé un louveteau. Il n'y avait pas de quoi être très fier. Louis due pourtant rapidement se mettre à l'évidence, lorsque son camarade tomba brusquement de sa chaise, prit par de multiples sauts d'humeur...
« Calme-toi mon gars ! » fit gentiment le chasseur, avant de s'éloigner le plus loin possible de cette boule d'énergie devenant de plus en plus agressive. La créature adoptait une attitude animal, sauvage... Louis n'avait jamais encore eu l'occasion d'observer ce changement brutal et bestial. Ses yeux étaient grands ouverts, craintifs, face au monstre grandissant qu'il contemplait devant lui. "Ce gamin n'a que treize ans" se disait-il... Il était vrai que l'âge désormais n'était plus un facteur de référence quant à ses chances de survie... Il se recroquevilla afin de paraître le plus petit possible, mais rien à faire. La bête l'avait repéré, et ses yeux injectés de sang en disaient long sur ses intentions. Louis ne put que se préparer mentalement... Car un premier assaut féroce lui tomba dessus sans prévenir ! Il contra la créature grâce à ses jambes, qu'il cramponna aux épaules de son adversaire, afin de l'empêcher d'approcher. La furie était puissante, bien plus que le pauvre chasseur, piégé... Ses jambes faiblissaient face à la force du loup, se repliant peu à peu. Il s'extirpa alors ingénieusement de l'emprise, roulant sur le côté et libérant le monstre en plein dans le mur. Louis se remit rapidement sur pied, tandis que l'autre se tordait de douleur... Son front avait brutalement frappé contre le bois, et le sang commençait déjà à couler. La bête était en colère. Elle s'élança une seconde fois sur le chasseur impuissant, le plaquant alors sur le sol. Une chute lourde avait écrasé Louis contre le parquet, le loup désormais sur lui. Il se cabra comme il put, utilisant ses jambes comme ressort afin de se dégager de l'emprise. Son stratagème ne fonctionna pas sans dommage : la créature, tentant de mordre le cou du garçon, lui avait alors griffé l'entière partie gauche de son visage... Le chasseur frappa son adversaire d'un coup de pied dans le visage, avant de partir plus loin à travers la pièce vide. La blessure brûlait déjà énormément, mais l'offensive n'était pas fini, le monstre s'élança sur la table au centre de la chambre. Un rugissement terrible, suivit d'un saut rapide vers la pauvre "victime"... Louis s'était pris son adversaire de plein fouet ! Son crâne frappa violemment contre le mur, provoquant immédiatement une forte migraine. Malgré cela, le petit réussit à asséner à son agresseur un coup bien placé à la mâchoire... Toute sa volonté avait été envoyé avec cette attaque, et son pain n'avait pas été sans succès : le loup saignait abondamment... Il hurlait ! Le petit chasseur de son côté, tenta de se relever. Il titubait, et sa cervelle grésillait, comme attaqué par une fourmilière... Il vint pourtant se placer derrière l'unique chaise de la pièce, qu'il attrapa afin de se préparer au prochain assaut. La bête n'attendit pas... Malgré sa mâchoire déformée, il se borna à s'élancer vers son seul défouloir. Malheureusement pour lui, le faon était désormais armé, et un coup d'une extrême barbarie vint lui fracasser le crâne, déjà rouge ! Le monstre était à terre, grognant toujours plus de rage ! Mais Louis n'allait pas attendre une énième offensive : il s'approcha du corps de son adversaire, et prépara un second coup de chaise. Seulement... La bête n'avait pas dit son dernier mot. Le fou furieux attrapa hardiment la cheville de sa proie et la retourna violemment. Le jeune Steel tomba rapidement sur le sol face à son adversaire, rongé par la douleur. Sa cheville était brisée, mais l'adrénaline avait couvert une partie de la souffrance. Le loup en profita. Il s'accrocha au bras de Louis, marquant sa peau de rayures rouges, afin de remonter vers son visage ! Le garçon se débâtit, tentant desesperement de faire face à son mal de tête incessant... Il réussit difficilement à rattraper l'unique arme de fortune de la pièce, et frappa son adversaire dans le cou. Un craquement sourd, mais le monstre gardait encore sa force afin de mordre un bout de jambe... Louis devait faire vite, ou les crocs, s'enfonçant déjà dans son jean, allaient pénétrer la chaire ! Un ultime coup de chaise contre la bête lui détruisit les cervicales violemment. Un dernier râle à en déchirer les tympans, et ce fut fini... Pourtant, le chasseur enfourcha une dernière fois le pied de son arme, et l'enfonça de toute sa force dans le crâne de son opposant ! Un craquement horrible, des éclats sur le sol... Louis était sauvé... Il s'effondra contre le mur.
Des griffures brûlantes sur le visage et les bras, des bourdonnements dans son crâne ouvert, et couvert de sang ajouté à un grand mal de dos et une cheville cassée, l'enfant s'évanouit...
« T'as tenté de me tuer... » « Mais tu es vivant, car tu es un Steel » « En finir avec ce gros malade a été un vrai bonheur... »« Tu as parfaitement compris. S'il n'en avait été le cas, tu n'aurais pas été mon fils. »Louis se mit à rire...
Du Changement
Cela faisait désormais un mois que Louis s'était installé à Beacon Hills... Un horrible et frustrant changement ! En premiers lieux, n'allons pas jusqu'à dire qu'à quinze ans, le niveau d'anglais du garçon était parfait... À vrai dire, il était tout à fait déplorable ! Son accent, bien que prétendu "charmant", n'était rien d'autre qu'un manque de conviction quant à s'habituer à une telle ville... C'était quelques mois plus tôt que Maria avait pris cette décision. Lyana était une chasseuse extrêmement ambulante. Celle-ci vagabondait entre États-Unis et France, Mexique et Canada, au gré des missions. Au vu des circonstances de Beacon Hills, et de l'expérience croissante du jeune Steel, sa mère décida de l'y envoyer accompagné de sa cousine, le prenant ainsi en charge. L'idée de vivre avec Lyana, au détriment de sa mère était peut-être bien la seule pensée optimiste du jeune homme... Il fallait dire que la jeune femme était parfaitement apte à recevoir les idioties de son cousin, le duo se comprenait à merveille, contrairement à Maria... Un apprentissage des plantes et des ingrédients de poison fut la première partie du long stage de Louis aux États-Unis. Le garçon était déjà un petit Robert Boyle des toxines, mais Lyana elle, devait être à ce niveau une déesse... Il avait bien à apprendre des concoctions spéciales et variées à utiliser dans chaque type de situation. La deuxième semaine fut comblée par un apprentissage intensif de l'anglais, suivi par des cours de tir à l'arc... Enfin, le cauchemar put commencer : l'Éducation américaine ! Lyana et Maria avaient tous deux inscrites le pauvre enfant dans le collège de Beacon Hill... « Tu sonderas les enfants loups, puis Lyana et toi remonterez jusqu'aux parents » Disait sa mère... Un véritable calvaire. Louis habitait désormais dans un nid de monstres, et il devait y étudier ! La ville semblait avoir besoin d'un "nettoyage", et cela, toutes les familles de chasseurs s'accordaient à le dire... Sûrement de nombreux représentants y étaient déjà présents. Pensons tout d'abord aux Argents, dont Louis éprouvait, contre son véritable gré, une grande haine... L'influence de Maria sur les enfants était puissante, en plus d'avoir transformé un charmant garçon sociable en véritable sadique au bord de la malsaineté, la femme avait instauré en son fils une intolérance profonde pour des humains en particulier (non favorable aux bonnes valeurs de la famille).
Il revint un soir aux oreilles de Lyana et Louis une terrible nouvelle. La matriarche était morte... Mordue par un loup, elle se suicida par principes. Sharon Steel aura finalement construit et garder le titre de femme la plus puissante...
« Le supplice de la chaise doit arrêter... Et le loup n'est pas un Steel... Il ne se dénoncera pas ! » lança le jeune garçon, prit d'une colère assez inhabituelle
« Et qu'est-ce que tu proposerais petit Louis ? » « Retirer définitivement la carte de loup du jeu ! Même si pour cela, nous devons déchirer les autres cartes afin de la trouver. » - Des Victimes:
C'est insupportable ! La douleur est insupportable ! Mon corps semble ne plus vouloir continuer, pourtant, mon cœur lui, ne cesse de battre. Je n'attends qu'une chose désormais : mourir ! Toute cette souffrance doit s'arrêter, ou mon esprit ne tiendra pas sans en devenir malade. L'unique problème, c'est lui ! Un fou furieux. Un chasseur, m'ayant repéré alors que je rôdais dans les bois, de nuit. Il m'avait semblé à première vue étrange qu'un gamin se retrouve seul au fond de la forêt... J'avais été trop dupe ! Ce psychopathe m'aura attrapé en beauté ! Il pleurait... Que pouvais-je faire ? Je n'allais pas laisser un jeune garçon au beau milieu de la nuit, sans aucune aide. Cela m'apprendra à vouloir faire mon altruiste ! Le pire, c'est que je ne serai bientôt plus là pour retenir la leçon... Le garçon m'avait immédiatement sondé lorsque je m'étais approché de lui. Il n'avait pas peur. C'est là que j'aurai dû me méfier ! Ses larmes n'étaient bien évidemment pas réelles, elles cachaient un monstre, bien plus horrible que ce dont les humains nous traitent. En un clin d’œil, le gosse m'avait éraflé de son couteau, laissant une fine entaille dans mon bras. Puis il me fit tomber d'un coup de pied dans la jambe ! Sa force semblait tout à fait risible, pourtant, l'effet de surprise m'avait fait basculer... Basculer vers ma mort. Je le regardais, d'un air inquiet... Pourquoi tant de violence envers un étranger ? C'est à son sourire, regard plongé dans mes yeux, que je compris la nature de ma rencontre. Il était malheureusement trop tard ! Je m'étais relevé violemment, assénant un puissant coup de poing dans le ventre du gamin avant de m'enfuir, sous forme lupine ! Le garçon avait paré mon offensive, interceptant ma main dans ses paumes. Ma force n'était cependant pas comparable à la sienne, et le chasseur se fit expulser contre un arbre, retombant lourdement sur la terre... Il ne m'était à ce moment-là pas question de tuer un enfant... Que j'aurais été naïf !
Il m'avait semblé, pendant quelques minutes, que ma personne était enfin hors de danger. Pourtant, un mal s'en prit soudainement à mon bras, se répandant rapidement dans tout mon corps. Ma plaie était violette... Gonflée... Du poison... Ce gosse m'avait empoisonné. Il ne suffit alors que d'une dizaine de minutes afin de me faire tomber de fatigue. Ce fut contre un tronc d'arbre que le chasseur me retrouva. Trop faible pour bouger, je ne pouvais alors qu'observer l'expression ravie de mon agresseur, s'agenouillant devant mon corps afin de mieux me visualiser. « Tu pues le chien à trois kilomètres » m'avait-il dit. Je n'avais pas compris, ce devait être du français... C'est enfin à ce moment que je me suis évanouie, me réveillant alors dans la cuisine d'une maison, attaché à une chaise, et rongée par une forte souffrance dans tout mon corps. Mais celle-ci n'était encore rien... Le garçon vint à moi, accompagné d'une jeune femme. « Je m'améliore pas vrai ! » lança-t-il à sa partenaire, dans un anglais parfait... Mon espoir de revoir un jour la lune était déjà très mince à ce moment-là, mais ce fut lorsque le gamin attrapa un couteau de cuisine que tout s'évapora... Il m'avait posé une question. Une et une seule question ! Qu'il me répète inlassablement lorsqu'il vient à ma rencontre : « Y en a-t-il d'autre ? Donne moi des noms » ce à quoi je ne peux répondre... Aucun loup-garou autre que moi ne m'ai à ce jour connu... Mon père avait été tué dans un accident de voiture. Il représentait à lui seul ma source de savoir sur mes origines, et sur les dangers des chasseurs... Cette réponse a malheureusement le don d'énerver mon ravisseur. C'est alors que le garçon attrape une aiguille, qu'il enduit d'un liquide transparent, et qu'il m'enfonce dans la peau... Un poison extrêmement douloureux, à en faire perdre la tête ! Mais le chasseur est habile, sa concoction n'était pas en dose suffisante pour en devenir létale. Elle était en revanche pour me faire tourner la tête, pour me faire convulser parfois.. Chaque réponse décidée "mauvaise" par ce psychopathe se termine par une dose de poison dans le sang.
Le garçon est revenu ! Je ne tiendrai pas à une énième injection ! Mais ce gosse fera tout pour me garder en vie ! Non ! Non, je ne veux pas ! Mon cerveau tombera en morceaux par mes oreilles !
Oh... Il... Il revient... Il revient avec un pistolet...
« Tu es inutile mec » ... Dit-il... Un tir.