Une semaine. Cela ne faisait qu'une semaine qu'on avait été sortit de notre emprisonnement. J'avais été kidnappée et je m'étais retrouvée prisonnière pendant six longues semaines. Savez-vous l'effet que ça pouvait faire? Non, si vous n'avez pas eu à subir ça, vous ne pouvez clairement pas savoir. Je ne sortais pratiquement pas depuis qu'on avait été libéré. Isaac avait déjà essayé de me faire sortir du lit mais je n'en avais pas envie. Je ne pensais pas que je serais dans un état pareil mais c'était un effort quasi sur-humain pour moi. Sauf que voila, Stiles n'avait rien trouvé de mieux que de prendre rendez-vous avec moi à travers Isaac. Normal en même temps. Je ne répondais à aucun appel ni aucun sms depuis d'ailleurs. J'avais rapidement compris que si je n'acceptais pas d'aller voir Stiles au Café le Chilled Whisper, on ne me laisserait pas tranquille. Je pris donc sur moi pour me doucher et m'habiller mais surtout, pour réussir à mettre le pied dehors. Je m'étais dépêchée de me rendre sur place. Plus vite j'arriverais sur les lieux, et plus vite je serais entourée de suffisamment de monde pour espérer qu'il ne m'arrive rien en chemin. Et aussi, plus vite j'y serais et plus vite j'en aurais finis, ce qui faisait que plus vite je pourrais être à nouveau à l'abris de la maison de Chris et Isaac.

J'entrai dans le café et repérai très vite Stiles qui semblait avoir déjà commandé. Je m'approchai doucement. Le fait que le café soit plein de ceux qui avaient l'air d'être des habitués n'était pas forcément pour me faire peur mais ce n'était pas forcément pour me rassurer non plus. Oui, je psychotais un peu et ça me rendait moi-même dingue. Je voulais reprendre ma vie en main mais j'étais dans le surnaturel depuis peu et on ne pouvait clairement pas dire que ça m'avait réussit. Au contraire. Je m'installai en face du jeune homme. "Salut..." Une serveuse vint rapidement prendre ma commande. Je choisis un chocolat chaud. J'adorais les chocolats chaud, malgré mon âge. C'était une petite habitude que j'avais gardé de mon enfance. Bien sûr, j'adorais le café et le thé aussi, mais parfois, j'aimais bien boire un chocolat chaud, tout simplement. "Désolée de ne pas avoir répondu à tes sms..." Stiles était mon meilleur ami et on ne pouvait pas dire que je m'étais comportée comme tel. J'avais même été plutôt égoïste pour le coup. "J'ai pas beaucoup de temps alors si on pouvait parler rapidement de ce dont tu voulais parler, ça m'arrangerait." Bien sûr que c'était faux. J'avais tout le temps du monde pour être tout à fait honnête. Un homme passa à côté de la table et me frôla un peu, ce qui eut pour but de me faire sursauter. L'homme s'excusa et traça son chemin. Je soupirai légèrement avant de remettre mes cheveux en arrière puis je reposai mon regard sur Stiles, attendant qu'il entame le véritable sujet de cette entrevue.

Je n'avais guère eu l'envie de venir ici. Mais je savais qu'Isaac n'allait pas me lâcher avant que je ne vienne à ce fichu rendez-vous alors j'avais finis par céder. Plus vite je venais, plus vite je pourrais rentrer et plus vite on me ficherait la paix. Mon lit, ma couette, ils n'attendaient que moi. Je ne saluai pas vraiment Stiles. Pas comme d'habitude. Normalement, j'étais souriante et empathique, je demandais comment il allait, bref, j'étais agréable. Ce jour-là, c'était tout le contraire. Il voulait me voir? Alors qu'il parle, qu'on en finisse une bonne fois pour toutes. « Comment tu vas Stiles? Ohhh je vais bien et toi Callie qu’est-ce qui te rend de mauvaise humeur? » Je soupirai doucement en levant les yeux quelques très courtes secondes. Je n'avais pas l'intention de le blesser, j'avais juste envie de repartir de cet endroit pour retourner me mettre dans mon lit, seul endroit où je me sentais plus ou moins en sécurité. Je ne répondis pas parce que l'homme me fit sursauter et Stiles reprennait déjà la parole. « Callie… Tu sais que tu peux me parler. Tu sais que je peux comprendre. » Peut-être le pouvait-il. Peut-être ne le pouvait-il pas. Quelle importance de toute façon? « Même Malia pourrait probablement t’écouter si tu lui offres de la Pizza » Malia avait été une prisonnière elle-aussi. Sa captivité avait durée autant que la mienne d'ailleurs. Je détournai le regard. Je n'avais pas envie de rire. Je saluais l'essai de Stiles de détendre l'atmosphère mais ça ne marchait. Je gardais inexorablement le silence. « Callie… Un jour, il va falloir que tu en parles. Ne garde pas tout ça en toi… » J'ignorais même que je faisais partie de leur meute. J'ignorais même si je pouvais vraiment en parler à quelqu'un. Et puis, à qui d'abord? Ce n'était pas en parler qui allait faire disparaître ma stupide peur bleue qu'il ne m'arrive à nouveau quelque chose. « Mais que veux-tu que je te dise Stiles? » Il voulait entendre quoi? Que j'avais peur? Super, bein voila, j'étais terrifiée. Et après? Qu'est-ce-que ça ferait? Ce n'était pas ça qui allait changer quelque chose. « Tu veux que je te dise que j'ai peur? Et bien voila, j'ai peur. Content? » J'étais un peu froide et sèche. Mais parler de ça ne m'enchantait pas, au contraire même. Avouer sa vulnérabilité et ses faiblesses, ce n'était jamais simple... « Depuis que je sais pour l'existence des créatures, je ne cesse d'entendre qu'après une transformation, on devient tellement plus fort... Cela fait à peine quelques mois que je suis ce que je suis et regarde où cette soit-disant nouvelle force m'a menée, Stiles... » J'avais la sensation d'être encore plus faible et fragile qu'avant, quand je n'étais qu'une simple humaine... Et ça aussi, en plus de ma peur, ça me rongeait de l'intérieur.

Peut-être que je ne me comportais pas de la meilleure façon qu'il soit avec Stiles. Mais la vérité c'était que j'étais terrifiée. Un mec me frôlait à peine que je sursautais comme si j'allais me faire kidnapper à nouveau. Sérieusement... Alors oui, j'avais déballé à Stiles ce que je ressentais à ce moment-là: j'étais sois-disant plus forte qu'avant et pourtant, je ressentais le contraire. J'avais l'impression d'être encore plus fragile que quand j'étais humaine. Étrange, n'est-ce-pas? Et pourtant, c'était bel et bien ce que je ressentais au fond de moi. Je ne voyais pas où était cette nouvelle force dont on me parlait. J'avais strictement rien pu faire, enfermée dans cette cage sans même savoir si quelqu'un allait venir pour moi. Malia aussi était avec moi, mais elle, elle était sûre qu'on viendrait la récupérer. Ils formaient un groupe. Ils se protégeaient les uns les autres et risquaient leur vie pour les autres. Moi, ça ne faisait pas si longtemps que ça que j'étais arrivée. A part Isaac et Stiles, je ne connaissais pas encore trop les autres. Alors oui, qui me disait que quelqu'un allait venir pour moi. En prime, même s'ils venaient nous chercher, j'ignorais de quoi ils étaient capables et ce qui les attendraient une fois ici. Et s'ils n'y arrivaient simplement pas? J'avais passé mes journées à angoisser à l'idée de ne jamais sortir d'ici ou qu'il arrive un malheur à Isaac ou Stiles. Et enfermée dans cette cage, je ne pouvais rien faire... «  Tu crois vraiment que je ne suis pas terrifié? Que Scott et Isaac n’ont jamais peur de rien? Même Peter sait qu’il vaut mieux avoir peur que de se prendre pour un héros. Tu crois vraiment que Malia – qui je te signale à vécu la même chose que toi – n’a pas constamment l’impression d’être suivie?  Que Lydia ne craint pas d’hurler pour l’un de nous à chaque instant de chaque jour? Ont a tous peur Calista – et tu sais quoi ? On est toujours en vie grâce à ça. Je suis désolé de t’annoncer que le collectionneur, c’était ton premier Rodéo – Si tu reste à Beacon Hills, tu n’as pas fini d’avoir peur. » Je détournai le regard. Dis comme ça... Mais Scott était un True Alpha, d'après ce que j'avais compris, et ils formaient tous une meute près à tout pour sauver les autres. Même si bien sûr, vu sous cet angle, ça me laissait à réfléchir. «  Avant que tu arrives à Beacon Hills, c’est moi qui étais entre les mains du collectionneur. Moi qui étais dans la cage. J’ai dû affronter un Wendigo. Moi. Moi qui n’a pas de pouvoir de guérison ni de force surhumaine. Je la revois chaque fois que je ferme les yeux. Elle est morte aujourd’hui. Et moi je suis terrifié. » Encore une fois, il n'avait pas tort. Mais ça n'était pas comme ça que j'allais me sentir plus forte. Il déposa de l'argent sur la table. « Mais Lahey avait tort. Je ne peux pas comprendre comment tu te sens. » Il s'était levé. Il avait raison...

Au fond de moi, je le savais très bien qu'il avait raison. Ils avaient tous peur... Mais eux savaient de quoi ils étaient capables. Je pris sa main. Je ne voulais pas qu'il parte. Il était peut-être temps que j'essaie de parler à quelqu'un finalement. « Restes... » J'avais un peu les larmes aux yeux parce que je crois qu'il m'avait un peu ouvert les yeux justement. « Tu as raison... Vous avez tous peur... Le truc... C'est que j'ai passé mon temps à... A me demander si quelqu'un allait venir... Si j'allais sortir... Et... J'étais frustrée parce que soi-disant j'étais plus forte et pourtant... J'arrivais pas à sortir de là... Je me suis sentie impuissante, juste capable d'attendre... » Je lâchai sa main. C'était assez difficile de me confier à lui. Je ne pouvais pas dire à Isaac que j'avais finis par me demander si lui-même allait venir me sauver de cet enfer. J'avais confiance en Isaac, mais c'était pas forcément la joie entre nous et peut-être qu'il n'avait pas les capacités de venir me sortir de là. Peut-être qu'il avait d'autres problèmes à gérer ou peut-être même qu'il avait essayé mais n'y était pas arrivé, ou pire. Je m'étais fait tout les scénarios possibles et imaginables dans ma tête pendant tout ce temps de captivité... On pouvait clairement dire que je m'étais fait des films... Et c'était sûrement ça le pire. Mais pas seulement. C'était ça et le fait de ne pas savoir ce qu'on va devenir... « Devenir ce que je suis a déjà été dur pour moi... Je vis tous les jours avec ce que j'ai fais à ces gens durant cette première pleine lune... Puis y a eu le collectionneur et... Je sais pas... J'étais loin d'être prête à affronter un truc comme ça... Je veux dire... Vous avez déjà vécu des trucs surnaturels, moi c'était le premier et je crois que... Je m'étais pas attendue à ça... » En même temps, qui aurait pu s'attendre à un collectionneur, franchement? Et si on s'attendait à quelque chose, ce ne serait pas pareil. Je soupirai doucement. « Parles moi de ta rencontre avec le Wendigo... Comment tu t'en es sortis...? » Parce que oui, pour le coup, je l'admirais de s'en être sortis comme ça. Je levai des yeux hésitants vers lui. En parler lui ferait peut-être du bien et puis, on avait sans doute déjà bien assez parlé de moi...

Peut-être que Stiles y était allé un peu fort mais ça avait eu l'effet d'un déclencheur pour moi. Il m'avait peut-être poussée, blessée, mais ça m'avait ouvert les yeux par la même occasion. Il avait parfaitement raison. J'avais donc expliqué au jeune homme ce que j'avais ressentis, cette angoisse constante que peut-être personne ne viendrait pour moi. Tout était tendu avec Isaac et les autres de leur meute, je ne les connaissais presque pas. Stiles je le connaissais plus que les autres mais quand on tournait en rond dans une pièce, tous les jours, on en venait à se demander si nos relations étaient réelles, si on comptait pour les gens autant qu'ils comptaient pour elle. C'était à devenir dingue et des questions idiotes, de la paranoïa arrivait dans notre esprit. Il revint s'installer en face de moi, prit ma main et m'adressa un sourire. « S’il avait fallu que je te porte avec Malia pour sortir de cet enfer, je l’aurais fait. Ne crois jamais qu’on ne viendra pas pour toi. Ça, je te l’interdit. » Je souris doucement en le regardant, retenant mes larmes. « C'est juste que... A force de tourner en rond, on devient fou... Et parano... » J'haussai légèrement les épaules avant de reprendre la parole. « Je venais d'arriver, je faisais pas partis de votre meute, j'avais rien à part Isaac et toi. Mais à force, j'ai finis par me demander si j'allais pas pourrir dans cette prison... J'étais clairement pas préparée à affronter ça... » Enfin, je suppose qu'on ne l'était jamais vraiment mais c'était la première fois que j'étais confrontée au surnaturel et je ne m'étais pas attendue à ça du tout, c'était certain. Mais les autres savaient qu'on viendrait pour eux, comme ils le faisaient à chaque fois que quelque chose du genre leur arrivait. Moi je n'étais plus sûre de rien à force. « En tout cas... Je suis bien contente que vous n'ayez pas lâcher prise et que vous nous ayez sortis de là... » Je me souvenais parfaitement de la façon dont Isaac était venu me prendre dans ses bras et à quel point je m'étais soulagée de le voir venir comme ça et de sentir ses bras protecteurs se poser autour de moi. Je m'en étais voulu d'avoir douté. Mais dans une situation comme celle-là, c'était pas évident de garder le moral, vous vous en doutez bien.

Finalement, je demandai à Stiles de me raconter pour le Wendigo. « Parrish et moi, on avait épuisé toutes nos forces à chercher une sortie. J’avais passé une après-midi entière à frapper un mur de béton, j’étais désespéré. Je savais que mon père faisait probablement tout pour me retrouver, mais je ne voulais pas qu’il s’implique dans cette histoire. Le collectionneur était un véritable cinglé et je ne voulais pas faire de mon père l’une de ses victimes. Tout ce que Parrish et moi on voulait, c’était de sortir Lydia de ce trou à rat. Enfin bref, un soir, ils sont venus me chercher et j’ai compris qu’ils n’avaient pas besoin d’un humain dans les prisonniers.  J’avais promis à Lydia que tout allait bien aller. Que tout était Okay. J’avais menti. J’allais vers ma mort et personne ne pouvait le nier. Ils m’ont balancé dans la cage et ils m’ont souhaité bonne chance. Normalement, les combats se font à main nue. Mais quelqu’un m’a lancé un tuyau de plomb et même si tout chez moi refusait de frapper le monstre qui était devant moi, je tenais le tuyau si fort dans mes mains que j’en ai eu des marques plusieurs jours par la suite… Le collectionneur nous ordonna de combattre et la jeune wendigo, contrôler par les Nixes n’avait pas hésité à foncer sur moi. Si Derek et Scott étaient arrivés quelques minutes plus tôt, je n’aurais pas décidé de me défendre et elle serait toujours vivante aujourd’hui. » Je l'avais écouté, sans jamais l'interrompre. Je posai mes mains sur les siennes pour le rassurer. J'ignorais encore beaucoup de choses visiblement. Je ne savais même pas quoi répondre à tout ça. Il devait s'en vouloir d'avoir tuée cette wendigo. Mais il n'y était pou rien. C'était elle ou lui. Tout le monde fait en sorte de sauver sa peau, malgré les conséquences. On aurait sûrement tous fait la même chose dans son cas, même si certains auront le culot de vous dire le contraire. Personne ne laisserait une créature ou même un autre humain le tuer sans essayer de se défendre et de sauver sa peau. C'était instinctif. Cependant, même si c'était de la légitime défense, ça ne rendait pas les choses plus simples et ça n'était pas pour autant plus facile de vivre avec cette mort sur la conscience... Je savais ce que ça faisait de vivre avec des morts sur la conscience... Des innocents... Cette fille avait été contrôlée par un malade, elle n'avait sans doute rien demandé à personne. Tout comme ceux que j'avais assassiné lors de ma première pleine lune. Des innocents... A cause de mon instinct animal que je ne savais pas contrôler. Et Stiles, c'était par instinct de survie.

« J’ai eu un plâtre pendant quelques semaines, car elle m’a cassé le bras. Mais on doit apprendre à vivre avec ce genre de situation. On n’a pas le choix… Le soir de ton enlèvement, j’étais avec Lydia et les autres à la maison hantée et l’un des chasseurs de primes qui voulaient Lydia m’a appuyé son pistolet contre ma tempe, me disant que je n’étais pas utile et qu’il pouvait me tuer quand il le désirait… » Je soupirai doucement en laissant mes mains posées sur les siennes. « Tu n'étais peut-être pas utile pour eux, mais crois-moi, je sais à quel point tu as une importance dans la meute, même si tu es un humain. » Stiles, c'était celui qui faisait les connections la plupart du temps, qui avait des pistes etc... Il était clairement important et il avait obligatoirement une place dans la meute. Il était humain et il était toujours là pour ses amis. C'est aussi ça qui fait la force d'une meute: les liens entre les membres. « Tu fais toujours des cauchemars, pas vrai? » Je savais ce qu'il ressentait. Les situations étaient différentes mais les cauchemars étaient là, que ce soit pour lui ou pour moi. « Comment tu fais? Pour pas partir en courant après tout ce que t'as déjà vécu? » Il vivait ça depuis longtemps maintenant - et il pouvait d'ailleurs s'estimer heureux d'être encore en vie si vous voulez mon avis - et je me demandais comment il faisait pour rester là, pour continuer, alors qu'il savait à quel point ça pouvait être dangereux pour lui comme pour les autres, pour ceux qu'il aimait.

Spoiler:

Je savais que Stiles était important au sein de la meute. Peut-être qu'il n'était pas les muscles, la créature surnaturelle la plus puissante ou même une créature surnaturelle tout court, mais il était le cerveau. Bien sûr, ils réfléchissaient tous ensemble. Mais Stiles avait beau préféré l'humour parfois à la réalité des horreurs, il n'en était pas moins l'un des plus intelligents. Ils l'étaient tous, bien sûr. Je n'insinuais pas que les autres étaient nuls ou quoi que ce soit. Cependant, Stiles n'avait pas besoin de muscles pour faire partie intégrante de la meute et leur être utile grâce à son sens de la logique. On était tous capable de plus ou moins de logique dans la vie, et Stiles avait à mon avis un petit truc en plus qui faisait qu'il avait parfaitement sa place au sein du pack. «Oui, je fais toujours des cauchemars – mais ça, ce n’est pas nouveau. J’en fais depuis quelques années déjà… Depuis le nogitsune… » Vu son expérience avec le nogitsune, c'était relativement logique qu'il en fasse encore des cauchemars. Le temps avait beau passer, certaines blessures restaient intactes. Je faisais souvent ce même cauchemar où je voyais les gens que j'avais assassinés lors de ma première transformation puis, dans ce même cauchemar, je me voyais captive et impuissante... « C'est assez compréhensible... J'en fais aussi... Très souvent... » Je sentis sa main qui serra un peu plus fort la mienne et je souris doucement.

Il n'avait pas encore répondu à toutes mes interrogations mais j'imaginais qu'il devait peut-être prendre quelques secondes pour y repenser alors je n'ajoutai rien, lui laissant le temps avant de me répondre. « J’en ai aucune idée. » Je sentais qu'il n'avait pas encore terminé sa réponse alors je patientai sans l'interrompre. « J’y ai pensé souvent. Mais je ne peux tout simplement pas abandonner mes amis – ma famille. Ceux que j’aime. Ils n’ont jamais abandonné lorsque j’étais en danger, ils ont tout fait pour sauver ma vie… » C'était tout à fait compréhensible. Moi ça avait été le contraire. J'avais fuis ceux que j'aimais pour ne pas les blesser... Si ils me manquaient? Bien sûr que oui. Mais je savais aussi que c'était sûrement mieux comme ça... Et puis, j'avais retrouvé Isaak, alors ça compensait un peu même si ce n'était pas la même chose que l'amour de la famille. Même si avec le temps, j'avais l'impression d'avoir trouvé un peu une seconde famille ici, d'une certaine façon. « La seule chose qui me ferait prendre la fuite, c’est si je perdais espoir en Scott. » Perdre espoir en son alpha, forcément, ça serait pas la meilleure des choses qui puisse arriver. «Ou alors, si Scott arrête de me faire confiance» Se pouvait-il un jour que Scott arrête de faire confiance à Stiles? Peut-être. Après tout, la confiance de quelqu'un pouvait être si rapidement perdue, en l'espace de quelques secondes à peine, ce qui contrastait avec tout le temps qu'il fallait pour gagner la confiance de quelqu'un. Ou la regagner après l'avoir perdue d'ailleurs. « Je suis désolée de t'avoir... un peu agressé... Après tout, on est dans la même galère toi et moi... » Je ne parlais jamais de ma famille, du manque, de ce que j'ai vécu avant d'arriver ici. Pourtant, ça a été le déclencheur de tout ce que j'avais déjà vécu depuis. J'avais été enlevée une seule fois, j'avais eu peur, j'avais même cru qu'on ne viendrait jamais nous chercher, j'avais eu des regrets aussi dans cette prison et je m'étais sentie totalement impuissante... Tant de choses ressenties avec un seul kidnapping... Qu'est-ce-que ça devait être pour la meute de Scott qui avait vécue déjà bien plus de choses que ça? « Si tu craques pas c'est parce que t'es resortis plus fort de ces épreuves et parce que tu n'es pas seul... » C'était ce que je pensais et ce que je ressentais. Ne disait-on pas après tout que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort et que l'union fait la force? Preuve en est.

Je n'avais pas vécu les mêmes choses que Stiles. Je n'avais eu à supporter qu'un kidnapping, bien que déjà difficile à supporter. Mais le beau brun lui, cela faisait déjà des années qu'ils subissaient les dangers du surnaturel. Je me demandais comment il faisait pour réussir à tenir le coup. Mais en y réfléchissant bien, il devait être brisé de l'intérieur. Tout comme des morceaux s'étaient brisés en moi quand j'avais comprit que j'étais responsable du carnage qui avait eu lieu lors de ma première pleine lune en tant que coyote. « Tu sais, tu as raison… Je ne suis pas seul. » J'hochai légèrement la tête. Il ne pouvait pas le nier de toute façon. Il était loin d'être seul. Il avait son père, Melissa, Scott, toute la meute,... Il reprit la parole et sa phrase me surprit plus que la précédente. « Mais tu n’es pas seule non plus, tu sais… » Je baissai les yeux. Oui, peut-être. Peut-être qu'il avait raison. Déjà, je l'avais lui. J'avais Isaac aussi. Saleem était importante pour moi aussi. « C'est tellement dur tu sais... D'être loin de ma famille... Heureusement que toi, Isaac et Saleem vous êtes là. » C'était vrai. Sans eux, je n'en serais pas là aujourd'hui. « Merci Stiles... D'être là quand j'ai besoin et même quand je ne suis pas la plus sympathique. C'est important de savoir que je peux compter sur toi en toute circonstance. Et... C'est pareil de ton côté. Tu pourras toujours compter sur moi. Pour n'importe quoi. Tu sais ça? » Je souris un peu plus en prenant sa main. J'étais loin d'être guérie mais c'était agréable d'avoir été secouée un peu par un de mes meilleurs amis. Parfois, il fallait se prendre un coup de pieds aux fesses pour que les idées soient remises à leur place dans notre tête. C'était comme ça. Métaphoriquement parlant bien sûr, même si parfois, un véritable coup de pieds serait plus efficace avec certaines personnes. Quoi qu'il en soit, je comprenais ce qu'il avait voulu faire et parler de nos expériences mutuelles m'avait fait du bien. Beaucoup plus de bien que je n'avais pu l'imaginer au départ en venant dans ce café. C'était d'ailleurs bien pour ça que j'avais été aussi agressive envers Stiles, alors qu'il ne l'avait absolument pas mérité. Les choses allaient peut-être finir par rentrer dans l'ordre après tout. Peut-être qu'en laissant le temps au temps, ça finirait par aller mieux... Pour chacun d'entre nous...

Spoiler:

Je savais que j'avais des amis. La preuve en ce jour: Stiles qui avait tout fait pour m'aider alors que je n'avais pas été sympathique avec lui. Isaac qui avait tout fait pour m'aider après qu'ils nous ait retrouvés... Saleem qui était toujours là pour moi. Mais le fait était que malgré tout, quand j'avais été prisonnière, j'avais douté. J'avais douté qu'on viendrait me chercher. Je connaissais à peine Stiles à ce moment-là, tout comme Saleem et entre Isaac et moi, ce n'était pas forcément la joie... Alors oui, au bout d'un moment, oui, j'avais douté. Sans doute à tort mais tout de même. Je n'avais pas pu m'en empêcher. J'étais une étrangère dans cette ville, et même dans ce pays. Je venais d'Europe. Je venais d'arriver depuis peu... Je n'avais rien ni personne à ce moment-là... « Tu vas toujours avoir une famille ici Callie. » Je souris doucement en le laissant serrer ma main. Je commençais à en prendre conscience parce que jusqu'à présent, ils ne m'avaient pas lâchée. Jamais. Même quand j'avais dû me battre contre moi-même, contre la créature qui sommeillait en moi... Stiles, un simple humain, n'était pas partis en courant la première fois qu'on s'était vu malgré qu'il avait vu que je ne savais pas contrôler mes griffes... Jamais ils n'abandonnaient les autres. J'hochai la tête doucement. « Je crois que je commence à en prendre conscience... » Il valait mieux tard que jamais, pas vrai? Il reprit la parole. « Tu sais, on dit que les Coyotes…Lorsqu’ils trouvent l’amour…c’est pour la vie…. » Je souris tendrement. Alors quoi? Isaac serait-il l'amour de ma vie? Mais peut-être que je n'étais pas le sien par contre... Cela restait encore à vérifier après tout. Mais ce qu'il me disait là, c'était adorable et agréable à entendre. Vraiment. Cela faisait beaucoup de bien. « Et puis, Isaac si tu le veux pour la vie. T’as qu’à lui offrir un foulard. » Je me mis à rire en l'entendant dire ça. « J'aimerais bien ne pas avoir besoin de lui offrir un foulard pour le retenir.. » J'aimais penser qu'un jour, lui et moi, on se dirait peut-être les choses telles qu'on les ressentait... Qu'il n'était pas trop tard pour nous, malgré tout ce qu'il s'était passé. Je l'espérais sincèrement.

C'était vrai, j'espérais bien ne pas avoir besoin de lui offrir un foulard pour qu'Isaac reste près de moi. J'espérais que moi, ma présence et celle que j'étais lui suffirait. C'était peut-être gnian gnian mais qui ne rêvait pas de suffire comme il était à la personne qu'il aimait pour que cette personne aimée reste auprès de lui? « Je suis persuadé que tu n’as besoin que de lui offrir ton cœur pour le garder avec toi Callie. Isaac n’est pas quelqu’un qui va s’ouvrir facilement et il garde généralement ses sentiments pour lui… Parfois, faut le pousser un peu pour qu’il se réveille… » Je souris doucement en hochant la tête. Oh ça, j'en avais parfaitement conscience qu'il n'étais pas facile pour Isaac de s'ouvrir mais j'étais patiente. Et puis, il s'ouvrait déjà à moi, qu'importait le rythme qu'il avait. Tant qu'il était là, ça me convenait, qu'importait qu'il prenne son temps. « Et mon coeur il l'a déjà... » C'était la première fois que je le disais aussi clairement à quelqu'un. Et le dire à voix haute rendait les choses plus réelles encore. Mais c'était la pure vérité. Isaac possédait déjà mon coeur. Depuis bien plus longtemps que ce qu'on pouvait penser puisqu'en vérité, il le possédait depuis Paris, même si personne - moi y compris - ne s'en était rendu compte. « J’ai un cours dans une heure. Je te raccompagne chez toi ? » J'allais répliquer que ça allait, que je n'avais pas besoin qu'il m'accompagne chez moi mais en le voyant se lever comme ça, je compris que je n'avais de toute façon pas vraiment le choix. « J'ai comme l'impression que je n'ai pas vraiment le choix mais je pouvais rentrer seule tu sais? » Je souris cependant en me levant et en remettant ma veste. Je pris mes affaires et me dirigeais avec lui vers la sortie du café. « Merci Stiles... D'être comme tu es, d'être ce super ami et d'être là quand j'ai besoin de toi. » Je déposai un baiser sur sa joue. Il était l'un de mes amis les plus proches et il était là quand j'allais mal, quand j'allais bien aussi, et rien que pour tout ça, pour être lui, je le remerciais.