Dire comment il avait atterri ici, Dayan ne saurait le dire. Il n'avait aucune idée du pourquoi il était ici, simplement parce qu'il ne s'était à peine rendu compte de ce qu'il fabriquait et de la direction qu'il prenait. Sûrement était-ce l'ennnui qui l'avait guidé jusqu'ici – comme quoi, c'était bien finalement de travailler quand on avait rien d'autre à faire… pour le coup, il aurait vraiment aimé être au garage plutôt qu'ici – ici, c'était quoi au juste «ici» ? Une rue déserte composée entièrement de bâtiments abandonnés ou simplement délabrés ? Il avait vraiment un problème parfois, surtout pour venir dans un endroit pareil. Les mains dans les poches, l'air ailleurs et l'oeil hagard, Dayan contempla un moment les environs, examina les façades qui, vues de cette manière, allaient tomber en ruine d'une minute à l'autre. Puis il lança un regard derrière son épaule, fixant sa voiture garée non loin de là. Il devrait peut-être partir, après tout y'avait rien à faire ici… vraiment ? Soudainement, il en douta. Et sa curiosité fut davantage excitée lorsque son regard finit par se poser sur un bâtiment bien plus grand que les autres, une sorte d'immeuble transformé en entrepôt, qui au vu des échaffaudages sur le côté devait être en travaux avant qu'on ne l'abandonne sans ménagement.

Presque déterminé – déterminé à quoi ? À faire joujou dans un immeuble abandonné, tout seul comme un con ? Allez savoir –, Dayan se rendit jusqu'au bâtiment à grandes enjambées puis s'arrêta devant les deux grandes portes qui devaient très certainement composer l'entrée. Au premier coup d'oeil, elles étaient dégagées, et semblaient même être ouvertes. Mais quand Dayan atrappa l'une des poignées et qu'il poussa, rien ne se passa, la porte semblait fermée. Le jeune homme recula de quelques pas, leva la tête, un sourcil arqué, réfléchissant et remuant ses méninges. Et si il trouvait du matos, là-dedans ? C'était toujours ça de pris, il pouvait au moins tenter ; c'était franchement dommage d'abandonner pour une porte fermée, non ? Surtout qu'étrangement, elle n'avait pas l'air fermée, plutôt… bloquée.
Dayan retourna jusqu'à la porte, puis essaya une nouvelle fois – un bruit étrange se fit entendre de l'autre côté, et une minuscule ouverture apparut. Intrigué, il approcha sa tête et plaça un œil au niveau de cette ouverture pour tenter d'apercevoir quelque chose à l'intérieur. Mais tout ce qu'il vit, c'était une planche en bois. Est-ce qu'une planche de bois pouvait vraiment bloquer une porte de cette façon ? C'était certainement un meuble, sinon il serait déjà rentré depuis longtemps. Dayan regarda alors à droite, puis à gauche, comme pour vérifier que personne n'était là pour le prendre sur le fait, puis il cala son épaule contre la porte et se mit à pousser. Un grincement, c'est tout ce qu'il obtint.

Maudit dôme. Sans sa force de loup-garou, il n'arrivait même pas à faire bouger un meuble derrière une porte. Il devait forcément y avoir plus qu'un meuble… il l'espérait, sinon son ego prenait sacrément cher.
Alors qu'il reculait, les mains sur les hanches, l'air réfléchissant, un bruit venant de sa droite le sortit de ses songes et il tourna vivement la tête, presque méfiant. Il aperçut d'abord une silhouette féminine, puis des cheveux blonds… et il finit par reconnaître Cassie. Cassie ? Mais qu'est-ce qu'elle fichait là ? Il eut une étrange grimace sur le visage, visiblement l'air étonné. Ceci dit, il finit par comprendre lorsqu'il aperçut l'appareil photo entre ses mains – c'était sûrement un délire de photographe pour venir ici sans problème. Ceci dit il n'était pas photographe et pourtant il était là aussi… N'allez pas chercher de logique chez Dayan, il n'y en a pas.
Finalement, il se reprit enfin et afficha un grand sourire certainement exagéré, bien qu'il était vraiment réjoui de trouver quelqu'un ici – d'autant plus quelqu'un qu'il connaissait et qu'il appréciait –, puis il se dirigea vers elle à grandes enjambées en la saluant d'un grand signe de la main.
— Hey Cassie ! Qu'est-ce que tu fais là ?
Pour tout avouer, il n'attendit pas vraiment sa réponse qu'il la prenait déjà par le bras, certes amicalement, mais néanmoins assez brusquement, même si le manque de douceur n'était pas voulu.
— J'ai besoin de ton aide, lança t-il tout naturellement en se dirigeant vers la porte.
Une fois arrivé devant, il la lâcha, puis sourit de nouveau, tel un gamin.
— Faut que tu m'aides à ouvrir cette foutue porte, expliqua t-il en remontant ses manches, plus pour se donner un air que pour l'utilité de la chose. J'espère que t'as assez de force !