C ela faisait déjà un petit moment que la clinique de Deaton était fermée et pourtant, la lumière y brillait toujours. Après la fermeture, Deaton avait profité d’un moment de calme pour s’attarder, poursuivant l’instruction de Violet. Outre les discussions de druides, de plantes et tout ce qui avait attrait à leur rôle dans le monde surnaturel, ils avaient bien entendu parlé de la situation en ville. De ce Cade qui voulait imposer sa loi. De la recrudescence de chasseurs, notamment des Steels, qui s’étaient installés il y a quelques mois – pour la plus grande joie de Violet. Le temps s’était écoulé, les heures avaient passé et Deaton avait fini par partir, laissant Violet à ses occupations pour aller retrouver le confort de son lit. Même Kit, son chien, avait abandonné la partie et était allé se rouler en boule dans un coin de la clinique pour piquer un somme. Violet n’avait jamais connu un chien aussi peu inquiet de se trouver dans une clinique vétérinaire, d’ailleurs…

Depuis combien de temps il était parti ? Violet l’ignorait. Elle n’avait pas jeté un œil à l’horloge depuis un moment, plongée dans ses recherches, ses plantes et ses recettes. Le sujet de ses études ? La création d’un antidote. Cela faisait des mois qu’elle planchait sur le sujet sans toutefois parvenir à y trouver une solution. Ces foutus Steels étaient décidément très créatifs lorsqu’il s’agissait de la création de leurs poisons. Leur réputation était méritée et elle était bien placée pour le savoir.

Mais Violet était déterminée. Alors elle essayait, se décourageait momentanément à chaque échec, se remotivait et tentait à nouveau, essayant de nouvelles combinaisons pour contrer celles concoctées par ces fichus chasseurs. N’ayant plus le moindre échantillon, elle devait à présent se contenter de ses notes, ce qui ne lui facilitait pas non plus la tâche. Si Violet n’était pas particulièrement rancunière, elle avait une dent contre cette famille de fous furieux et n’était donc pas décidée à lâcher le morceau. Un an bientôt qu’ils avaient bouleversé sa vie. Sans leur intervention, sans la mort – le massacre, même – de son loup-garou de petit ami, Violet serait certainement bien tranquillement à Chicago, occupée à plancher non pas sur un antidote mais sur l’examen du barreau, qu’elle avait décidé de ne pas passer cette année.

Perchée sur son tabouret devant l’un des plans de travail de la clinique, Violet soupira et s’y accouda d’un air dépité, tournant distraitement les pages du carnet dans lequel elle prenait des notes depuis des années. Un véritable bordel organisé dans lequel elle n’avait aucun mal à se retrouver. Malheureusement, il ne contenait pas toutes les réponses. Couché dans son coin, Kit se redressa soudainement, attirant l’attention de la druidesse qui se redressa, tendant l’oreille. Son appareil auditif était à cours de batterie et, étant à présent seule et relativement en sécurité dans la clinique de Deaton, elle n’avait pas pris la peine de la changer. Elle tendit donc l’oreille, sa bonne oreille. Rien. Malgré tout, son audition étant loin d’être parfaite, elle glissa la main dans son sac et y attrapa une dague avant de se lever le plus silencieusement possible pour s’avancer vers la porte que Kit fixait en grognant.

A Beacon Hills, Violet en avait assez vu pour savoir qu’il fallait toujours être prudent. Alors elle sortait toujours armée, de cette dague qu’elle tenait actuellement à la main, mais aussi de diverses concoctions à usages variés, qu’elle pouvait sortir de son sac à main en cas de besoin. Dans la clinique de Deaton, cependant, elle savait qu’elle n’avait pas à s’inquiéter outre mesure. Les créatures en tous genres étaient, pour la plupart, maintenues à distance par le sorbier qui avait été utilisé pour construire le bâtiment, ainsi que le comptoir et le portillon menant à la salle d’examen. Si c’était une créature qu’avait repéré Kit, elle devrait normalement être tenue à distance… Mais Violet n’allait pas se contenter de rester assise là bien sagement à attendre qu’elle parte. Peut être s’agissait-il de quelqu’un qui avait besoin de son aide. Peut être s’agissait-il aussi d’un ennemi, auquel cas elle aimait autant savoir qui en avait après elle. Et s’il ‘agissait d’un humain, d’un chasseur… Ou pire, d’un Steel… Eh bien il ne se contenterait de toute façon pas d’attendre bien sagement qu’elle daigne lui ouvrir l’accès au reste de la clinique puisqu’il pourrait très bien s’offrir ce privilège par lui-même.

Dague à la main, elle avança donc à pas prudents vers la porte ouverte de la salle de consultation, Kit continuant de grogner à ses pieds tel un chien de garde de dix kilos tout mouillé. C’est l’intention qui compte, paraît-il. Finalement, Violet passa la porte et eu tout loisir de découvrir qui était venu la déranger dans ses études. Un homme se tenait là. Grand, brun, beau garçon malgré son air peu aimable… Leurs chemins s’étaient déjà croisés à quelques reprises, Violet l’ayant aperçu lorsqu’elle rendait visite à Aedan au Triskellion, mais ils n’avaient jamais vraiment eu l’occasion de discuter. De toute façon en tant que filleule et apprentie de Deaton, il lui aurait été difficile d’ignorer l’identité de l’alpha qui se tenait devant elle. Derek Hale, fils de l’alpha dont Deaton avait lui-même été l’émissaire, il y a des années. Du calme, Kit, ordonna-t-elle, accompagnant ses paroles d’un geste de la main, au shiba inu qui cessa aussitôt de grogner, même s’il demeurait méfiant. Il ne faisait que protéger sa maîtresse, après tout, cela n’avait rien de bien étonnant. Il ne ferait pas le poids face à un alpha, mais Violet préférait se dire que c’était l’intention qui comptait. A défaut d’être un chien de garde impressionnant, il était un peu ses oreilles de secours, percevant à sa place de que ses oreilles défectueuses ne pouvaient entendre. Elle était loin d’être sourde, mais son ouïe n’était la son sens le plus fiable alors on compense comme on peut. Désolée pour le chien de garde. Il a toujours pas compris qu’il faisait pas peur à grand monde, plaisanta-t-elle, faisant distraitement tourner la dague entre ses doigts d’un geste machinal, acquis au terme d’années d’entraînement acharné, imposés par ses parents… Et le bon sens. Violet était druide et traitait avec  plus puissantes les unes que les autres. Il aurait été ridicule de ne pas apprendre à se défendre. Et puis dans le fond, aussi pacifiste soit-elle, elle aimait les arts martiaux.

Derek Hale, c’est ça ? Je suis Violet, la filleule de Deaton, dit-elle en ouvrant le portillon, lui libérant ainsi le passage. Si tu voulais voir Deaton, ça fait un moment qu’il est parti déjà, annonça-t-elle, retournant vers la salle de consultation. Au passage, elle prit soin de déposer sa dague dans son sac. A en croire Deaton, Derek Hale n’était pas une menace. Et Violet faisait confiance au jugement de son parrain.

D erek Hale. Bien sûr, elle en avait entendu parler. Le contraire aurait été impossible d’une part parce que les Hale avaient toujours eu un rôle essentiel parmi les créatures surnaturelles de Beacon Hills, et d’autre part parce que Deaton avait été l’émissaire de Talia Hale, la mère de Derek. Il l’était d’ailleurs encore à l’époque où Violet et ses parents venaient lui rendre visite le temps de quelques vacances en Californie.  Alors évidemment, Violet avait reconnu aussitôt le loup qui se tenait dans l’accueil de la clinique.

Tu sais, que ce soit ton chien ou ton arme, tu ne pourrais pas grand chose contre nous et contre moi en l'occurrence, fit remarquer Derek, planté là les bras croisés à les regarder elle et son rouquin à quatre pattes. Oh Kit n’est pas là pour me protéger, répondit Violet avec un léger rire tout en ouvrant le portillon. il a juste de meilleures oreilles que moi. Pour appuyer son propos, elle glissa une mèche de ses cheveux en arrière, laissant ouvertement apparaître l’appareil qu’elle portait à l’oreille. Elle vivait très bien avec ses soucis d’auditions mais dans une ville comme Beacon Hills, avoir une paire d’oreilles supplémentaires – et un flair bien plus aiguisé que celui d’un simple humain, par la même occasion – pouvait être utile. Bon, en l’occurrence il n’y avait pas de menace, ou en tout cas pas qu’elle sache. L’attitude de Derek ne semblait pas hostile et elle ne voyait de toute façon aucune raison pour qu’il débarque avec de mauvaises intentions à la clinique.

Curieux, Kit vint saluer Derek lorsqu’il s’avança vers la salle de consultation où Violet était en train de travailler. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsque Derek lui annonça que ce n’était pas Deaton qu’il venait voir… Mais elle. Elle l’observa, arquant un sourcil interrogateur, tout en se perchant à nouveau sur le tabouret qu’elle avait quitté quelques minutes plus tôt. Elle n’eut pas à poser de question puisque Derek, qui n’avait à sa connaissance pas la réputation d’être bavard, se lança dans un véritable monologue. Il lui expliqua ainsi que Deaton lui avait parlé d’elle. Elle n’était pas vraiment surprise d’apprendre que Deaton avait vanté ses mérites et qu’il croyait en elle et ses capacités. Il avait toujours cru en elle, au même titre que ses parents, et ce même si elle avait encore des progrès à faire. Ce qui la surprenait d’avantage, c’était la suite.

J’ai une meute, mais je n’ai pas d’émissaire, j’aimerais savoir si tu accepterais de le devenir quand tu en seras prête et je suis prêt de mon côté à t’aider du mieux que je le peux. A ces mots, Violet ouvrit des yeux ronds comme des billes, ne prenant même pas la peine d’essayer de cacher sa surprise. Derek ne lui laissa pas vraiment le temps de se remettre de sa surprise, poursuivant son monologue sous le regard abasourdi de Violet. Celle là, elle devait l’avouer, elle ne l’avait pas vue venir. Derek l’informa que pour lui, la présence d’un druide dans sa meute était importante, d’autant plus avec tout ce qui se tramait en ville. Il précisa, malgré tout, qu’elle ne devait pas se sentir obligée d’accepter sa proposition, lui faisant bien comprendre que le choix lui revenait.

Violet resta silencieuse un moment, encore sous le coup de la surprise, l’observant d’un air visiblement interloqué. Désolée je.. Je l’avais vraiment pas vue venir, celle là, confessa-t-elle, un léger rire dans la voix. Je sais pas quoi te dire. Je suis flattée, vraiment mais… On se connaît à peine et je suis encore loin d’avoir le niveau pour être émissaire… C’était en tout cas ce qu’elle, elle pensait. Malgré les encouragements de Deaton, de Thomas, elle n’avait de cesse de douter d’elle-même. D’un geste distrait, elle retira le crayon qui retenait ses boucles rousses en un chignon, plus pour s’occuper les mains qu’autre chose. Je sais pas si Deaton t’en as parlé… J’étais censée prendre la suite de mon père, auprès d’une meute à Chicago. Je sortais avec le fils de l’alpha. Le futur alpha… Tout en parlant, elle jouait machinalement avec le crayon qu’elle avait ôté de ses cheveux. Je vais t’épargner les détails, mais il est mort. C’est pour ça que je suis venue ici. Et depuis je… J’arrive pas à m’imaginer retourner là-bas. Deaton a dû s’en rendre compte, c’est sûrement pour ça qu’il t’a parlé de moi… pourquoi lui racontait-elle ça ?  Elle l’ignorait. Mais si Derek envisageait de faire d’elle son émissaire, il devait savoir où il mettait les pieds, non ? J’avais jamais imaginé que je pourrais être l’émissaire de quelqu’un d’autre. Ca ne veut pas dire que ta proposition ne m’intéresse pas, hein. C’est juste que… je ne m’y attendais pas. Et c’était un euphémisme.  

V iolet n’avait pas de souci à aborder ses problèmes d’audition. Bien sûr, elle ne s’en vanterait pas auprès d’un quelconque ennemi mais de ce qu’elle en savait, Derek n’en était pas un. Elle se gardait cependant bien de le dire à tout le monde. C’était en effet le genre de chose qui pouvait aisément être utilisée contre elle. Vu la proposition qu’était venue lui faire Derek, cependant, Violet estimait qu’il valait mieux qu’il sache à qui il avait à faire et dans quoi il mettait les pieds en l’approchant elle pour devenir, quand elle serait prête, l’émissaire de sa meute. Ca lui paraissait normal. Il devait savoir à qui il proposait cela, avoir toutes les cartes en main avant de décider, ou non, de poursuivre sur son idée. C’est aussi pour cela qu’elle avait abordé le sujet de Kieran, de sa mort et de combien elle l’avait affectée. Elle était arrivée à Beacon Hill avec un passé, avec le souvenir marquant de la mort de celui qu’elle aimait encore bien frais dans sa mémoire. Elle aurait dû être son émissaire à lui, pas celle de qui que ce soit d’autre, mais la vie en avait décidé autrement. Et encore une fois, Violet voulait que Derek sache à qui il proposait de rejoindre sa meute. Ainsi s’il maintenait sa proposition, ce serait en parfaite connaissance de cause. Il devait connaitre ses faiblesses, ses forces. Sa meute en dépendait.

Quand elle eu terminé son récit, Derek l’informa que Deaton ne lui avait pas mentionné ce qu’il s’était passé à Chicago. Rien d’étonnant à cela, son parrain n’était pas du genre à évoquer sa vie privée pour elle, à décider arbitrairement qui avait le droit de connaître son passé ou non. C’était à elle de décider ce qu’elle voulait révéler, et à qui. Et s’il y avait quelqu’un qui savait garder un secret, c’était bien Alan Deaton. Une bande de chasseurs a débarqué chez nous alors qu’il était seul. Slade Steel avait décidé de donner un cours à ses nouvelles recrues et Kieran a servi de cobaye. C’était… Horrible. Ce psychopathe s’en est donné à cœur joie… Violet marqua une pause, le regard baissé vers le sol, sa main se crispant machinalement sur le crayon qu’elle tenait toujours. Ils ne m’ont pas vue arriver. J’ai appelé la meute et j’ai essayé d’intervenir, de gagner du temps mais seule face à cette bande de cinglés… Elle lui avait tenu tête, à cette saleté de Slade Steel, ce qui était déjà respectable pour une fille de con gabarit, comparé à celui du chasseur. J’ai pas pu le sauver. J’ai rien pu faire… C’est à partir de ce moment que toute sa confiance en elle, en ses connaissances de druidesse s’étaient envolés. Elle avait échoué. Elle n’avait pas pu le sauver. D’un revers de la main, elle balaya une larme rebelle qui lui avait échappé. Un an. Ca faisait un an déjà mais les images étaient toujours aussi fraiches dans son esprit que si c’était arrivé la veille. Depuis j’essaie de trouver un antidote aux poisons qu’ils s’amusent à concocter. Sans grand succès, expliqua-t-elle, désignant d’un geste vague de la main le bazar étalé sur son plan de travail. Après tout ça, elle avait eu bien du mal à se projeter dans une meute autre que celle de Kieran. Toute sa vie, son avenir avait été tracé. Une chance qu’elle se soit si bien entendue avec son futur alpha, qui avait été son meilleur ami bien longtemps avant de devenir son petit ami. Evidemment je peux pas te donner de réponse ce soir. Ca fait… Beaucoup de choses à considérer. Mais je vais y réfléchir, c’est promis. assura-t-elle. Peut être pourrait elle trouver conseil auprès de Deaton, comme l’avait suggéré Derek. Ou en discuter avec Stiles, qui connaissait plutôt bien DereK. Ou même avec Thomas, un point de vue extérieur ne faisait pas de mal, parfois…

V iolet n’était pas quelqu’un de violent. Elle aimait se battre, et n’était pas peu fière de ses capacités en la matière, mais ce n’était pas pour autant qu’elle cautionnait la violence gratuite. Pourtant, le meurtre de Kieran avait fait naître en elle des envies qu’elle aurait bien du mal à énoncer à haute voix, tant elle en avait honte. Elle voulait le voir mort. De sa main ou de celle d’un autre, peu lui importait vraiment. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il cesse de ravager le monde surnaturel comme il le faisait. Qu’il cesse de tuer des innocents, dont la seule faute était d’être né différent. Kieran n’était pas un meurtrier. Slade, lui, tenait du serial-killer. Et elle savait qu’avoir une meute sur laquelle s’appuyer, maintenant qu’ils étaient en ville, était important. Elle lui avait tenu tête, à Chicago. Elle s’était battue, et ça, elle était certaine qu’il ne l’avait pas oublié. Malgré tout, elle craignait que de s’associer à une meute ne trace une cible dans le dos des loups concernés. Elle devait réfléchir. Peser le pour et le contre. Dire au revoir à cet avenir qu’elle avait imaginé aussi, avec sa meute à Chicago. Parce qu’elle n’y retournerait pas, peu importe combien ils étaient importants à ses yeux.

Bien sûr, Derek n’était pas étranger aux violences et à la folie des chasseurs.  Sa famille avait été décimée par les Argent voilà des années. Ta mère était… une légende. Alors évidemment que je suis au courant. Et puis je suis la filleule de Deaton ET l’amie de Stiles, alors... Entre l’ancien émissaire de Talia Hale, et Stiles Stilinski et sa tendance à se mêler de tout, elle en avait entendu parler en long, en large et en travers. J’aurais beaucoup aimé la rencontrer. De ce qu’elle en avait entendu, Talia Hale semblait avoir été une femme fascinante et la perdre d’une manière aussi horrible avait dû être un déchirement pour Derek. La culpabilité n’avait pas dû aider. Ils faisaient la paire, de ce côté-là, à se reprocher des choses qui étaient hors de leur contrôle.

J’ai réussi à isoler certains ingrédients, oui. Mais y en a tellement… Peut être que j’arriverais à ralentir l’effet du poison mais de là à créer un antidote, j’ai encore du boulot… Combien de temps lui faudrait-il pour tous les identifier ? Des mois ? Des semaines ? Des années ? Combien d’autres créatures mourraient aux mains des Steel pendant ce temps là ? C’est ce moment que Derek choisi pour mentionner quelque chose qui était sûr de retenir son attention. Des livres, ayant appartenu à sa mère. Il était prêt à la laisser les consulter. A cette idée, son regard brillait d’excitation. Violet adorait les livres, en règle générale, et elle pourrait apprendre tellement de choses dans ceux de la mère de Derek, elle en était persuadée. T’es sérieux ?! s’exclama-t-elle, un air béat sur le visage. Tu sais que si je me plonge là-dedans, tu vas jamais réussir à me virer de ton appartement, n’est-ce pas ? l’averti-t-elle. Parce qu’une fois partie dans sa lecture, elle n’allait pas décrocher avant d’avoir dévoré tout ce qui lui tomberait sous la main. Elle avait cette soif de savoir en ce qui concernait le surnaturel, elle n’en savait jamais assez. C’était un point positif pour une druide et future émissaire, dans le fond. Plus elle en saurait, mieux ce serait, non ? Je vais réfléchir à tout ça, d’accord ? Je te redirais. Je veux toujours devenir émissaire, c’est juste… J’ai encore un peu de m’imaginer être l’émissaire de quelqu’un d’autre, tu comprends ? Attrapant un morceau de papier, Violet y griffonna rapidement son numéro de téléphone. A défaut d’une réponse définitive, elle pouvait quand même lui proposer ses services. Tiens, si jamais t’as besoin de mes talents, quels qu’ils soient. Elle lui tendit le morceau de papier. Il avait raison, elle devrait aller se coucher. Kit devait approuver aussi, puisqu’il prenait déjà de l’avance et roupillait dans son coin. Mais avant de partir, elle devrait ranger son bazar. Etrangement, cette idée ne la motivait pas vraiment à bouger.

Q ui, dans le monde du surnaturel, n’avait jamais entendu parler des Hale ? De Talia ? Sûrement pas grand monde. Encore moins Violet, puisque son parrain avait été l’émissaire de cette légendaire alpha. Alors assoiffée de savoir comme elle l’était, la simple perspective de pouvoir plonger dans les ouvrages de la mère de Derek faisait naître en elle une excitation inexplicable. Elle se sentait comme une gamine à l’approche d’un voyage à Disneyland. Peut être y trouverait-elle les informations qu’elle cherchait, qui l’aideraient à avancer sur un antidote aux poisons des Steels. Peut être pas. Mais dans tous les cas, c’était une opportunité en or que lui offrait Derek. Et elle aurait été bien incapable de refuser, d’autant qu’il ne semblait pas attendre la moindre contrepartie. Ce n’était pas un chantage déguisé pour la pousser à accepter de devenir son émissaire, ou en tout cas il ne donnait pas cette impression. Et puis c’était une preuve de confiance aussi car quand bien même il ne la connaissait qu’à travers ce que lui avait raconté Deaton, il était prêt à la laisser fouiller dans ce qui devait compter parmi ses possessions les plus précieuses, autant de par le savoir que ces livres contenaient que par leur valeur sentimentale. Bien sûr, les emmener ailleurs que chez toi, ou au Triskellion, me serait même pas venu à l’idée. C’est déjà… génial que tu me laisses les lire. Et si en plus d’assouvir son insatiable soif de savoir, les livres de Talia Hale lui permettaient d’avancer sur l’antidote sur lequel elle travaillait alors… Ce serait la cerise sur le gâteau.

Une fois de plus, Derek lui assura qu’il ne mettait aucune pression sur ses épaules. Des drames il en avait traversé aussi, après tout. Dans le fond, Violet n’était pas étonnée qu’il soit à même de comprendre qu’elle avait besoin de temps pour se détacher de ce futur qui aurait dû être le sien et envisager une autre voie. Cela faisait plus d’un an que Kieran était mort et s’il serait toujours dans son cœur, il était temps qu’elle laisse tout cela derrière elle. Et elle y arriverait. Il fallait juste qu’elle laisse le temps à cette idée de prendre racine dans son esprit. Je n’hésiterai pas à te contacter et toi aussi viens au Triskellion quand tu veux, je te prépare les livres. Mais là… va te reposer c’est important pour être productive. S’il lui laissait le choix concernant son entrée ou non dans sa meute, là, il semblait déterminé à ce qu’elle rentre chez elle et prenne le temps de se reposer un peu. En effet, plutôt que de partir et de la laisser vaquer à ses occupations, il demeurait planté là, les mains dans les poches. Tu vas rester planté là jusqu’à ce que je me décide à rentrer, n’est-ce pas ? demanda-t-elle, arquant un sourcil interrogateur. Très bien. Laisse moi juste le temps de remballer tout ça. Sur ces mots, elle descendit de son tabouret et entreprit de ranger ses affaires dans son sac, et de remettre le matériel qui appartenait à Deaton à sa place. Finalement, elle enfila sa veste et siffla afin de réveiller Kit, qui dormait toujours dans son coin. Tu sais que j’ai pas besoin de garde du corps, n’est-ce pas ? rappela-t-elle à Derek en glissant son sac sur son épaule avant de quitter la pièce, éteignant les lumières derrière elle, Kit sur ses talons. Ouvrant le portillon en sorbier, elle laissa Derek sortir avant de la refermer derrière elle pour finalement quitter la clinique, qu’elle verrouilla d’un tour de clé.