Je n’allais pas m’en cacher, depuis que j’avais été sauvé des griffes du Collectionneur, j’étais distant de tout, même de ma copine. Et elle pouvait m’en vouloir autant qu’elle le voulait, je n’allais pas être fâché contre elle, car ce n’est pas de sa faute. Au contraire, je sais qu’elle ne fait qu’essayer de m’aider. Le truc, c’est que je n’arrive toujours pas à croire qu’un simple humain, comme moi, avait croisé le chemin de ces créatures surnaturelles. Ah oui, parlant de surnaturel,  lorsque j’étais emprisonné dans la tanière de méchant monsieur, j’ai appris leurs existences. Tout ce temps à penser qu’ils n’existaient que dans les livres de contes de fées, eh bien détrompez-vous, car ils existent réellement. Saleem m’avait invitée à passer chez elle, après la journée de cours. Malgré les quelques mois qui s’étaient écoulés, j’avais toujours cette crainte de quitter mon chez-moi. J’avais toujours peur de tomber nez à nez avec le Collectionneur, même si je savais très bien qu’il n’était plus dans les parages… Par contre, il fallait que je prenne mon courage à deux mains. Je ne pouvais pas rester enfermé entre les murs de ma chambre éternellement et puis, j’avais une copine, la plus belle, d’ailleurs et elle voulait absolument m’aider à me reprendre en main. Je suis alors sortie de chez moi et j’ai marché plusieurs minutes avant de finalement arriver à destination, au 110, Lincoln Street. J’avais passé tout ce temps à regarder par-dessus mon épaule, mais j’étais bien content d’être arrivé chez Saleem, sain et sauf. J’ai frappé à la porte, puis j’ai laissé échapper un lourd soupire de ma bouche avant d’entendre la voix de ma copine. « C'est ouvert! » J’ai tourné la poignée et je suis entré dans la maison, un large sourire se dessina sur mon visage lors de mon entrée.  J’ai fait quelques pas avant de voir Saleem, assise sur le divan. J’ai avancé vers elle. Je me suis assis à ces côtés avant de l’embrasser. « Hey toi! Comment s’est passé ta journée? » 

Malgré ma crainte de sortir et de tomber nez à nez avec le Collectionneur ou une toute autre créature surnaturelle, parce qu’il parait que la ville de Beacon Hills en est remplie, j’étais très heureux d’entendre la voix de ma belle Saleem et voir son visage. J’avais été très négligent dans les dernières semaines et je devais me faire pardonner à tout prix. Je l’aimais plus que tout et je ne voulais pas la perdre, parce que j’avais été trop idiot pour m’ouvrir les yeux, un peu plus tôt. En ouvrant la porte de la résidence des Warren, je me suis immédiatement dirigé vers le salon où se trouvait ma copine. Un large sourire se dessina sur mon visage. Ça faisait tellement du bien de la voir. Je me suis assis à ses côtés et je l’ai embrassé. J’avais l’impression que nos lèvres ne s’étaient pas touchées depuis un siècle, et je prenais tout le blâme pour ça. Curieux de savoir comment s’était passé sa journée, mais aussi j’avais une réelle envie de prendre de ses nouvelles, je lui ai posé la question. « Bien, cours, cours, cours, dodo et cours ! Et toi ? » Maintenant étudiant à l’université, nos journées se ressemblaient, sans vraiment se ressembler. En plus des cours, j’avais décidé de poursuivre ma carrière de joueur de Lacrosse et je me suis joint à l’équipe universitaire. « Bien. Travaux et encore des travaux… Et je devais me préparer pour l’entraînement de demain, mais je n’en pouvais plus d’être enfermé chez moi et de toute façon, j’avais envie de te voir. » Lui répondis-je, avec un très joli sourire.  

Lorsque j’ai joint les rangs de l’équipe de Lacrosse, au lycée, je n’avais aucune idée de l’ampleur que ma carrière allait prendre. Je ne savais même pas si j’allais aimer pratiquer le sport. Pourtant, je me suis faufilé rapidement vers les meilleurs, pour en devenir le co-capitaine, avec mon meilleur ami Liam, lorsque Scott McCall a quitté pour l’université, il y a quelques années déjà. Les plus belles années de toute ma vie, pour être franc. Puis, mon tour est venu. Mes années d’adolescent sont maintenant derrière moi. Par contre, ce changement n’a aucunement affecté ma carrière de joueur de Lacrosse. J’ai joint l’équipe universitaire,  quelques jours avant ma première journée. Je devais me préparer souvent la veille pour bien réussir à me concentrer sur le terrain, mais ce soir-là, je n’en pouvais plus. J’avais envie de voir ma copine et personne, ni même le Lacrosse allait m’en empêcher. « Tu as entraînement demain? Je viendrais peut-être te voir si je n'ai rien de prévus. » Me dit-elle, en revenant au salon, après avoir fait un tour à la cuisine pour nous apporter quelque chose à boire. Un autre sourire s’afficha sur mon visage. Je ne sais pas pourquoi, mais j’adorais lorsque Saleem se déplaçait pour venir me voir jouer. « Oh, ça serait vraiment chouette! J’espère que tu n’auras rien de prévu dans ce cas. » Saleem s’est accroupi pour nous servir, je la suivais du regard. Elle ne semblait pas dans son assiette, mais je ne voulais pas en faire toute une histoire. Elle m’a souri puis m’a dit : « Je dois te dire un truc... Quelques choses qui sont un peu dure à t'avouer. » Mais qu’est-ce qu’elle voulait me dire? Qu’est-ce qui clochait? Je n’osais pas détacher mes yeux, de peur de manquer quelque chose. Je ne savais pas de quoi j’avais l’air, mais selon elle, je ressemblais à un merlan frit. Mais quelle drôle comparaison? « Pas besoin de me regarder avec des yeux de merlans frits... Je ne t'ai pas trompé ni autres. C'est compliqué de t'avouer ce que je suis vraiment donc... En fait, je sais que le monde surnaturel et l'épisode du surnaturel est nouveau pour toi. Ce n'est pas mon cas, je suis une druidesse un peu comme Panoramix dans Astérix. Tu vois ? Je suis une gentille druidesse... » Je n’avais aucunement pensé qu’elle m’avait trompé, mais je ne m’attendais certainement pas à ce qu’elle m’avoue un truc pareil. Une druidesse comme Panoramix… Mais ça n’existe pas ces machins. Elle veut rire de moi ou quoi? Je voulais être compréhensif. Ça ne changeait aucunement la personne qu’elle était, si gentille, si… parfaite! Tout ce surnaturel, c’était si nouveau pour moi. J’étais naïf et rien d’autre. Tout ce temps, une grande partie de mon entourage me cacha ce qu’ils étaient… Pour me protéger. Il a fallu que je sois la cible d’un psychopathe pour m’ouvrir les yeux. J’étais encore sous le choc, je n’osais même pas m’approcher de mes amis, même si je savais qu’ils n’allaient pas m’attaquer… J’avais besoin de temps… Ne sachant pas quoi lui répondre, je suis resté silencieux, tout en la regardant.