"Eli...jiah...James...Do...no...van ! On signe...et voilà !" Toute fière, la femme posa avec emphase le stylo faussement ornementé de l'état-major américain à Tel-Aviv. Il avait beau être né en Israël, il n'en demeurait pas moins citoyen de L’État Américain, et sa mère tenait à ce qu'il soit reconnu comme tel. Simple formalité ou fierté cachée ? Elijiah ne saurait vraiment jamais, à l'époque de sa mère il était vraiment trop jeune pour se rendre compte, et après...il s'en ficherait royalement, nous l'expliquerons par la suite. Enfant, tout le monde rêve du dernier Spiderman ou d'un très beau vélo rouge avec des autocollants dessus pour aller plus vite que le vent. Ce n'était pas le cas de Elijiah. Non, que tout le monde soit rassuré, Elijiah n'était pas au dessus de tout cela. En fait, il rêvait de rêver à un vélo rouge, à Spiderman ou à toute autre préoccupation d'un enfant de cinq ans, mais cela ne lui était pas permis. A la place il arpentait les rues. Non, pas seulement le désir de liberté mais surtout le désir de survie. La manche. On lui faisait faire la manche. On ? Sa mère notamment; Elijiah ne comprenait pas vraiment comment cela avait pu tourner ainsi. De la fierté, à la misère... C'était un enfant vif, plein d'esprit et d'intelligence, il avait réponse à tout mais il y avait certaines choses sur lesquelles il restait pantois. Sur le cas de sa mère par exemple. Il ne comprenait pas pourquoi, quand elle était triste et qu'elle était en proie à ses crises elles aussi incompréhensibles elle lui fondait dessus et il ressortait avec les bras pleins de bleus. Elijiah ne comprenait pas ce qui lui valait cela. Avait-il fait quelque chose de mal ? Etait-il un mauvais enfant ? Pourtant, ses séances de manche étaient rentables et il ramenait assez à la maison. Assez, était-ce vraiment assez ? Si il a réussi à survivre alors c'était que oui. Seulement, si matériellement, Elijiah se pensait satisfait -ne connaissant rien d'autre- au niveau sentimental, un trou béant gisait dans sa poitrine. Et se trou devint cratère à l'arrivée de sa petite sœur. Il aimait ce joli bébé au teint halé, au soupçon de cheveux bruns et épais, au petit sourire si gentil. Mais sa place à lui, sa situation s'aggravait. Sa mère était de plus en plus souvent en proie à des crises tout à fait odieuses et lui, il s'en tirait chanceux si jamais il n'avait que des bleus. Et c'est pourtant le cœur déchiré qu'il fut enlevé à sa mère ainsi qu'à sa petite sœur, l'année de ses sept ans. Un enfant n'est pas rationnel, aussi mature soit il.



"Donovan tu t'en vas !" lança la tenancière de l'orphelina à travers les étages. Un homme, au même nom de famille qu'Elijiah s'était présenté à l'orphelinat, venant l'adopter. C'était surtout comme cela qu'on le lui avait expliqé. Et c'était aussi comme cela que cela s'était passé. Elijiah fut tout de même surpris d'être adopté par son père biologique, cependant c'était comme cela que cela devait se passer et point à la ligne. Les quatorze années qui suivèrent le détachèrent du reste du monde.  Il apprit à aimer en apparence n et à utiliser en profondeur.  Il savait reconnaître les gens à leur juste valeur. Pas à leur valeur morale non non, presque à leur valeur marchande. Plutôt à reconnaître ce que vaudrait chaque personne, morte, vivante, en captivité, ce qu'elle pourrait rapporter. Il était loin le petit garçon qui rêvait de rêver et qui adulait le bébé qui était sa petite soeur. Sa petite soeur, d'ailleurs, où en était-elle tiens...? Comment était devenu ce joli bébé tout rond ? Elijiah n'en savait rien. Elle avait été adoptée très tôt après leur arrivée à l'orphelinat et il n'avait depuis jamais eu de nouvelles. Il se souvenait de tout qui pouvait provenir d'elle, sa façon de regarder et de sourire et toutes autres futilités dans ce genre. Elijiah, après avoir fait le tour du monde avec son père pour sa formation avait fini de rêver. Maintenant, il voulait du concret, quelque chose de palpable. Il était fini le temps où il rêvait de rêver. Sa formation l'avait transformé, c'était maintenant un homme calculateur, violent, fourbe et mesquin sous sa couverture séduisante et franche. Son sourire angélique cachait des envies carnassières et des pulsions meurtrières envers le surnaturel. Il était devenu chasseur. Il ne devait plus subsister de créatures surnaturelles sur terre. Ce n'était qu'une abomination, un élément contre nature qu'il se devait de voir éradiqué. A cette haine du surnaturel, une violence et une force déguisée il mêle une intelligence fine et aiguisée lui permettant de tromper le monde qui l'entoure.



Les feuilles et les morceaux de bois craquent. Elijiah court entre les troncs d'arbres, un fusil dans le dos. Il a repéré quelque chose. ou plutôt quelqu'un. Un loup ? Un coyote ? Autre chose... Elijiah est cependant persuadé que cet être humain n'est ni un animal, ni un être humain. Mais un affreux mélange des deux. Il court, il doit la rattraper. Soudain, il tourne violemment sur sa droite, il allait la prendre à revers. La rivière qui se trouvait quelques dizaines de mètres devant lui forcerait la bête à la longer en la remontant. En effet, plus bas, c'était à découvert. En remontant la rivière, Elijiah finit par s'approcher d'un début de zone industrielle. Les bêtes sauvages ont parfois l'habitude de traîner dans ces zones-là. Surtout les créatures surnaturelles. Dans un renfoncement, entre deux bâtiments, Elijiah s'y glisse. Il attend. La nuit est sombre et pleine de terreur. Un créature finirait bien par s'aventurer là dedans. Elijiah regarde autour de lui. Des conteneurs rouges rouillés au fond, des cartons contre les murs. Au sol, de ci de là un foutoir sans nom. Et comme balancé à la va vite, un CD. Elijiah sourit en coin, quel pouvait bien être ce genre de musique pour qu'il soit balancé ainsi. Elijiah se penche et attrape la jaquette. Ce n'est pas de la musique, mais une vidéo. "GRS...2014" au dos, le classement des participantes. Elijiah en lit les noms rapidement et le quatrième retient son attention. "Saleem..." Enfin une piste. Elijiah retrouve sa voiture et part, le pied au plancher, la jaquette du CD toujours collée à sa main. Il avait une chance de retrouver sa soeur. Il avait besoin d'elle. Avec elle, il pourrait ôter ce monde de l'immondice que sont les créatures surnaturelles.



"Bonjour asseyez vous, je me présente, Elijiah Donovan, je serai votre professeur de sciences physiques et chimiques tout au long de cette année... Au programme on aura..." ainsi commença la double vie d'Elijiah. Le jour il était le nouveau professeur de sciences physiques, souriant et aimable, aidant qui en avait besoin, et la nuit, un prédateur. En plus de tout cela, il recherchait activement sa sœur. Il avait besoin d'elle. Il fallait qu'elle soit là pour l'aider à purger les Etats-Unis. Mais n'allez pas croire que les sciences n'étaient qu'une couverture qu'il abandonnerait le plus vite possible. Non, loin de là. Les sciences étaient son péché mignon et instruire et partager son savoir une source de satisfaction.