Tu courrais, tu devais t’éloigner de ce type de cet endroit, tu le voulais mais surtout tu n’avais pas le choix parce que tu n’allais pas réussir à te contrôler. Tu avais senti tes émotions te submerger, ta colère grandir en toi et des pensées horribles te traverser l’esprit. Ce type ne savait pas à quoi il s’était exposé en s’en prenant à toi au collège, il ne savait pas que tu aurais pu le tuer en l’espace de quelques secondes, lui et sa bande de copain tout aussi débiles. Lorsque la colère avait grandit en toi, tu avais eu envie de les tuer, tu t’imaginais déjà leur planter tes griffes dans le cou, leur briser la nuque et diverses autres choses auxquelles tu n’avais jamais pensé auparavant et tu avais été à deux doigts de le faire. Tes ongles avaient commencé à se changer, tes yeux aussi et dans un dernier élan de clarté, tu t’étais enfui en ne courant sans jamais t’arrêter. Tu ne savais même où tu allais, ni ce que tu allais faire mais au fur et à mesures que tu dépensais ton énergie, tes esprits semblaient revenir. Sans t’en rendre compte, tes pas semblaient t’avoir mené vers le centre ville mais tu ne t’arrêtais pas pour autant. Il y avait encore trop de gens, trop de personnes et à la moindre bousculade tu n’allais pas être sûr de pouvoir garder le contrôle. Tu inspirais et expirais bruyamment tandis que les larmes semblaient te monter aux yeux. Tu étais rentré dans quelqu’un, mais tu ne t’étais même pas arrêté, ça ne partais pas, ça ne calmait pas. Tu avais recouvré ta pensée mais tu avais peur de t’arrêter, peur que ça reprenne. C’était nouveau pour toi, tout ça tu ne connaissais pas et du haut de tes onze ans, tu étais seul face à cela. Alors que tu atteignais le bout de la rue tu avais décidé d’aller te réfugier dans une ruelle, tu commençais à ressentir l’essoufflement. Même ta transformation avait ses limites et c’était bon signe. En tournant tu étais à nouveau rentré dans quelqu’un, une jeune femme qui t’avait laissé un pressentiment étrange, sans savoir pourquoi, peut-être parce qu’elle t’avait fixé. Tu t’étais retourné rapidement pour t’excuser avant de recommencer à courir jusqu’à une grande benne à ordure derrière laquelle tu t’étais caché pour t’asseoir et finir de te calmer. Tu étais recroquevillé contre toi-même, les cheveux remonté contre ton buste, tu regardais des mains. Elles étaient normales comme celles d’un garçon banal et il n’y avait plus la moindre trace de griffes sur celle-ci, si ce n’est des traces de sang mais aucune plaie. Tu avais dû t’enfoncer tes ongles dans les mains lors de ta course et ça avait déjà cicatrisé. Tu essayais de les frotter pour enlever tous le sang avant de passer ta main sur ton visage pour enlever les traces de larmes séchées. Tu inspirais profondément. Tu semblais définitivement calmé mais c’était sans compter de l’arriver d’une personne que tu ne connaissais pas. Elle ressemblait à la jeune femme que tu avais bousculée.