Il y a des moments dans notre vie où nous devons faire face à des choix. Des choix plus difficiles les uns que les autres. Ils nous déchirent, ils nous torturent, ils peuvent causer notre perte tout autant que notre salut. Mais pire encore, ce sont toutes ces fois où le choix ne te revient pas. Toutes ces fois où, dans l'horreur de la situation, une personne est obligée de subir les choix des autres, sans avoir à donner son opinion. Sans doute, sur le coup, la personne ayant pris la décision ne réalisait pas vraiment l'impact de son choix, Il pensait pour lui, pour son propre salut. Mais le salut des uns est généralement la cause de la chute des autres. Puis, une fois par terre, il faut se relever. C'est sans doute le plus difficile dans ce monde. Ce relevé et se remettre à avancer, sachant très bien qu'à un moment ou un autre, on retombera de nouveau. Parce qu'on aura fait un mauvais choix, ou alors parce qu'on subira les conséquences des choix des autres.
(***)
«
C'est l'horreur, tu comprends ? » Amy lança son sac avec désinvolture dans un coin de la pièce. Devant elle, son meilleur ami, de deux ans son aîné, la regardait avec un regard désapprobateur. Elle avait toujours été cette gentille fille, aimable et souriante, la petite Amy, mais Maxwell savait très bien que derrière ces apparences se cachait une véritable petite battante. Ainsi, Amy n'avait pas été surprise de la réaction de son ami quand elle lui raconta sa journée. Bagarre et heure de colle. Ce n'était pas la première fois cette semaine, mais la gamine de 13 ans en avait plus qu'assez des remarques désobligeantes des autres élèves. Se battre n'était pas la solution, mais ils avaient osé frapper une de ses amies en premier, alors Amy avait tout bonnement réagit. Voyant l'absence de réponse de son meilleur ami, Amy haussa les épaules et s'adossa contre le mur. «
Isis est à la maison ? » Demanda-t-elle simplement par curiosité, voulant savoir si elle avait Max pour elle seule ou s'ils allaient faire quelque chose tous les trois. Maxwell et Isis, c'était comme la seconde famille d'Amethyste. Il fallait dire qu'ayant grandi à Los Angeles, elle avait l'habitude de croiser des gens de toute sorte, mais ce n'était rien en comparaison de l'amitié qu'elle entretenait avec les jumeaux depuis maintenant quelques années. Elle était plus jeune, certes, mais ça ne changeait rien pour elle. Et puis, ces amis comptaient vraiment pour la jeune fille. Enfant unique, avec des parents avocat, elle ne voyait pas souvent sa famille ce qui faisait qu'elle habitait pratiquement en dehors de la maison, simplement parce qu'elle n'aimait pas rester seule dans l'immense demeure familiale. «
Non, elle est sortie. » Répondit Max sans s'étaler sur le sujet. Amy haussa les épaules et se tourna vers lui, un sourire étira ses lèvres alors qu'elle songeait au prochain coup qu'elle allait convaincre Max de faire avec elle. «
Alors, on fait quoi ? »
(***)
Amy prit une grande inspiration. Elle avait été partie durant deux mois entiers en Europe avec sa mère, sa tante et ses cousins pour un voyage familial et elle mouraient d'envie de rentrer à Los Angeles pour retrouver ses amis. Elle n'avait pas vraiment pris le temps d'écrire à ces derniers dans les dernières semaines et elle le regrettait à présent. Plus encore, elle réalisait à quel point Los Angeles lui avait manqué, ne serait-ce que pour deux mois. Mais voilà qu'elle était de retour en ville et son premier arrêt : la demeure des Kingsbury. Si son voyage en Europe lui avait montré à quel point ses amis comptaient pour elle, ça lui avait également ouvert les yeux sur quelque chose qu'elle s'était refusé de voir durant bien longtemps. Du haut de ses 15 ans, Amy n'avait pas eu beaucoup de relations amoureuses et aucune n'était vraiment sérieuse à bien y penser. Vous savez, ces petites amourettes d'enfants qui ressemble plus à de l'amitié qu'au véritable amour ? C'est ce qui résumait le peu de relations qu'avait eu Amy. Mais elle le voyait à présent, son cœur appartenait déjà à quelqu'un. Maxwell. Et elle voulait lui dire, elle sentait que c'était le bon moment. Pourtant, arrivée devant la demeure de son meilleur ami, elle se figea. Il y avait quelque chose de changer, elle n'arrivait pas à dire quoi, mais quelque chose n'était pas la même. «
Oh Amethyste, tu es de retour, tu vas bien ma belle ? » Amy se retourna pour voir une vieille dame bien connue dans le voisinage. Elle sourit à cette dernière. «
Oh oui, je vais très bien ! Et vous Madame Reeves ? » La vieille dame évita tout de même la question et sourit tristement à Amy avant de lancer un regard peiné vers la maison des Kingsbury. «
Je suis bien contente que tu t'en remettes si bien. C'est tragique ce qui leurs est arrivé, n'est-ce pas ? » Amy resta sans voix, c'était quoi cette histoire ? Elle demanda des explications et c'est alors qu'elle apprit la mort des parents de son meilleur ami. Amy sentis à cet instant sa vie prendre un nouveau tournant, quelque chose s'était brisé en elle. Max avait eu besoin d'elle et elle n'avait pas été là pour lui. Elle ne le méritait pas. Elle s'éloigna alors en courant pour rentrer chez elle, les larmes aux yeux.
(***)
Trois semaines. C'est le temps qu'elle avait passé à essayer de rejoindre Max, sans succès. Elle savait bien que perdre de la famille était quelque chose de difficile, mais elle aurait aimé au moins être en mesure de lui parler. Elle n'avait pas pu, elle n'avait pas réussi. Alors, elle avait accepté l'offre de sa tante d'aller compléter ses études en Europe, comme elle se l'était fait proposer lors de son voyage. «
Amy, t'es encore dans la lune ! » Son cousin claqua des doigts devant le visage de la jeune femme, la faisant ainsi sursauter.« Pardonne-moi, tu disais ? » dit-elle, les yeux toujours dans le vide. Elle avait le vague à l'âme depuis quelque temps. Voilà maintenant 5 ans qu'elle était en Europe. 5 ans sans nouvelles de Maxwell. Ou plutôt, elle avait eu des nouvelles. Elle les avaient revu, lui et Isis, une fois ou deux et avait également tenté de garder contact avec Isis, mais ça avait été difficile. Mais elle n'avait pas chercher à contacter Max plus qu'il ne le fallait... Parce que si c'était si compliqué, peut-être ne voulait-il pas entendre parler d'elle à présent ? Ça lui avait traversé l'esprit la nuit précédente. Parfois, quand on a besoin de tourner la page, il faut tout effacer pour pouvoir avance. Et avec le temps, elle avait réussi à oublier Max, elle avait un copain en Europe, Nathan. Et elle l'aimait. Mais Max s'était pointé dans ses rêves et elle n'avait réussi à ce le sortir de la tête depuis qu'elle s'était levée. «
Je sais que t'es crevée, mais je pensais aller courir avant le souper. Ma mère à inviter de la famille, Megan y sera ! Je crois qu'elle a dit à Nathan de venir aussi... » Amy hocha la tête. Megan était une fille sympa, la copine de son cousin. Elles s'entendaient bien toutes les deux. La soirée allait sans doute être des plus intéressante. «
Je sais qu'avec tes stages demain, c'est peut-être pas l'idéal comme soirée, mais... » Amy se leva d'un bon et sourit à son cousin. «
Non t'en fait pas, ça va être une soirée super ! Et puis je crois qu'une bonne course avant nous fera du bien à tous les deux ! » Peut-être ainsi allait-elle réussir à oublier ce visage qui s'imposait encore et toujours à elle.
(***)
Le froid. Elle tremblait. Sa tête lui faisait mal. Elle ne comprenait pas. Lentement, douloureusement, elle se redressa pour regarder autour d'elle. Elle ne reconnaissait rien. Et le froid qui mordait ne l'aidait pas non plus à comprendre. Amethyste connaissait l'existence du surnaturel, elle savait qu'il y en avait quelque part dans sa famille, mais n'avait jamais poussé son exploration plus loin. Comme si, pour une seule fois dans sa vie, l'idée d'en savoir plus l'effrayait. Le pouvoir de la curiosité avait apparemment des limites. Seulement, à l'instant, elle regrettait de ne pas avoir cherché à en savoir plus. Amy regarda autour d'elle, sans rien comprendre. «
Tu t'es fait prendre toi aussi ? » Amy sursauta. Elle se retourna, mais le mouvement lui donna le tournis. «
Relaxe ! repris doucement l'homme qu'elle distinguait à présent.
Je ne te ferai pas de mal. Mais je n'en dis pas autant des autres... » Amy secoua la tête pour tenter de se remettre les idées en place. Mais elle n'y comprenait rien. Elle savait qu'elle avait quitté l'Europe quelques semaines plus tôt, alors que Nathan, avec qui elle s'était fiancée, l'avait trompée. Brisée par l'amour qu'elle avait cru ressentir pour lui alors que c'était du faux, elle avait repris l'avion et avait décider de revenir en Californie pour se retrouver. Mais après ? Un road trip avec des amis, ils avaient été marcher en forêt et puis, plus rien. «
Où suis-je ? » demanda-t-elle finalement. L'homme face à elle détourna le regard et Amy senti la peur lui tordre l'estomac. Elle craignait la réponse, mais savait qu'elle devait savoir, c'était mieux pour elle. puis les mots tombèrent comme une pierre sur ses épaules, sans qu'elle n'en prenne toute l'ampleur. «
Chez le collectionneur... »
(***)
Beacon Hills. La ville s'étendait sous ses yeux alors qu'elle se trouvait au-dessus d'une petite falaise. Elle s'était retrouvée là après avoir décidé d'aller courir dans les bois. Amethyste craignait encore l'obscurité de la forêt, son passage chez le collectionneur n'était pas des plus agréable et reposants, mais elle tente de garder la face et de faire fit de sa peur. Ainsi, elle sort souvent courir dans les boisés, de jour bien entendu. Elle tente de ne pas repenser au collectionneur, mais il va s'en dire que certaines images hantent toujours ses nuits, lui faisant faire des cauchemars et parfois même l'empêchant de dormir. Elle a toujours été un peu peureuse au fond d'elle-même, la Amy, mais elle a toujours su passer par-dessus et renier ses craintes. Elle avait également découvert lors de sa captivité qu'elle était beaucoup plus liée au surnaturel qu'elle ne l'avait d'abord cru. Elle ne le savait pas avant, mais le pouvoir coulait dans ses veines, pas un immense pouvoir, mais un quand même. Ainsi, elle avait pris la décision de rester à Beacon Hills le temps d'éclairer le tout. Et puis, quelque chose la poussait à vouloir rester, une attraction étrange qu'elle ne s'expliquait pas encore, mais également un pressentiment qui lui serrait le cœur. Amy poussa un soupir. «
C'est reparti ! » dit-elle pour elle-même avant de remettre ses écouteurs et de repartir vers sa ville d'accueil.