I know we've got it good, but they've got it made and the grass is getting greener each day. I know things are looking up, but soon they'll take us down before anybody's knowing our name. They've got all the right friends in all the right places, they've got all the right moves in all the right faces, so yeah, we're going down. They say everybody knows, everybody knows where we're going, yeah, we're going down. Emmy & Charlie

Emmy s'activait du mieux qu'elle pouvait ; pas question d'être en retard au rendez-vous qu'elle avait fixé avec Charlie. Et puis, en règle générale, elle détestait être en retard et faisait toujours de son mieux pour être un peu en avance. Elle ne saurait dire comment Charlie réagirait si elle n'arrivait pas à l'heure, après tout il était possible qu'elle s'impatiente, sachant qu'elles s'étaient données une heure précise… Elle devrait peut-être arrêter de songer à tout et n'importe quoi et plus se concentrer sur ce qu'elle faisait, finalement. Parce qu'avec des pensées aussi inutiles dans la tête, elle en oubliait ce qu'elle cherchait ; ah oui, ses clés. Comme toujours, de toute manière. Elle tâta les poches de sa veste, les poches de ses autres vestes, plongea la main dans la coupelle à «bricoles» qui était sagement posé sur la commode de l'entrée, souleva les coussins du canapé, tourna plusieurs fois sur elle-même sans que ça ne lui serve à grand-chose – juste à marmonner des injures contre ces foutus clés, et peut-être aussi contre elle-même. Et enfin, elle les trouva… dans son sac. Tout ça pour ça. Elle souffla, aussi exaspérée que soulagée, puis elle sortit enfin de chez elle en verrouillant la porte derrière elle. Tout en marchant pour rejoindre l'extérieur, elle réfléchit un instant pour être sûre de n'avoir rien oublié. Ce serait malheureux d'arriver au lieu de rendez-vous les mains vides, surtout pour ce qu'elles avaient toutes les deux prévu. Il faut dire qu'Emmy avait été plutôt ravie de recevoir un message de Charlie, aujourd'hui, lui proposant de se voir pour travailler un peu sur les informations qu'elles avaient pu récolter depuis la dernière fois qu'elles s'étaient vus. La jeune femme avait sûrement trouvé beaucoup plus de choses qu'Emmy, à moins qu'elle ait été débordée par son boulot ; entre les cours, les recherches pour retrouver son oncle, son boulot au Sinema et les autres soucis du quotidien qu'elle ne pouvait à peine lister, Emmy n'avait pas pu consacrer énormément de temps au travail qu'elle partageait avec Charlie. Elle avait bien quelques informations, raison pour laquelle elle n'avait pas refusé – et puis même si elle n'avait rien, elle aurait quand même accepté –, mais elle espérait que la rouquine en ait davantage qu'elle.

Charlie lui avait donc donné rendez-vous dans un petit café du coin, dans lequel, par chance, Emmy allait de temps en temps quand elle le pouvait. Elle savait donc où il se trouvait, et ne perdit pas de temps pour s'y rendre. Elle se demandait bien si Charlie avait prévu de rester là, ou si elle lui avait simplement dit de la rejoindre là pour aller ensuite ailleurs. Elle verrait bien comment la rouquine avait prévu de faire les choses, généralement elle était plus douée qu'Emmy pour le faire alors elle ne se faisait aucun souci pour ça et, généralement, elle l'a laissée gérer.
Quelques temps plus tard, elle arriva donc à destination, et en regardant l'écran de son portable, elle se réjouit d'être à peu près à l'heure. Bon, une minute de retard, ce n'était pas grand-chose tout de même. Elle vérifia une dernière fois le message de Charlie, s'assurant qu'elle ne s'était pas trompée d'endroit ni d'horaire – ça serait vraiment idiot de sa part, sinon –, ce qui, heureusement, n'était pas le cas. Elle se tourna ensuite vers le bâtiment et jeta un bref coup d'oeil à travers les vitres, juste pour être sûre que son amie – en fait, Emmy ne savait pas trop si elle pouvait qualifier de Charlie d'amie, sachant qu'elles ne connaissaient pas grand-chose l'une de l'autre… enfin, dans tous les cas, elle l'appréciait et trouvait sa compagnie très agréable, alors elle la considérait quand même comme une amie – n'était pas déjà à l'intérieur. Visiblement, non, mais elle préférait en avoir le coeur net, alors elle entra dans le café et chercha de nouveau la rouquine des yeux, mais elle n'était pas encore là. Maintenant qu'elle était à l'intérieur, Emmy décida de s'installer à une table pour ne pas patienter dehors comme une idiote ; elle expliqua à la serveuse qui venait d'arriver qu'elle attendait quelqu'un, et qu'elle prendrait sa commande après. Puis elle traîna un instant sur son portable, plus précisément sur les réseaux sociaux, oubliant de vérifier de temps en temps l'entrée si jamais Charlie arrivait.

I know we've got it good, but they've got it made and the grass is getting greener each day. I know things are looking up, but soon they'll take us down before anybody's knowing our name. They've got all the right friends in all the right places, they've got all the right moves in all the right faces, so yeah, we're going down. They say everybody knows, everybody knows where we're going, yeah, we're going down. Emmy & Charlie

Elle ne dut pas attendre très longtemps après s'être installée puisque Charlie la rejoignit quelques minutes plus tard, l'air quelque peu pressé. Du moins c'est ce qu'elle en avait déduit à son arrivée inattendue – si inattendue qu'Emmy en avait eu un sursaut, tant concentrée sur son portable qu'elle ne l'avait ni vue ni entendue arriver. D'abord surprise par son approche très immédiat, la jeune fille prit tout de même un instant pour souffler silencieusement, une main sur le coeur. Non vraiment, elle avait eu les jetons. Pourtant, face à elle, Charlie ne semblait pas le moins du monde étonnée par sa réaction, amusée ou même exaspérée ; en fait elle n'avait aucune émotion sur le visage, si bien que la jeune Woodbury se demandait si elle l'avait vue sursauter ou pas. Il était peut-être préférable que non, finalement.
— Tu m'as fait peur, souffla t-elle, si bas qu'elle n'était pas certaine qu'elle ne l'entende réellement.
Suite à ça, Emmy reprit rapidement ses esprits et cligna des paupières, presque prise au dépourvu.
— Quelques trucs, pas grand-chose.
Peut-être qu'elle aurait dû choisir plus soigneusement ses mots, et à cette pensée elle eut une grimace à peine visible. Il semblerait que la journaliste face à elle soit de mauvaise humeur, ou alors elle était simplement pressée, allez savoir. Mais au moins elle annonçait la suite de la discussion très clairement puisqu'elle n'avait même pas pris le temps de la saluer. Emmy ne releva pas et ne laissa rien paraître, mais elle était tout de même un peu froissée par l'attitude de Charlie.

Alors qu'elle sortait son ordinateur, la serveuse revint à leur table pour prendre leur commande, ce qu'elle fit à la suite de la rouquine en choisissant un cappuccino – ce qu'elle prenait quand elle n'avait pas trop d'idées ni d'envie spéciale sur le moment. Disons que ça fera l'affaire. Elle gratifia la serveuse qui s'éloignait d'un sourire, puis elle reposa son regard sur Charlie qui avait déjà les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur, visiblement pas très intéressée par ce qu'il se passait autour d'elle. Elle lui demanda – assez brusquement et sans énormément de gentillesse dans le ton employé, voire même pas du tout, ce qui de nouveau étonna Emmy bien qu'elle ne montra rien… quand bien même, la jeune femme devant elle ne l'aurait certainement vu – comment elle avait eu ses informations, puis elle lui fit clairement comprendre qu'il était préférable pour elle d'avoir bien pris des notes, notes qu'elle aurait aussi vérifié. Emmy ne répondit pas de suite, approchant son sac à main d'elle pour se mettre à fouiller dedans. Elle n'avait pas emporté son ordinateur, simplement parce qu'elle n'avait pas l'habitude de l'utiliser pour ce genre de recherches. Quand elle pensait prendre des notes, c'était sur son calepin, c'était un peu plus pratique quand elle allait sur «le terrain» si elle pouvait dire ça ainsi. Le trouvant enfin parmi tout le bazar de ses affaires, elle sortit le fameux calepin pour le poser sur la table, et alors qu'elle allait refermer son sac son regard fut attiré par le carnet de son père. Elle n'en avait toujours pas parlé à Charlie à vrai dire, sans trop savoir pourquoi. Il faut dire qu'il était rare qu'Emmy en parle, même si elle adorait discuter de surnaturel avec quelques uns de ses camarades, alors il était évident que Charlie n'échappait pas à la règle. Peut-être qu'elle lui en parlerait un jour, elle verrait bien. Elle le garderait en joker si jamais ce qu'elle avait là ne plaisait pas à la rouquine. Emmy n'appréciait pas vraiment lorsqu'elle décevait les gens, d'autant plus sa partenaire de recherches sur le surnaturel qui pouvait être parfois stricte sur ça, comme aujourd'hui justement.

Après ces quelques secondes de réflexion, Emmy se reprit et attrapa son calepin pour se mettre à le feuilleter, griffonnant parfois sur certaines pages avec le stylo qu'elle avait l'habitude de coincer sur la couverture du petit carnet.
— Je n'ai pas eu le temps de faire beaucoup de recherches ces temps-ci, avec les cours, expliqua t-elle d'abord.
Ça, elle n'y pouvait rien, alors Charlie avait beau dire ce qu'elle voulait elle devra faire avec. Oui, elle anticipait déjà la remarque de la rouquine, mais elle ne dit rien pour le moment et continua comme si de rien n'était.
— En discutant avec des gens de l'université, généralement, fit la blonde. Beaucoup en savent plus que ce qu'ils ne disent, j'en suis certaine.
Après avoir terminé ses petits griffonnages, Emmy se mit enfin à lire la dernière page sur laquelle elle avait écrit ces derniers jours, espérant ne pas avoir noté de bêtises ou quelque chose qui ne les aiderait pas à avancer. Elle faisait de son mieux, mais ne sait-on jamais après tout. Elle y parlait de yeux jaunes qui s'illuminaient dans le noir, d'une forme animale étrange dans les rues, ce genre de choses. Tout était issue de ce que certains de ses camarades lui auraient raconté, seulement ce n'était que des témoins et rien ne prouvait vraiment ce qu'ils disaient. Surtout qu'en plus, les gens avaient une habitude un peu étrange d'éviter le sujet à chaque fois qu'elle le lançait. Est-ce qu'elle avait l'air aussi folle que ça lorsqu'elle en parlait ? Allez savoir.
— Et toi ? s'enquit-elle après avoir terminé sa lecture. Tu as sûrement mieux que moi.
Elle avait avoué cela avec un bref sourire, parce qu'à l'inverse de Charlie, elle était tout de même de bonne humeur aujourd'hui et semblait un peu plus motivée pour leur rendez-vous.