Je venais à peine d’arriver au boulot lorsque je croisai Jordan Parrish qui quittait pour aller régler un cas de violence en public. Je lui souhaitai bonne chance, salua mon patron et m’installa confortablement à mon bureau. Le shérif avait refusé que je travaille, mais, c’était ça ou j’allais boire toute la journée au Bar de Kurt en compagnie de Peter Hale, j’imagine que le vieux Stilinski avait préféré m’avoir à l’œil puisqu’il m’avait permis de rentrer au travail pour faire de la paperasse – pas le droit de travailler sur le collectionneur et notre fameux dossier noir. J’avais été me préparer un mauvais café, dans la machine digne de l’ère glaciaire qui se trouvait dans la petite cafétéria du poste de police et j’étais retourné à mon bureau.  Les rapports que je devais remplir étaient loin d’être palpitants, une femme qui se plaignait de son voisin, un propriétaire de boutique qui accusait des jeunes de vandalisme et une disparition – une de plus…  Après plus d’une trentaine de minutes à fixer l’écran de mon ordinateur, je levai les yeux et reconnu Parrish qui revenait accompagné d’un jeune homme. Celui-ci me paraissait familier, je savais qu’il n’était pas de la région et je n’arrivais pas à dire d’où je le connaissais.

Il était là, assis tranquillement sur une chaise et moi, je le fixais comme s’il était une bestiole dans un zoo. Cela me prit quelques minutes pour réaliser que je savais effectivement qui il était. Je me levai de ma chaise et en l’instant d’une seconde, j’étais assis à côté de lui.  « …Théo? » Je m’inquiétais soudainement, s’il était vraiment la personne que je pensais,  cela me surprendrait qu’il soit ici pour une visite de plaisance – surtout sans ma fidèle amie. « Tu es ici seul? Où est Léa? ». Je réalisai soudainement qu’il  ne savait probablement pas qui j’étais, même si je me doutais bien que s’il était à Beacon Hill, c’était parce qu’il se passait quelque chose de grave. « Tu ne me reconnais surement pas, je suis Nina, moi et Léa sommes amies de longue date. »

   

JLéa morte ? Comment est-ce que cela pouvait être possible ? Je lui avais parlé au téléphone il y a de cela quelques mois et elle n’avait émis aucun commentaire comme quoi elle était en danger. J’aurais pu l’aider, la protéger, pourquoi est-ce qu’elle ne m’avait pas contacté… Elle avait été comme une sœur pour moi à une époque et maintenant, elle était morte. Mon cœur semblait se briser en mille morceaux. En une semaine, j’avais perdu mon fils et ma meilleure amie. Instinctivement, ma main se posa sur l’épaule de Theo et l’amena vers moi pour le serrer dans mes bras. Ce qu’il vivait était horrible. Je savais qu’il était loup-garou et maintenant, il avait perdu la femme qui l’avait élevé et qui avait tenté de l’aider comme elle le pouvait avec sa lycanthropie. Je chuchotai dans son oreille, pour ne pas avoir l’air d’une cinglée au travail. « Tu sais, mon fils est comme toi. Je sais que ce que tu vis en ce moment est la pire chose que tu aies connue de toute ta vie, mais je vais t’aider. Tout va bien aller. Tu es en sécurité ici. »  Je disais ça, mais je n’étais même pas certaine de le croire. Avec le collectionneur et la disparition de mon fils, je ne voyais pas comment un nouveau loup dans la ville allait aider. Heureusement, James pourrait aider Theo avec sa lycanthropie et moi, je pourrais facilement retrouver les assassins de ma copine grâce à mon emploi. Si je ne pouvais pas investiguer le collectionneur. Alors Stilinski pouvait être certain que j’allais enquêter un meurtre qui avait été commis à des milliers de kilomètres.  

   

Je ne semblais pas capable de faire abstraction de la nouvelle de la mort de mon amie. C'était impossible, nous avions tant appris ensemble sur le surnaturel et sur les meilleure techniques de chasses. Je m'en voulais de ne pas avoir pris de nouvelles d'elle plus souvent, je m'en voulais de ne pas l'avoir visité plus souvent...«Merci beaucoup, N... Nina. J’essaierais de ne pas trop déranger, vu ce que je suis, ça ne va être facile tous les jours, plusieurs fois Léa a eu du mal avec moi.» Je fis signe à Jordan de venir me voir quelques minutes et lui demanda s'il pouvait compléter ma paperasse, de cette manière, je pourrais installer Théo chez moi. « Ne t’en fais pas. Chez moi, tu auras un ancien loup pour t’aider. Mon mari a été loup-garou pratiquement toute sa vie. Jusqu’à ce que nous remédions à la situation il y a quelques années» C'était d'ailleurs un secret que j'avais promis de garder afin de ne pas attirer trop de visiteurs chez la tribu qui avait redonner sa vie "Humaine" à mon époux.

Je récupérai ma veste sur ma chaise et invita Théo à me suivre. Nous n'allions certainement pas rester au poste pendant des heures. Surtout pas dans l'état du jeune homme et surtout pas avec tout ce qui se passait dans ma tête en se moment. J'essayai de voir si Léa m'avait déjà parler d'ennemis ou de quelqu'un qui pourrait lui en vouloir, mais mon esprit était paralysé. Je n'avais accès qu'à des souvenirs flou de la jeune femme.  « Je crois qu’une bonne nuit de sommeil ne te ferais pas de tort » Heureusement, avec Jamie qui faisait de l’insomnie, j’avais fait livrer plusieurs tisanes qui pouvaient endormir même un ours. Je n’avais jamais eu l’occasion de m’en servir sur mon petit cousin, mais Théo en aurait définitivement plus besoin que mon cousin disparu.
   

Je ne voyais vraiment pas comment ça pourrait mal aller, mais encore une fois, je ne voulais pas m’avancer sur la situation. Il y avait un fou en cavale dans la ville et même si je savais que c’était important pour lui d’être au courant, puisqu’il pourrait être une cible principale du collectionneur, je ne voulais pas lui en parler immédiatement. On se connaissait à peine et je préférais qu’il se repose un peu et surtout qu’il vive ce qu’il avait à vivre émotionnellement. Dieu sait que j’allais probablement vider une bouteille de vin avant de me coucher et pleurer toutes les larmes de mon corps le plus silencieusement possible afin que le loup-garou que j’allais héberger et mon mari à la super-ouïe ne m’entendent pas. Même si pour le moment je n’avais pas l’air d’être anéantie, je l’étais. Léa était une excellente amie et si j’avais l’air sans cœur en ce moment, c’était probablement grâce à mon habileté à compartimenter mes émotions. Lorsqu’il me dit qu’il ferait probablement plus une sieste, je cachai un sourire en coin. Si seulement le jeune loup savait que la tisane que je lui ferais boire était un véritable somnifère pour loup-garou, il ne douterait pas de son futur sommeil. « Tu pourras prendre la chambre de mon fils, le temps que je lave les draps de la chambre d’amis ». Je n’étais pas entré dans la chambre de Samuel depuis qu’il avait été kidnappé et le simple fait d’avoir mentionné cette pièce me brisa une fois de plus le cœur. Une fois dans le stationnement du poste, je déverrouillai les portes de ma petite voiture et regarda le sac de Théo. «C’est tout ce que tu as ? » Mon instinct de maman prit le dessus. Il avait à peine 10 ans de moins que moi et je ne pouvais pas m’empêcher de penser comme une mère et me fis une note mentale d’aller lui acheter des vêtements propres. Ceux que Samuel ne lui ferait assurément pas. Peut-être ceux de Jamie, mais je me voyais mal aller chez ma tante pour réclamer du linge de son fils alors que celui-ci était « parti en vacances ». Ce qui était le plus gros mensonge de tout l’univers.

«Au fait ... heu ... Je ne suis pas venu seul, j'ai rencontré quelqu'un en route et on est arrivé ensemble, comment dire, faut que j'aille le prévenir que je t'ai trouvé pour pas qu'il s'inquiète. »
Alors Théo était arrivé à Beacon hill accompagné de quelqu’un, mais, il s’était retrouvé au poste de police suite à ce qui pourrait être décrit comme des mauvaises décisions.  Je me demandais bien qui était cette personne qui avait accompagné un jeune de 17 ans lors d’une traversée du pays. Je n’allais certainement pas lui permettre de retourner voir cette personne avant de l’avoir rencontré et surtout, avant d’avoir demandé à Parrish de se renseigner.  Je pris le sac de Théo et lorsque je m’apprêtais à le déposer sur la banquette arrière de la voiture lorsque j’entendu quelqu’un parler au jeune homme. Je fermai la porte, regardant toujours vers l’intérieur de la voiture et aperçu dans la réflexion de la fenêtre que le jeune homme avait discrètement embrassée Théo. Je me retournai et fis comme si je n’avais rien remarqué. « Et j’imagine que cette personne est ce jeune homme ? » Je souris à cet inconnu et croisa mes bras en l’observant, il n’avait pas l’air bien méchant, mais avec le collectionneur, je devais remettre en doute tout le monde. Surtout considérant les circonstances qui avaient mené Théo à moi et surtout après avoir aperçu ce que je venais tout juste de voir. En tant que chasseuse de primes, j’avais souvent joué avec mes victimes avant de les tuer, technique que je n’utilisais bien entendu plus aujourd’hui, mais pour le fils de Léa, j’étais prête à ressortir mes outils de tortures pour découvrir les véritables intentions du jeune homme. Il se pouvait qu’il soit le plus honnête du monde et tombé sous le charme de Théo, mais dans ce monde, personne n’était ce qu’il paraissait. Était-il un simple humain? Si oui, comment Théo lui avait caché sa véritable nature? Si non, était-il un loup ou autre chose? Mais la question qui me brûlait les lèvres était ; est-il dangereux ?

J’en avais marre d’être dans mes vêtements de travail et j’avais envie de me verser un bon verre de vin rouge en relaxant devant un film. Bon, je  devrais peut-être concentrer mes efforts à retrouver mon fils, mais Derek m’avait promis qu’il me donnerait des nouvelles et la honte d’avoir été la raison de l’enlèvement de mon fils me donnait envie de noyer la douleur émotionnelle – la seule et unique que je pouvais ressentir, dans l’alcool. Voulant être le plus rapidement possible à la maison, j’invitai les deux jeunes hommes à entrer dans la voiture. « Si cela ne vous dérange pas, on pourrait en discuter chez moi. » Je devais décider de ce qui allait se passer. J’avais perdu un fils et considérant que Léa était comme une sœur, je me devais d’héberger Théo puisque c’était la chose à faire. Mais pour ce jeune inconnu, j’ignorais totalement comment réagir, et surtout, j’ignorais comment mon mari allait réagir.

   

«[color=#000066]On pouvait bien voir qu’un truc clochait entre ces deux-là, un peu comme s’ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde. C’est vrai que je m’étais marié un peu plus jeune qu’eux, mais je n’étais pas si vieux jeu que ça. Je savais très bien qu’ami pour l’un aurait été autre chose pour l’autre. Je n’allais pas m’en mêler, les histoires de cœurs, je n’aime pas trop intervenir. La dernière fois, l’une de mes collègues est rentrée chez moi en pleurant parce que je lui avais organisé un « blinddate » avec un vrai idiot du nom de Bobby Finstock.
J’entrai dans ma voiture et on prit la direction de la maison. Tout se déballait dans ma tête, et si mon époux trouvait l’idée d’héberger le jeune fils adoptif de Léa et s’il me disait de les laisser se débrouiller ? Je sais qu’il en avait marre de ce collectionneur, mais de là à mettre des jeunes dans la rue, j’espérais qu’il avait plus de sens que ça… « Vous avez faim ?! ». Ma montre venait tout juste de vibrer pour me signaler qu’il était probablement le temps de manger – chose totalement inutile puisque j’avais bien entendu pris l’habitude de manger à la même heure chaque jour, histoire de ne pas mourir de faim sans m’en rendre compte. « Vous avez des allergies particulières à un truc? » J’essayais d’agir le plus normalement possible, mais c’était une situation qui n’avait rien de normal et honnêtement, je ne savais pas quoi faire.