Θ Qui porte le feu dans son cœur, a la tête qui s'enfume. Θ

Savez-vous qu'il existe un fléau terrible, n'ayant rien à voir avec le surnaturel ? Oui, oui, parfois, la Nature à elle seule peut-être terrible et condamner de nombreuses vies, de par les catastrophes naturelles à grande échelle ou tout simplement de par les petits problèmes du quotidien. Elle sait être vicieuse, et frapper là où l'on s'y attendait le moins, au moment où l'on s'y attendait le moins. La génétique peut souffrir d'une tare dans une famille sans que l'on ne s'en rende réellement compte jusqu'à que celle-ci apparaisse sur un individu.

Riku Shōta en a fait plus ou moins les frais. Japonais de souche, descendant d'une très grande famille, seul héritier mâle, craint et respecter par son cercle ainsi qu'autour de celui-ci, maître en arts martiaux, maître en économie, il a toujours su ce qu'il fallait faire et lorsqu'il fallait le faire. Cependant, les années passèrent, et les commérages devinrent de plus en plus présents, de plus en plus blessants. Pourquoi lui et sa femme n'avaient toujours pas eu d'enfants ? Ils avaient l'air d'en vouloir pourtant, il le fallait, il lui fallait obligatoirement même, un héritier, de par la tradition, de par la culture et puis aussi, parce que les Shōta étaient reconnus pour quelque chose de bien plus grand, ils étaient les hôtes originels, les hôtes de droit, du Kitsune de feu.

Mais comment pouvait-il s'expliquer ? Comment l'annoncer ? Que faire pour arranger ce destin ? Pour bien des personnes ça n'aurait pas été un réel problème, ou bien, ils auraient pu surmonter ça, mais comment Riku pouvait-il surmonter son impuissance ? Impuissance... la construction de ce mot même était ignoble. Il perdait toute crédibilité rien qu'en formulant le début de son mal. Comment un grand combattant, un philosophe reconnu, l'image d'une grande famille, ne pouvait enfanter, c'était comme une castration, une tare de la Nature, elle se jouait de lui en lui enlevant sa masculinité, sa virilité, il ne pouvait ni satisfaire sa femme, ni sa famille, un homme sans sa masculinité.. que lui restait-il ?

Θ L'homme est de glace aux vérités, il est de feu pour les mensonges. Θ

Mais c'est là qu'intervient l'ironie. Beaucoup confondent impuissant et stérile, ils leur donnent la même signification, mais ça n'est pas le cas. Et il a fallu que Riku le découvre bien à ses dépens, fatigué de tout ça, il s'est envolé pour le continent américain, loin de la culture qui lui mettait tant de pression, déçu, il a fini par être infidèle à sa femme, et c'est mis à rencontrer plusieurs femmes, sans jamais passer à l'acte de peur de se retrouver honteux devant elle. Une des femmes qu'il courtisa réussi là où les autres n'avaient pas eu la chance, il avait bandé, et il avait couché, et rarement il avait été aussi heureux, c'était comme de revivre sa première fois après toutes ces années. Ils entamèrent une relation ensemble, bien qu'il gardait sa double vie secrète.

Riku resta deux ans aux Etats-Unis, et cette femme, Evelynn Blake, accoucha au bout d'un an de relation de leur fils, Joy Keito Blake. Il ne resta pas nommé ainsi longtemps, sa mère décéda quelques jours après, d'une infection qu'elle avait contracté à l'hôpital lors de l'accouchement, celui-ci n'ayant pas respecté les normes hygiéniques. Riku fou de chagrin décida de fuir à nouveau, de retourner au Japon, reprendre sa vie, en espérant pouvoir oublier cette période, il décida de falsifier un acte d'adoption qui indiquait que Joy Keito Blake avait été adopté par Riku Shōta et que désormais, l'enfant s'appelait Keito Ikari Shōta.

Persuadée que son mari ne pouvait enfanter, sa femme accrocha sans problème à l'histoire de son mari, et bien que cet enfant n'était biologiquement pas le sien, elle en prit soin sans faire une quelconque différence, et aux yeux de tous, ils le présentaient comme le fruit de leur amour. Le garçon était éduqué dans la tradition la plus stricte, sans cesse devant étudier, ou s'entraîner, il était forgé de manière à avoir un esprit sain, dans un corps sain. Il n'avait rien de particulier, c'était un enfant comme les autres qui était juste très bon dans ce qu'il faisait, car il le faisait depuis longtemps. Puis tout changea lorsqu'il entra dans l'adolescence.

Θ La boue se durcit au feu, l'or s'y amollit. Θ

Aah... Keito... Cela a commencé avec de petites anomalies, comme sa peau qui ne brûlait plus sous les coups de ceintures, comme sa fascination, son obsession pour les flammes de toutes tailles, il commençait même à penser que parfois, il les attirait contre lui, la flamme tanguant et pointant vers lui ou vers une direction qu'il suivait. Puis il réussi à l'éteindre, l'agrandir, l'affaiblir, il arrivait à réchauffer un plat ou en se concentrant plus à le refroidir, ou plutôt à lui enlever sa chaleur.

Lorsque sa mère s'en rendit compte, elle compris ce qui s'était vraiment passé et s'ensuivit une guerre au chantage entre ses parents qui ne laissa pas Keito sans séquelles. Il grandit triste, seul, et son comportement changea. Ce qu'il pensait au début être juste un loisir, devint une véritable obsession, il ne pouvait plus se passer de feu, se sentant constamment obliger de jouer avec et d'en déclencher pour pouvoir le faire. Son pouvoir ne lui faisait pas peur, il était dans sa famille depuis des générations, il s'en sentait tout aussi digne que n'importe lequel de ses ancêtres.

Keito était désormais un cancre à l'école, et après avoir obtenu sa première queue de kitsune, qu'il avait développé grâce aux formateurs de son clan, il la quitta, pour se consacrer pleinement à sa différence, c'était également la seule situation qui lui permettait de passer un peu de temps avec son père. Puis il commença à faire des petits larcins, puis à brûler des voitures, dealer de la drogue tout comme en prendre, et il fut rapidement un client régulier des cellules de police.

Θ Le feu n'éteint pas le feu. Θ

Il atteint sa majorité, mais cela faisait bien longtemps qu'il n'était plus un enfant, devenu ingérable, son père l'envoya dans un internat en Amérique, afin de l'éloigner du clan et que ceux-ci ne se moquent pas plus de lui, il avait déjà eu du mal à avoir un enfant, mais en plus celui-ci remettait en cause son éducation, tel un feu ardent, Keito s'était détaché de ses longues années de discipline et jetait ses braises sur ce qui l'entourait à longueur de temps.

Keito s'enfuît finalement de son internat, vivant de quelques jobs pas très droits par-ci par là. Son père fini par baisser les bras et lui laissa une certaine somme d'argent à condition qu'il aille dans une ville précise en attendant son retour du Japon : Beacon Hills, il y trouverait un appartement à son nom dans le quartier de Mayfield Boulevard et un tuteur qui l'aiderait dans sa "formation". Il n'y voyait pas trop d'intérêt, mais si ça lui permettait d'avoir l'argent qu'il voulait pour sa vie de débauche, il accepta le marché et se mit en route.

L'amérasien compris rapidement que cette ville n'était pas comme les autres. Cela faisait maintenant un mois qu'il s'était installé, et il avait acquis sa deuxième queue très récemment, il ne connaissait encore personne, et préférait passer son temps à étudier la mythologie japonaise et à s'entraîner à de nouvelles formes de combat. Si bien que malgré son ressenti, il n'avait pas encore compris qu'il n'était pas entouré que d'humains dans cette charmante petite ville.

Cependant, quelque chose le tracassait au plus haut point, il se sentait extrêmement faible, plusieurs fois il s'était fracturé le poing, ou il n'arrivait plus à déplacer certaines choses, ayant retrouvé une force... humaine ? Et le fait le plus aggravant : Il ne pouvait pas sortir de cette satanée ville. Un dôme gigantesque l'enfermait, le rendant prisonnier de la ville où son père l'avait envoyé. Pourtant, il était sûr de ne pas l'avoir remarqué lorsqu'il était encore à l'extérieur de celui-ci. Il regardait d'un mauvais oeil ces manifestations de surnaturels, souhaitant rester loin de tout ça, mais ça n'allait pas être le cas, n'est-ce pas ?